[Suivi de Lecture] Mange-Nuages

 
  • Azeleen

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    #31 11 Mars 2019 08:05:50

    Salut la Chouette,

    Dans les recueils de nouvelles, je trouve que Léa Silhol s'en sort très bien :pink: Elle a écrit Sacra en deux recueils différents mais qui "se suivent" il y a quelques années et ça a été un coup de cœur monumental =) Par contre, c'est de la fantasy alors faut aimer ^^

    Pour ma part, je suis dans les Récits du Vieux Royaume de Jean-Philippe Jaworski. J'aime beaucoup la plume de l'auteur et justement, il présente son univers avec un recueil de nouvelles. Pour l'instant, je n'ai pas accroché à toute mais il s'en sort aussi plutôt bien =)

    Bonne journée et bonne lecture.

    Des bisous
  • Mange-Nuages

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    #32 21 Mars 2019 01:01:33

    Hello ici,

    Je suis jamais la reine de la ponctualité quand il s'agit de rédiger mon suivi de lecture, mais là je touche des fonds abyssaux.
    Elle m'avait laissé tranquille une bonne partie de l'hiver mais elle est revenue en même temps que les beaux jours, ma dépression est dans la place. Ergo, je n'ai plus goût à rien. Je passe mon temps courbée sur mon PC tel un petit gollum en kigurumi Salamèche, et j'essaie de me concentrer sur la refonte de mon site internet et le traitement de mon travail en retard afin de me donner le moins de temps possible pour penser.
    Donc, forcément, ça m'éloigne de la lecture.

    Pourtant, j'ai terminé deux romans dont je parlais dans mes posts précédents, et je me fais violence pour en parler, en espérant, qui sait, que ça relance mon envie de sortir de ma période de mutisme littéraire.



    FINIS :

    - Gatsby le Magnifique, de F.S. Fitzgerald
    <image>

    Malgré un début qui m'a laissée perplexe, parce qu'il ne s'y passe pas grand-chose et que l'auteur ne fait que dépeindre le style de vie de ces personnes immensément riches, qui font la fête chez des gens qu'ils ne connaissent pas tant que l'alcool coule à flot, j'ai beaucoup aimé Gatsby le Magnifique. C'est un roman d'amour comme il se fait rare et comme je les aime, un roman qui nous propose un amour fantasmé et idéalisé qui s'écrase contre l'indestructible mur de la réalité. La seconde partie amène au roman toute l'action et la compréhension des liens entre les personnages que la première moitié de l'oeuvre nous refusait. J'ai été tout d'abord surprise qu'on ne suive pas l'histoire du point de vue du personnage éponyme du roman mais de Nick : il a emménagé non loin de chez sa cousine Daisy et se retrouve donc voisin de cet homme étrange et auréolé de mystère qu'est Gatsby. Il est toujours (ou presque) au cœur de l'action, et du fait des liens qui existent entre cet enchevêtrement de personnages, on comprend qu'il est, et nous avec lui, un témoin privilégié du drame amoureux qui se joue devant nous. La fin est très belle et cynique, et c'est probablement pour ça que j'ai autant accroché. Une très belle découverte, le genre de roman dont on comprend en le lisant comment il a acquis son statut de classique de la littérature américaine.

