[Suivi Lecture] Mirmont

 
  • Mirmont

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    #231 28 Juin 2018 13:18:47

    Premier livre de Schmitt en effet, mais j'ai beaucoup lu/vu de choses autour de ses travaux par le passé : il fallait que je juge par moi-même, dans le texte. Pour le moment, je n'ai lu que la préface (de Julien Freund, of course...)  qui a le mérite d'être claire, directe et de ne pas esquiver la dimension polémique du personnage. J'en dirai un peu plus quand j'aurai un peu avancé dans ma lecture et si cela me séduit (il y a des chances, la philosophie politique et la science politique m'intéressent depuis toujours) je lirais dans quelques temps Le nomos de la terre (et pourquoi pas sa Théorie de la constitution en effet, mais cet ouvrage m'attire un peu moins).

    Ton message laisse penser que, de ton côté, tu as lu Théorie de la Constitution : qu'en as-tu pensé ? D'où est venu cet intérêt pour Carl Schmitt dans ton cas ?

  • honha

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    #232 28 Juin 2018 17:32:10

    Ce serait mentir que de dire que j'ai lu Théorie de la Constitution. Disons que j'ai lu un certain nombre d'extraits, ce qui n'est pas tout à fait pareil. Mais je "connais" le personnage, je l'ai étudié et j'ai été amené à faire plusieurs recherches sur ce monsieur et son travail. Je me suis penché il y a quelques temps sur une controverse qui s'est développée dans les années 1930 et qui est maintenant dissipée (il y a toujours des débats théoriques) portant sur la question suivante : qui est le gardien de la Constitution ? Pour faire simple, il y avaient principalement deux écoles : celle qui pensait que ce devait être une juridiction (coucou Kelsen), et celle qui pensait que ce devait être une autorité politique (la pensée de Schmitt).

    Dernière modification par honha (28 Juin 2018 17:32:31)

  • Mirmont

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    #233 28 Juin 2018 19:22:08

    Oui, Freund l'évoque dans sa préface en évoquant une discussion qu'il a eu avec Schmitt, dans laquelle ce dernier aurait tenu ce propos :  « La Constitution de Weimar fut belle, presque parfaite juridiquement, mais trop belle pour être encore politique. Elle a évacué la politique au profit d'une constitution idéale, abstraitement idéale. Par la nature des choses une constitution doit être politique. Que faire politiquement d'un texte qui élimine d'emblée la politique, c'est-à-dire le plein exercice du pouvoir ? ».

    Freund interprète cela de cette manière : une constitution qui ne serait que juridique, resterait in fine un simple outil d'arbitrage normatif et se refuserait l'exercice de la puissance. Dans ce cas, elle ne saurait être un instrument politique ce qui est contraire à sa vocation première (j'espère bien interpréter ses propos). Je vais lire cet article, il m'en dira un peu plus sur ce débat entre normativisme & décisionnisme que tu évoques. Tu as fait des études de droit, je présume ?

  • honha

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    #234 29 Juin 2018 17:20:06

    Tu présumes bien mon cher Watson ^^ .
    Je ne connaissais pas cet article ! Je vais le lire avec attention :)
  • kropotkine

    Livraddictien débutant

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    #235 01 Juillet 2018 15:25:58

    J'arrive avec six mois de retard mais comme on dit "mieux vaut tard que jamais".  C'est avec un grand plaisir que je vais suivre tes lectures de façon plus approfondie qu'avec simplement le titre de l'oeuvre et sa quatrième de couverture. Je viens de parcourir rapidement ce qui a déjà été dit sur ton suivi et je suis très curieux de lire la suite, d'autant plus que tes lectures me semblent particulièrement intéressantes.
    Bonne lecture à toutes et à tous !

    Dernière modification par kropotkine (01 Juillet 2018 15:46:58)

  • Mirmont

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    #236 01 Juillet 2018 16:22:20

    Merci kropotkine et ravi de te voir dans les parages ! Tes lectures ne manquent pas non plus d'intérêt, il serait d'ailleurs bienvenu d'avoir accès à un suivi de tes lectures (mais je ne veux pas te forcer la main !).

    En parlant de suivi de lecture, j'évoquerai ici brièvement le premier tome de L'homme sans qualités dont je viens d'achever la lecture. Pas de note et d'impression définitive pour le moment : j'attends de lire second tome (commandé hier) que je sais assez différent pour avoir une approche synoptique de l'oeuvre. Ce premier tome ne m'a guère surpris, il est assez conforme à ce que j'attendais et si j'ai fortement apprécié (guère étonnant : c'est typiquement le type de roman qui est susceptible de m'intéresser et j'ai déjà été séduit par d'autres oeuvres de Musil) je n'ai malgré tout pas pour autant été subjugué (quelques chapitres exceptionnels mis à part, qui sortent du lot par leur mordante ironie et/ou la qualité des réflexions développées et/ou la qualité de la confrontation entre personnages comme l'antépénultième qui met aux prises Ulrich et Arnheim) - il va sans dire que j'attends énormément du second tome dont la lecture va rythmer mon été. Je ne me plains pas : il y a pire été qu'un été passé en compagnie de Robert Musil !

  • Mirmont

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    #237 05 Juillet 2018 16:21:10

    Deux livres lus dernièrement, venant renforcer la cohorte des auteurs allemands explorés depuis mon inscription sur ce site : Le Faust (I) de Goethe et un livre regroupant deux essais de Carl Schmitt (La notion de politique et la théorie du partisan).

