[Suivi Lecture] Alhweder

 
  • Alhweder

    Restaurateur de livres

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    #81 20 Juillet 2018 20:56:07

    @Mignoned : Digarez, je n'ai pas pu passer ce soir te filer Feuilles d'automne... Merci pour ton enthousiasme pour le SWAP, j'espère qu'il intéressera des gens maintenant ! Sinon, je vois que tu as partagé l'impression mitigée pour Jardin d'Hiver mais que tu es bien plus enthousiaste que moi pour Rouge Rubis ! Peut-être que tu te procureras la suite avant moi, mais dans ce cas, je veux bien que tu me la fasse lire.

    J'ai fini dans le train Les âmes égarées de James O'Conor (Fiche BBM) qui sort ainsi de ma bibliothèque.
    Avis : J'ai eu du mal à rester concentrée sur ce recueil de nouvelles. Et je n'en retiendrais sans doute que deux (Mort d'un serviteur de l'Etat et Orchard Street, à l'aube) qui sortaient vaguement du lot. Je qualifierais l'ensemble de ces nouvelles de "chroniques de l'ordinaire". Elles sont comme des tableaux, des fenêtres, sur le quotidien, je dirais même le drame quotidien des gens. Ici, ces gens sont irlandais. J'ai aimé cette facette qui permet de vivre l'Irlande d'aujourd'hui par le biais de personnes réelles, loin des contes de fées et des légendes celtiques. C'est une autre approche qui bouscule les clichés. J'ai découvert une Irlande très marquée par l'immigration (passée et présente). Une Irlande grise, finalement assez triste. Et c'est sans doute ce qui pèse dans la lecture de ce roman. Il manque une étincelle, un je-ne-sais-quoi de panache dans l'écriture pour compenser le drame. Sans compter qu'à certains moments, j'ai trouvé qu'il se perdait un peu. Alors l'esprit s'évade pour éviter de s'ennuyer. Je me suis surprise à plusieurs reprises à lire en automate, sans comprendre ou retenir le sens de paragraphes entiers. Je n'ai rien contre une forme de narration contemplative, mais il faut qu'elle soit servie par une plume plus efficace que celle de J. O'Connor dans ce recueil.
    Challenges validés : ABC 2018, 100 romans et Comptes tes pages

    Et donc... j'ai commencé Aucun souvenir assez solide d'Alain Damasio (dans le train également). Tout ça parce que @LivrePoche.fr (Nicolas) avait parlé de la nouvelle Les Hauts Parleurs que l'on trouve dans ce recueil en ces termes : "Une des plus extraordinaires nouvelles que je n'ai jamais lu!  Une merveille! On a de la chance d'être francophone car elle est intraduisible! Dans ces cas là, je crie au génie!" Avouez que ça donne envie !!
    J'ai de la chance, c'est la première nouvelle. Et je dis oui ! C'est un très bon texte. Il m'a ému. Des le premier paragraphe déjà, il y avait ce quelque chose indéfinissable dans l'écriture qui me promettait quelque chose de fort. Damasio maitrise parfaitement la langue et sait en jouer. C'est particulièrement évident dans cette nouvelle. J'ai retrouvé des impressions de ma lecture de La Horde du Contrevent avec Caracole (je crois que c'est comme ça que s'appelle le conteur membre de l'expédition. Je n'ai pas relu ce roman depuis des années). Et le sujet... Forcément, en amoureuse des mots, je ne pouvais qu'être touchée. Déjà dans la quatrième de couverture, il indiquait "Un monde où la totalité du lexique a été privatisé". Et je me disais : même si ce n'est pas de cette nouvelle qu'ils parlent, elle m'intéressera forcément. Or, c'est bien de Les Hauts Parleurs qu'il s'agissait. Et je ne sais pas si c'est la même chose pour vous, ceux.celles qui l'ont déjà lu, mais j'ai ressenti un malaise physique en voyant ce discours où la presque totalité des mots est suivi du caractère de marque représentant la propriété privée. Déjà de base, j'ai du mal avec le principe de propriété privée. Mais là, appliquée à des mot, appliquée à la parole... C'est effroyable. J'ai vraiment été émue par le thème et la poésie du style de Damasio. Merci de m'avoir incité à le lire !
    Maintenant, je suis encore plus frustrée de ne pas avoir pu assister à la lecture publique qui était organisée sur la ZAD de Notre-Dame des Landes où il était sensé lire un texte qu'il avait rédigé, inspiré par la lutte en cours ici. Mais c'était le jour où les expulsions ont commencé et je n'ai pas osé y aller. De toute façon, mon père et mon frère qui ont tenté de se rendre sur zone ce soir-là pour témoigner de comment ça se passait n'ont jamais réussi à s'approcher tellement tout était quadrillé par les forces de l'ordre. Donc je ne suis pas sûre que la lecture ait eu lieu. Il devait y avoir d'autres priorités pour les militants sur place...
    Dans tous les cas, Les Hauts Parleurs est un texte qui appelle à se rebeller, à militer, à refuser la dictature de l'argent. Il ne pouvait que résonner en moi.
    J'ai également lu la deuxième nouvelle mais de toute façon, je ferai un petit avis comme d'habitude quand j'aurai fini le recueil. Je voulais juste vous parler de cette nouvelle puisque c'est de celle-ci qu'il était question. Voilà voilà !