    - La Bénédiction Inattendue, de Yogo Ogawa
    <image>Je pense que ce n'était pas le meilleur ouvrage pour commencer l'autrice, parce que chaque nouvelle est en rapport avec la vie de la narratrice et comporte apparemment de nombreux clins d'oeils à ses autres écrits. Cependant, et malgré mon manque d'enthousiasme face au concept de la nouvelle, j'ai beaucoup apprécié ma lecture. Pourtant, le niveau des nouvelles était assez inégal : trois d'entre elles seulement m'ont plu au point que je m'en rappelle sans avoir à faire appel à mon carnet de lecture.
    Dans " Le Royaume des Disparus", on suit un historique de ces personnes qui ont disparu dans l'entourage de la narratrice, comme ce vieux grand-père qui s'est levé et a quitté le cabinet de dentiste en plein milieu d'un examen avant de disparaître dans la nature, laissant son dentier derrière lui. Dans "Le Plagiat", l'autrice fait référence à un autre de ses livres, dans lequel son frère était champion de natation, et avoue qu'il s'agit d'un plagiat : elle se serait inspirée de l'histoire de la vie d'une femme avec qui elle était régulièrement voisine dans le train. "L'Echec de Mlle Kiriko" nous ramène à l'enfance de la narratrice, quand elle manifeste ses premiers dons pour l'écriture et qu'elle est encouragée par sa servante, laquelle commet une faute et se fait renvoyer. "Edelweiss" la met en scène adressant la parole à un homme qui lit un de ses romans, et qui se révèle un fan obsessionnel de 50 ans persuadé d'être son jeune frère. Ma nouvelle favorite, "Lithiase Lacrymale", parle de cette fois où la narratrice, désormais mère célibataire, doit emmener son chien de 40kg, malade au point d'avoir du mal à se déplacer, chez le vétérinaire le plus proche tout en maniant une poussette et un parapluie sous une pluie tellement dense que le monde autour d'eux semble avoir disparu.
    En fait, l'écriture de Yoko Ogawa a ceci d'intéressant qu'elle isole des anecdotes de sa vie avant de les distordre légèrement, et qu'elle y insuffle juste ce qu'il faut d'irréel pour provoquer la surprise et l'attraction chez son lecteur. J'essaierai un de ses romans, pour voir ce que ça donne avec des histoires plus conséquentes.

    Dernière modification par Mange-Nuages (05 Mai 2020 19:24:22)

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #33 21 Mars 2019 19:09:56

    Ne déprime pas, tu sers quand même à quelque chose.
    Par exemple j'ai appris ce qu'était un kigurumi.
  • Azeleen

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    #34 22 Mars 2019 09:27:50

    Bonjour, bonjour,

    Merci pour ton avis sur Gatsby, tu me donnes envie de m'y plonger rapidement =)

    Ensuite, je suis plutôt partisane du "la vie est trop courte pour faire des choses qu'on n'a pas envie de faire" alors si tu ne veux pas nous parler de tes lectures, c'est ton droit ^^
    Dans tous les cas, c'est toi qui choisis :-)

    Bonne journée et bonne lecture.

    Des bisous.
  • Catyladya

    Lecteur professionnel

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    #35 26 Mars 2019 16:13:36

    Coucou ma belle j'espère que tu vas mieux !
    Des bisous ! :bisous:
  • Mange-Nuages

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    #36 07 Avril 2019 18:18:57

    Hello !

    Je suis de retour avec les yeux à peu près en face des trous. Je me suis remise à lire, mais avant d'en parler, merci pour vos messages, et je suis contente d'avoir appris quelque chose à @FloXy, je ne pensais pas que ce fût possible.

    @Azeleen : Tu as sûrement dû terminer Récits du Vieux Royaume, tu en as pensé quoi ?