    Après le Faust de Marlowe, lu voici quelques semaines, la version de Goethe - dont je connaissais pourtant vaguement les grandes lignes - m'a quelque peu surprise. La différence très nette entre ces deux interprétations, je crois, vient du fait (outre les variations de fond et de style bien compréhensibles du fait des différentes époques de composition) que la version de Marlowe est essentiellement théatrale et cette de Goethe principalement destinée à la lecture. La version de Marlowe est plus brute, tragique, expressive ; celle de Goethe (renforcée ici par la traduction de Nerval) plus lyrique, romantique et littéraire. Si je reconnais des qualités intrinsèques supérieures à celle de Goethe, je dois avouer avoir préféré la lecture celle de l'anglais (et c'est une surprise !). Mais cela n'en reste pas moins une belle expérience de lecture, et j'ai pu enfin voir (je ne voulais pas le faire avant) le film de Murnau qui est un véritable chef-d'oeuvre (bien que légèrement en deça de l'Aurore). Je continuerai sous peu mes explorations faustiennes, avec la version (sans doute très personnelle) d'un auteur qui m'est cher, Pessoa. Les illustrations de Delacroix qui étaient ici disposées en miroir du texte (nous sommes aux éditions Diane de Selliers, il faut bien l'évoquer) ne m'ont (sauf deux ou trois exceptions) guère enthousiasmées, mais elles ont l'avantage d'accompagner fidèlement l'oeuvre.

    En ce qui concerne les essais juridico-philosophico-politiques de Schmitt, ils ont eu le grand mérite de me remémorer une époque (un peu lointaine désormais) dans laquelle je m'abreuvais d'ouvrages de ce style. J'ai suivi avec grand plaisir la pensée de l'allemand, pour lequel l'essence du politique relève in fine d'une polémologie, dont le rôle essentiel est la désignation de l'ami et de l'ennemi. Son approche s'oppose à un normativisme hors-sol, irénique, qui penserait par la force du droit annihiler la guerre et les conflits et qui par son refus de reconnaître les rapports de force et les enjeux réels de la politique ouvre la voie à des nouveaux phénomènes (partisans théorisés systématiquement par Lénine et surtout Mao, situations de guerre totale où l'ennemi est relégué en dehors de humanité). Les arguments sont bons, l'appareil de notes (et son exploitation) est intéressant, les pistes de réflexion sont pour la plupart pertinentes (aujourd'hui encore) mais l'approche m'a paru parfois quelque un peu simpliste, binaire et répétitive ; il faudrait que je lise ses oeuvres plus importantes pour approfondir cette première impression (qui n'a pas été mauvaise, loin de là).

    De bonnes lectures, en somme. Je vais essayer de supporter les chaleurs du mois de juillet ( période toujours un peu pénible pour moi) avec d'autres livres non moins intéressants : continuer une partie des oeuvres complètes de Pascal - dans l'édition ultime mais où les notes diverses représentent 90% de total du texte, ce qui est largement excessif et rend la lecture laborieuse - revenir à Krasznahorkai  (ah, enfin un bon contemporain !) dont le Guerre & Guerre m'avait subjugué et lire une correspondance entre Lévi-Strauss et Jakobson qui (sur le papier) promet (avant de me lancer dans les oeuvres complètes de Lévi-Strauss qui n'attendent que moi bien sagement dans ma bibliothèque ? Peut-être pas immédiatement...).

    Sur ces intéressantes perspectives littéraires, je pars m'aérer quelques jours à la campagne et trouver un cadre encore meilleur pour de belles lectures !

  • honha

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    #238 05 Juillet 2018 17:09:58

    Bonjour Mirmont,

    Je reviens sur ton passage sur Murnau. Je partage pleinement ton avis sur "L'Aurore", que j'ai également beaucoup aimé. Tout comme sa version de "Faust" d'ailleurs, même si tu la places un léger cran en dessous. Puis-je te demander pourquoi ? As-tu déjà eu l'opportunité de voir "Nosferatu" ? Si tel n'est pas le cas, je ne peux que te le conseiller !
    Je ne connaissais pas du tout Krasznahorkai... J'ai fait quelques recherches, j'en sais maintenant un peu plus. Aurais-tu une recommandation pour partir à la découverte de ce Monsieur ? Guerre & Guerre serait une bonne approche ?

    Je te souhaite un très bon séjour à la campagne. Et de belles lectures !
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

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    #239 06 Juillet 2018 13:57:57

    Etant une romantique (au sens XIXe du terme, pas l'actuel qui a perdu toute substance) dans l'âme, j'avoue préférer le Faust de Gœthe à celui de Marlowe. (et j'ai aussi cette édition, que je trouve magnifique … mais là aussi j'ai un faible pour Delacroix). Par contre, de mémoire, elle n'est pas complète et ne comporte le "second" Faust qui mérite un détour si un jour tu as le temps de t'y plonger. Jamais lu celui de Pessoa mais je le note au passage.

    Bon séjour à la campagne et bonne lecture !
  • Augustine Barthelemy

    Apprenti Lecteur

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    #240 08 Juillet 2018 16:58:57

    Bonjour,

    apparemment, tu es désireux de lire le mythe de Faust dans toutes les versions possibles et imaginables. Je te conseille vivement Le Maître et Marguerite de Boulgakov, si tu ne l'as pas encore lu. C'est une de mes lectures récentes, et c'est certainement la plus riche et profonde de ce début d'année (instant pub indécente, j'ai tenté d'en faire une chronique, elle est encore disponible sur mon blog), exception faite de Robert Desnos, qui restera toujours indétrônable ;) (mais je n'ai aucune objectivité en la matière).

    Dernière modification par Augustine Barthelemy (08 Juillet 2018 17:14:29)