    Dernière modification par Alchweder (20 Juillet 2018 20:56:56)

  • Livrepoche.fr (Nicolas)

    Lecteur professionnel

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    #82 20 Juillet 2018 22:18:23

    Alchweder a écrit

    Et donc... j'ai commencé Aucun souvenir assez solide d'Alain Damasio (dans le train également). Tout ça parce que @LivrePoche.fr (Nicolas) avait parlé de la nouvelle Les Hauts Parleurs que l'on trouve dans ce recueil en ces termes : "Une des plus extraordinaires nouvelles que je n'ai jamais lu!  Une merveille! On a de la chance d'être francophone car elle est intraduisible! Dans ces cas là, je crie au génie!" Avouez que ça donne envie !!
    J'ai de la chance, c'est la première nouvelle. Et je dis oui ! C'est un très bon texte. Il m'a ému. Des le premier paragraphe déjà, il y avait ce quelque chose indéfinissable dans l'écriture qui me promettait quelque chose de fort. Damasio maitrise parfaitement la langue et sait en jouer. C'est particulièrement évident dans cette nouvelle. J'ai retrouvé des impressions de ma lecture de La Horde du Contrevent avec Caracole (je crois que c'est comme ça que s'appelle le conteur membre de l'expédition. Je n'ai pas relu ce roman depuis des années). Et le sujet... Forcément, en amoureuse des mots, je ne pouvais qu'être touchée. Déjà dans la quatrième de couverture, il indiquait "Un monde où la totalité du lexique a été privatisé". Et je me disais : même si ce n'est pas de cette nouvelle qu'ils parlent, elle m'intéressera forcément. Or, c'est bien de Les Hauts Parleurs qu'il s'agissait. Et je ne sais pas si c'est la même chose pour vous, ceux.celles qui l'ont déjà lu, mais j'ai ressenti un malaise physique en voyant ce discours où la presque totalité des mots est suivi du caractère de marque représentant la propriété privée. Déjà de base, j'ai du mal avec le principe de propriété privée. Mais là, appliquée à des mot, appliquée à la parole... C'est effroyable. J'ai vraiment été émue par le thème et la poésie du style de Damasio. Merci de m'avoir incité à le lire !
    Maintenant, je suis encore plus frustrée de ne pas avoir pu assister à la lecture publique qui était organisée sur la ZAD de Notre-Dame des Landes où il était sensé lire un texte qu'il avait rédigé, inspiré par la lutte en cours ici. Mais c'était le jour où les expulsions ont commencé et je n'ai pas osé y aller. De toute façon, mon père et mon frère qui ont tenté de se rendre sur zone ce soir-là pour témoigner de comment ça se passait n'ont jamais réussi à s'approcher tellement tout était quadrillé par les forces de l'ordre. Donc je ne suis pas sûre que la lecture ait eu lieu. Il devait y avoir d'autres priorités pour les militants sur place...
    Dans tous les cas, Les Hauts Parleurs est un texte qui appelle à se rebeller, à militer, à refuser la dictature de l'argent. Il ne pouvait que résonner en moi.
    J'ai également lu la deuxième nouvelle mais de toute façon, je ferai un petit avis comme d'habitude quand j'aurai fini le recueil. Je voulais juste vous parler de cette nouvelle puisque c'est de celle-ci qu'il était question. Voilà voilà ![/justify]


    Tout est parfait et cohérent dans ce texte. Le thème engagé sur une thématique originale et ou le style incarne comme jamais le sujet.
    Je suis content que tu l'aies apprécié! Et effectivement, les nouvelles du recueil sont inégales mais elles vont de parfaites et magistrales à bonnes

  • Alhweder

    Restaurateur de livres

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    #83 20 Juillet 2018 22:46:15