    Je viens de finir Les Fiancés de l'Hiver, le premier tome de la saga de la Passe-Miroir, ENFIN ! Depuis le temps que je vois ce livre partout dans les PàL et les bibliothèques de gens que je suis sur Instagram ou ici, j'arrêtais pas de remettre ça à plus tard. Finalement, j'ai commencé mollement le premier chapitre, et je suis en train de dévorer le tome 2 dans la foulée !
    <image>
    Ce roman semblait avoir été lu par absolument tout le monde, et c'est, encore une fois, ce qui m'a empêché de m'y mettre.
    Il faut vraiment que je me débarrasse de cette habitude de hipster, parce que je ne fais que passer à côté de belles choses.
    Je pensais entrer dans un univers pour adolescents, et je m'attendais à une histoire d'amour un peu cucul, et j'atterris dans une histoire qui me fait penser à du Miyazaki (une vieille, crainte autant que respectée, qui ressemble à Yubaba, la Citacielle qui fait penser au Château dans le Ciel...), mais le tout mâtiné de steampunk (sans que ce soit outrancier non plus, dieu merci). Ophélie est une héroïne attachante, même si c'était mal parti entre nous, et j'adore, J'ADORE, qu'elle ne tombe pas éperdument amoureuse de son fiancé, dont je soupçonne qu'il n'est pas aussi cruel qu'Ophélie l'imagine, mais qui mérite quand même d'apprendre à vivre en société parce qu'on frise le Sheldon Cooper au rabais. Les personnages m'avaient l'air assez caricaturaux au début, mais chacun permet, à de nombreuses occasions, de découvrir la substance qui se cache derrière la façade prévisible. C'est pas non plus d'une grande finesse, mais c'est bien plus qualitatif que tout le contenu jeunesse/jeune adulte que j'ai pu lire ces derniers mois...
    J'ai dévoré le premier tome de la quadrilogie de la Passe-Miroir sans voir passer les pages, et j'ai d'ores et déjà entamé le second tome, pour empêcher l'histoire de se terminer tout de suite.

    <image>J'ai aussi lu La Fille du Train, de Paula Hawkins : comme ça fait près de trois ans qu'est passée toute la hype qui entourait la sortie du roman et que je l'ai lu sans avoir la moindre attente, j'imagine que c'est pour ça que j'ai apprécié ma lecture, contrairement à pas mal de mes compagnes lectrices, qui ont poussé des cris d'orfraie dès que je leur ai annoncé avoir commencé le roman.
    J'ai beaucoup apprécié l'idée de ne pas pouvoir me fier à la narratrice, une alcoolique qui se complaît dans son malheur et dont les nombreux blackouts, mensonges et retombées au fond de la bouteille font a) un effroyable être humain b) un narrateur impossible à croire c) un personnage crédible quand on a côtoyé ce genre de personnes.
    Ce qui est un compliment, parce que les héros de roman alcooliques "mais pas trop", je ne comprends pas.
    L'histoire n'est pas un monument d'originalité, et on a très souvent envie de secouer Rachel comme un prunier en lui demandant d'arrêter ses conneries pour que l'histoire puisse ENFIN avancer, donc niveau longueurs on est servi. Pour couronner le tout, le dénouement se capte dès la moitié du livre, et la surprise n'est donc pas vraiment au rendez-vous.
    Et pourtant, j'aime bien ce livre.
    En fait, je l'ai préféré à La Princesse des Glaces de Läckberg, parce qu'au moins, j'ai ressenti quelque chose en le lisant. Rachel m'a donné envie de l'aider, de lui en coller une, de la secouer, de l'engueuler, bref cette anti-héroïne incapable d'avancer dans la vie m'a fait ressentir tout une palette d'émotions là où Erika Falck a misérablement échoué à me faire hausser un sourcil.
    Pour résumer en une phrase : Un roman loin d'être aussi mauvais que ce qu'on m'en a dit, mais loin d'être aussi bon que le vantait sa campagne de communication.

    Dernière modification par Mange-Nuages (05 Mai 2020 19:30:49)

  • Mange-Nuages

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    #37 10 Avril 2019 00:30:40

    Aujourd'hui, j'ai terminé le tome 2 de la Passe-Miroir... Et j'ai beau savoir que je devrais lire un autre roman de ma PàL de l'année, j'ai déjà commencé la lecture du troisième tome. xD
    Tu parles d'une femme de volonté.

    <image>

    Je sais pas vous, mais quand j'ai beaucoup aimé un roman, j'aime lire les critiques de gens que celui-ci n'a pas convaincu, histoire d'élargir ma compréhension de l'oeuvre. Après avoir lu quelques critiques négatives sur la saga, j'ai été assez interloquée qu'on y trouve des choses sexistes (des femmes dépeintes comme hypocrites et superficielles, jamais en position de pouvoir, l'Arche d'origine d'Ophélie est sensée être une société matriarcale mais on la marie à un homme qu'elle n'a pas choisi et elle ne peut pas refuser...). Si tel est le cas, je suis, en toute bonne foi, passée complètement à côté. Le roman est truffé de femmes de caractère, agaçantes ou pas, mais résolument puissantes (Berenilde est une très fine politicienne, Ophélie réussit à changer les choses sans renier ses valeurs, l'architecte de la moitié de la Citacielle est a) une femme b) une étrangère c) une des personnes les plus puissantes sur cette Arche, Gaëlle est une ancienne aristocrate qui a survécu à l'extermination de son Clan et vit incognito chez les prolétaires, Artémis est une femme indépendante et libre dont la seule obsession est l'infiniment grand...), et j'ai eu l'impression que les éléments sexistes étaient là pour inspirer chez le lecteur un sentiment de répulsion face à la société viciée et oisive que découvre Ophélie quand elle débarque dans son nouveau foyer.
    Y'a aussi des gens qui critiquent le style, qualifié de "vieillot". Si avoir un style littéraire plus développé que le sacro-saint sujet+verbe+complément est considéré comme vieillot, alors j'aime les choses vieillottes.
    En plus les anciens étaient bien plus imaginatifs que nous quant aux jurons, alors dans un sens, j'y gagne.



    Sinon j'avance doucement sur Virgin Suicides, mais en même temps le film a construit les bases de mon imagerie adolescente donc je suis difficilement objective. Les chances sont grandes pour que je finisse par vous dire "si vous avez vu le film, pas besoin de le lire".

    Dernière modification par Mange-Nuages (05 Mai 2020 19:34:30)

  • FloXy

    Empereur des pages

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    #38 10 Avril 2019 21:48:19

    La Chatte et la Chouette a écrit

    Je sais pas vous, mais quand j'ai beaucoup aimé un roman, j'aime lire les critiques de gens que celui-ci n'a pas convaincu, histoire d'élargir ma compréhension de l'oeuvre.


    Tu as raison mais tu fais partie d'une extrême minorité, en général moi on me dit "houla dégage avec tes critiques tu vas me pourrir mon super ressenti de l’œuvre dans lequel je veux continuer à me vautrer avec complaisance en me bouchant les oreilles gngngngngn j'entends rien pouet pouet" :jeboude:
    Félicitations à toi donc. :ok:



    La Chatte et la Chouette a écrit

    Après avoir lu quelques critiques négatives sur la saga, j'ai été assez interloquée qu'on y trouve des choses sexistes (des femmes dépeintes comme hypocrites et superficielles, jamais en position de pouvoir, l'Arche d'origine d'Ophélie est sensée être une société matriarcale mais on la marie à un homme qu'elle n'a pas choisi et elle ne peut pas refuser...).


    Cela ne m'étonne pas, il y a des gens pour trouver n'importe quoi sexiste. J'imagine que le mari d'Ophélie n'avait guère le choix non plus dans l'histoire (que je n'ai pas encore lu) mais de toute façon tu as perdu presque tout le monde quand tu as dit "matriarcat", un concept qui passe tellement au-dessus des têtes que l'on ose considérer le Japon en général et les manga en particulier comme "sexistes" (lol). :-1:


    La Chatte et la Chouette a écrit

    et j'ai eu l'impression que les éléments sexistes étaient là pour inspirer chez le lecteur un sentiment de répulsion face à la société viciée et oisive que découvre Ophélie quand elle débarque dans son nouveau foyer.