    Livrepoche.fr (Nicolas) a écrit

    Tout est parfait et cohérent dans ce texte. Le thème engagé sur une thématique originale et ou le style incarne comme jamais le sujet.
    Je suis content que tu l'aies apprécié! Et effectivement, les nouvelles du recueil sont inégales mais elles vont de parfaites et magistrales à bonnes


    Si elles sont au minimum "bonnes" je ne m'en fais pas. Je veux bien le croire de toute façon : je dois avouer que j'ai du mal à lâcher le recueil  ^^

  • Voyages

    Commis de lecture

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    #84 20 Juillet 2018 23:35:10

    Maintenant qu'en plus de l'avis de Nicolas, il y a le tien et le dévoilement du très très intéressant thème de la nouvelle... Je mets ce recueil sur ma liste d'ouvrages à emprunter à la bibliothèque un de ces jours.
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

    En ligne

    #85 21 Juillet 2018 09:15:37

    Tu en parles fort bien et donc pas grand-chose à ajouter, si ce n'est que je ne suis pas allée jusqu'au malaise physique.
    De mémoire, je n'ai pas trouvé le recueil si inégal que cela. Simplement certains sujets sont moins engagés que d'autres et donc semblent moins forts alors que la langue est toujours incroyable. J'ai vraiment tout aimé dans ce recueil et chez moi c'est plutôt rare alors je le souligne.
    Bonne lecture :)
  • Alhweder

    Restaurateur de livres

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    #86 21 Juillet 2018 16:27:28

    @LorraineJ : C'est un emprunt que tu ne regretteras pas ! ;)

    @Mypianocanta : Ca m'a vraiment<image> fait frissonner<image> de voir<image> tous ces mots<image> accolés<image> d'une marque<image> de propriété<image>. Je me suis vraiment sentie me rétracter :goutte: (Dommage, je n'arrive pas à intégrer le symbole dans le message. Ca rend moins bien en utilisant une image ^^) Je continue ma lecture du recueil. Je sors d'une nouvelle assez compliquée à appréhender. Mais comme tu dis, la langue est troujours incroyable.Et ça m'impressionne cette capacité d'imagination. Je me demande où ces auteurs vont chercher leur idées. Je suis assez jalouse en fait !

  • Alhweder

    Restaurateur de livres

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    #87 23 Juillet 2018 09:53:11

    Et bien voilà, j'ai fini ce matin Aucun souvenir assez solide d'Alain Damasio (Fiche BBM) que je vous conseille de lire !
    Avis : C'est un recueil dans lequel je reviendrai piocher des lectures car je suis persuadée que chaque texte a plusieurs dimensions que plusieurs lectures permettraient de mieux appréhender. Je ne vais pas donner un avis précis pour chacune d'elle mais tacher de relever celles qui m'ont le plus marquée, en commençant bien sûr par la première, qui est également ma préférée : Les Hauts Parleurs. J'en ai déjà parlé un peu plus haut et je vous invite donc à vous référer au post #82 de ce fil.
    Après cette nouvelle, chaque texte s'enfonce un peu plus dans un imaginaire très particulier à Damasio, très onirique, à la limite de l'abscons. Cela demande une certaine concentration à la lecture mais à chaque fois récompensée par un style impeccablement maîtrisé. Damasio joue génialement avec le langage. Personnellement, cela me déstabilise surtout quand il manipule les conjugaisons, altérant la concordance des temps mais cela participe comme tous ses jeux de mots et sa manière de les déstructurer pour leur donner d'autres sens, à la poésie de sa prose. L'amour de la langue est là. Il lui rend hommage dans El Levir et le Livre où le Livre donne la Vie et dans laquelle je retiens la citation suivante : "Il était est notre avenir à tous. Il était une fois, notre don.".
    Autre thème récurrent : la technologie. Vorace, annihilatrice de l'humain et de son secret, son mystère. Annihilatrice de vie. Avec la symbolique de la Ville qui devient presque un personnage à part entière comme dans C@ptch@ qui se termine toutefois sur une note d'espoir pour l'existence, Damasio questionne l'existence, la vie, l'humain. Il me semble, comme lui, que le secret réside dans la relation à l'Autre. Se pose alors la question de la communication et je relève la citation suivante dans So phare away : "Dans un monde où tout le monde croit devoir s'exprimer,il n'y a plus l'illumination possible." Les outils de communication sont à double tranchant : ils devraient nous aider à nous extérioriser, à aller vers l'autre quand trop souvent ils nous enferment dans une cacophonie vide et autocentrée. Damasio continue ainsi : "Rien ne peut être éclairé dans la luminescence totale. Il faut beaucoup de silence pour entendre une note. Il faut beaucoup de nuit pour qu'un éclair puisse jaillir, pour qu'une couleur neuve soit perçue, soit reçue." Cette nouvelle est une bonne métaphore des réseaux sociaux mais aussi plus généralement de nos différents modes de communication qui font la part belle à l'expression en oubliant sans doute son corollaire nécessaire : l'écoute.
    Je résumerais donc ce recueil en deux axes : des thèmes et une réflexion poussées et passionnantes d'une part, une écriture magistrale d'autre part. A plusieurs reprises, j'ai eu envie de lire des passages à voix haute pour m’imprégner des sonorités et du rythme au delà du sens parfois difficile à appréhender. A lire !
    Challenges validés :  100 romans et Comptes tes pages