    Il va falloir expliquer ça à tous ceux dont la lecture ne peut désespérément pas dépasser le premier degré le plus bêtement littéral mais m'est avis que si pour le dernier Houellebecq (que les gens lisent pour faire genre intello) ce n'est déjà pas gagné alors pour du fantastique jeunesse on ferait mieux de laisser tomber direct hein. :ohlecon:


    La Chatte et la Chouette a écrit

    Y'a aussi des gens qui critiquent le style, qualifié de "vieillot". Si avoir un style littéraire plus développé que le sacro-saint sujet+verbe+complément est considéré comme vieillot, alors j'aime les choses vieillottes.
    En plus les anciens étaient bien plus imaginatifs que nous quant aux jurons, alors dans un sens, j'y gagne.


    Par opposition à quel style "moderne" ? Écrire en SMS ? :grat:


    La Chatte et la Chouette a écrit

    Sinon j'avance doucement sur Virgin Suicides, mais en même temps le film a construit les bases de mon imagerie adolescente donc je suis difficilement objective. Les chances sont grandes pour que je finisse par vous dire "si vous avez vu le film, pas besoin de le lire".


    Pas trop compris l'intérêt de ce film mais je n'ai jamais été une jeune fille de 13 ans n'est-ce pas docteur ;)
    Par contre j'ai déjà voulu me tuer aussi ça pas de problème. Pas de sexisme en la matière ! Il y a bien plus d'hommes qui se suicident que de femmes d'ailleurs. A quand un progrès vers plus d'égalité dans ce domaine si sensible ? On n'entend pas assez les mouvements féministes sur ces questions là. (Peut-être en partie parce que ces mêmes militantes du dimanche qui sont si promptes à identifier la supériorité d'espérance de vie moyenne des blancs par rapport aux noirs comme étant la preuve éclatante du racisme d'état, de l'exploitation coloniale, de la Françafrique et tutti quanti n'ont guère intérêt à ce que l'on évoque la supériorité d'espérance de vie moyenne des femmes sur les hommes du coup. :chaispas:)

    Dernière modification par MyFloXyBabY (10 Avril 2019 21:49:40)

  • Mange-Nuages

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    #39 27 Avril 2019 14:56:48

    Rah, je suis désolée, j'ai oublié de te répondre, @FloXy. En fait, si tu dis "elle demeura interdite" et pas "elle était choquée", ça y est t'as une écriture vieillotte. Certains appelleraient ça cultiver son style mais qu'est-ce que j'en sais, hein ? En ce qui concerne le fait que Thorn soit aussi victime qu'Ophélie, c'est pas totalement vrai, mais pas totalement faux non plus. Pour être très synthétique, Thorn a besoin du pouvoir de liseuse qui est la spécialité d'Ophélie, pour déchiffrer un livre très important. Il cherche donc à épouser une Animiste, parce que pendant le mariage, chaque époux reçoit en bonus le pouvoir de l'autre. Thorn est à l'origine du projet de mariage, mais parce que c'est le seul moyen d'atteindre son but, et il ne choisit effectivement pas sa femme.



    Bon, c'est le moment de l'update !
    Je viens juste de terminer Rosa Candida, d'Audur Ava Olafsdottir, et c'était très sympa ! Je n'en attendais rien du tout mais il a réussi à me plaire (et à me faire verser une petite larme, à un ou deux moments), et je lirai avec plaisir les autres romans de l'autrice islandaise.
    En résumé, un jeune homme part en voyage depuis son Islande natale jusqu'au plus beau et au plus vaste jardin de roses du monde, à trois pays de distance, pour ajouter sa pierre à l'édifice, en l'occurrence une nouvelle variété de rosa candida que sa mère avait développée avant l'accident de voiture qui lui a coûté la vie.
    <image>Je n'attendais rien de spécial de ce roman, avec lequel j'ai eu des débuts difficiles : j'ai déduit que le personnage principal partait d'Islande et qu'il se rendait en Finlande, mais on ne nous donne jamais les noms de lieux, les villages n'ont pas de nom... et ça m'a un peu dérangé. Le personnage principal est un jeune homme largué par la vie dont on ne sait que très peu de choses : son frère jumeau est autiste, sa mère est décédée, et il est le père d'une petite fille, conçue avec la petite-amie de son meilleur ami lors d'un quart de nuit d'égarement. On n'a pas plus de détails, mais si on est un lecteur patient, on en apprend doucement un peu plus sur chacun de ces faits qui font du jeune homme une personne perdue et à la recherche d'un but. Entre une petite fille dont il peine encore à déterminer l'espace qu'elle occupera dans sa vie, une mère qui lui manque et qui est présente dans tout ce qu'il fait, et une lutte constante contre un père qui veut que son fils reprenne ses études plutôt que de se consacrer à la botanique, l'autrice nous dépeint une errance ponctuée des petits drames et des réjouissances du quotidien, mais avec une maestria qui fait qu'on ne lâche pas le roman avant la fin.


    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    J'ai beaucoup apprécié qu'il prenne ses responsabilités envers sa fille, tant et si bien qu'il en finit par être plus proche d'elle que la mère. C'est rare qu'on nous propose un roman dans lequel la paternité est mise en avant au détriment de la maternité, et qu'on nous montre le cheminement qui pousse un homme à assumer la charge parentale face à une femme qui se rend compte neuf mois après l'accouchement qu'elle n'est pas prête à laisser tomber ses études en génétique pour changer des couches. Ce contre-emploi du schéma monoparental m'a vraiment surprise, et ça m'a beaucoup plu!


    En bref, j'ai aimé, c'était cool, lisez des auteurs islandais.

    <image>

    J'ai aussi fini Carmilla, de Joseph Sheridan Le Fanu, et j'ai pas grand-chose à dire dessus, l'écriture est agréable et moins chargée que je l'imaginais. Du coup je le trouve plus accessible que son illustre successeur, Dracula. Parce que Carmilla a été écrit quelques années avant l'oeuvre de Stoker, et je trouve que ça se sent, il y a pas mal de points communs : une jeune fille proche de l'héroïne qui est la proie du vampire, un "médecin" qui n'hésite pas à avancer le mot vampirisme face aux étranges symptômes... même jusqu'à l'aspect épistolaire, l'intégralité de l'histoire de Carmilla étant consignée dans son journal par la narratrice, qui nous raconte une mésaventure qui lui est arrivée lors de son adolescence. J'ai trouvé une grande sensualité dans le rapport très ambigu entre Carmilla et la narratrice, l'étrange jeune fille étant très tactile et sujette aux déclarations enflammées dignes d'un adolescent qui découvre l'amour. En soi, je suis contente d'avoir lu ce roman dont j'ai tant entendu parler quand j'étais adolescente, je regrette juste de ne pas l'avoir lu plus tôt parce que je ne peux pas m'empêcher de le juger à l'aune de Dracula, qui est bien plus riche, sur quasiment tous les plans.



    Pour mes prochaines lectures, je vais essayer de finir Virgin Suicides (spoiler : ça tourne mal), et entamer Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie, que j'ai reçu au milieu du mois dans mon swap. J'envisage aussi de me pencher sur Houellebecq : tout le monde en parle, souvent en mal (on me l'a plus ou moins décrit comme un Eric Zemmour qui sait écrire), je tiens donc à me faire mon propre avis sur la question. Si quelqu'un a des suggestions sur le titre le plus susceptible de plaire pour une première lecture, je suis preneuse !