    Je me suis un peu étalée non ? x)

    Avancée du Challenge perso : 6/100 (retour à 0 : 1)

    Dernière modification par Alchweder (23 Juillet 2018 09:57:30)

  • Mana_

    Administratrice

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    #88 23 Juillet 2018 10:00:29

    Toute façon, Damasio est une perle dans la littérature française, y'a pas besoin de débattre plus XD
    En vrai, la Horde du Contrevent semble être une claque à tous ceux qui parviennent à dépasser les 50 premières pages. J'ai eu plus de difficultés à lire la Zone du dehors mais ça reste de la bonne SF quand même. Difficile de croire que son recueil de nouvelles est mauvais quand on connaît ce dont il est capable en roman, même si l'exercice d'écriture est différent.
    Maintenant, vous me faites tous regretter de ne plus avoir le recueil sous la main ;)
  • Alhweder

    Restaurateur de livres

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    #89 23 Juillet 2018 10:14:18

    Mana_ a écrit

    Toute façon, Damasio est une perle dans la littérature française, y'a pas besoin de débattre plus XD


    C'est vrai qu'on pourrait peut-être sans tenir là XD

    J'ai peur de relire maintenant La Horde du Contrevent car j'ai peur de l'avoir mis sur un piédestal et je questionne un peu mes goût à l'adolescence :goutte:
    Mais maintenant que j'ai lu Aucun souvenir aussi solide, ça me rassure un peu. Par contre, je lirai d'abords La Zone du Dehors. Mais pas tout de suite pour faire durer le plaisir de découvrir un texte nouveau de Damasio. Dans un ou deux ans peut-être ? Le roman repose bien au chaud dans ma bibliothèque en attendant :P

  • Alhweder

    Restaurateur de livres

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    #90 24 Juillet 2018 08:13:43

    Bonjour Bonjour !

    Hier j'ai lu La maison du clair de Lune de Mary Higgins Clark (Fiche BBM) avec lequel je découvre l'auteure.
    Avis : Mary Higgins Clark est très célèbre dans la littérature du suspense, en particulier pour son titre La nuit du renard, mais je n'avais pas lu de livre d'elle avant aujourd'hui. C'est grâce au challenge "Le temps à l'envers" animé par @Telesia Nlki que je me suis enfin lancée dans un de ses romans. En  effet, ma liste présentait un trou en 1996 et je cherchais en bibliothèque et boîte à livre quelque chose à lire pour cette année. C'est donc par hasard et seulement parce que la première édition de roman fut en 1996 que je me suis mise à le lire x)
    Je dois dire que je suis assez surprise par les commentaires sur LA et par la réputation en générale de Mary Higgins Clark de grande maîtresse du suspense. En effet, dans ce titre en tout cas - il me faudra confirmer avec d'autres romans d'elle - le suspense n'est pas vraiment présent. Dès les premiers chapitres, les suspects se limitent à deux bien qu'elle mette en scène un certain nombre d'histoires parallèles (sensées embrouiller le lecteur ? Ca n'a pas été le cas pour moi.). J'ai eu l'impression que l'auteure me prenait gentiment par la main pour me guider simplement vers le coupable. Ainsi, je n'avais plus de doute finalement assez tôt dans le roman. Cela ne m'a pourtant pas dérangée. L'histoire reste bien racontée, dans un style simple mais fluide. Et j'ai préféré avoir raison en rassemblant correctement les pièces du puzzle que de voir surgir un retournement de situation artificiel sur la fin. En résumé, c'est une lecture facile qui m'a donné un premier aperçu de l'oeuvre de Mary Higgins Clark. Expérience que je renouvellerai sans doute.
    Challenges validés :  Le temps à l'envers, 100 romans et Comptes tes pages

    Avancée du Challenge perso : 7/100 (retour à 0 : 1)

    Dernière modification par Alchweder (24 Juillet 2018 08:54:10)