    Dernière modification par Mange-Nuages (05 Mai 2020 19:37:53)

  • Mange-Nuages

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    #40 17 Juin 2019 01:25:37

    Jusqu'ici, je m'en sortais bien ; je suis tombée sur beaucoup de bouquins sympa, cette année, j'ai découvert plein de nouveaux auteurs de pays différents, bref, 2019, c'était une très bonne année lecture.
    Et puis il y a eu le mois dernier. J'ai enquillé déception sur déception, en découvrant par exemple que c'est pas parce que j'ai aimé La Métamorphose de Kafka que j'étais prête pour Le Procès, que les auteurs mongols aiment bien parler de boire son urine et de fister des chevaux, ou encore que je n'ai plus rien à attendre d'Anne Robillard, dont je trouve le style pire que médiocre et je considère comme une insulte qu'on justifie cette manière d'écrire parce que c'est de la fantasy jeunesse. Les jeunes méritent mieux.
    Donc histoire de conjurer le sort, ou au moins de me changer les idées, je me suis plongée dans deux romans, et celui dont je parle aujourd'hui, avant de sauter dans mon lit pour rattraper mon jetlag, a le mérite d'être très court.



    <image>
    Effroyables Jardins m'a mis une bonne petite baffe en moins de 100 pages.

    Etant donné que le roman est vraiment très court, je trouve que le résumé disponible sur LA est trop détaillé, alors pour vous pitcher ça en deux phrases : le père du narrateur, instituteur du village, lui colle la honte depuis sa plus tendre enfance en se déguisant régulièrement en clown, activité dans laquelle il n'est d'ailleurs pas très talentueux. Le narrateur oscille entre pitié et incompréhension face à ce drôle de choix, jusqu'au jour où son oncle se propose de lui raconter l'histoire derrière cette étrange coutume.

    Encore un roman qui a pour thème la seconde guerre mondiale (après Le Cercle Littéraire des Amateurs d'Epluchures de Patates), et celui-ci possède tout ce qui manquait au précédent : des personnages très facilement identifiables, avec une identité forte, un style littéraire unique et surtout : ce roman m'a beaucoup émue. On y entend deux voix, celles du narrateur, alors un adolescent embarrassé par l'étrange lubie de son père, rédigée dans un vocabulaire courant ; et celle de Gaston, l'oncle du narrateur, qui est la voix familière et parfois un peu vulgaire par laquelle la lumière se fait sur l'histoire derrière le costume grotesque et le maquillage bâclé. Et quelle lumière !
    Effroyables Jardins porte un message qui me plaît beaucoup, celui qu'il n'existe pas de manichéisme dans une guerre. Il n'y a ni Gentils ni Méchants, juste des hommes. Certains tentent juste de survivre, de rentrer chez eux, qui suivent les ordres tout en rêvant au retour à une vie civile plus calme. D'autres profitent de leur pouvoir momentané pour en abuser, agir avec un zèle excessif, se venger de petites mesquineries de manière démesurée. Des héros commettent des erreurs qui font mourir des innocents, des antagonistes se révèlent humains et sensibles. Les personnages m'ont touchée, probablement parce que j'ai grandi dans un département à l'histoire résistante forte, entourée de Gaston et de Nicole, de purs produits du terroir avec un accent à couper au couteau et des histoires sur le temps d'avant, dont la moitié s'achève de manière déprimante... Cette histoire contient son lot de tragique, de beauté, d'amitié, et elle est trop courte pour ne pas être lue. Une très chouette découverte.



    Pour mes prochaines lectures, je compte terminer le tome 4 des aventures de Mercy Thompson de Patricia Briggs (je suis réfractaire à la bit-lit, mais cette saga-là passe toute seule, et j'arrive pas à comprendre pourquoi...), et me mettre à Kraken de China Miéville !
    Niveau mangas, je me prépare à une petite plongée dans l'horreur japonaise en relisant l'intégrale des œuvres de Junji Ito. Enfin, je les lis de jour et par petites doses, parce que la dernière fois j'ai rêvé que d'énormes requins sur pattes venaient me manger ou que des têtes flottant comme des ballons me poursuivaient partout dans le but de me tuer.Il sait vraiment y faire pour traumatiser son public, ce Junji.

    Dernière modification par La Chatte et la Chouette (17 Juin 2019 01:30:14)