#7 01 Novembre 2020 22:02:11
Bonjour,
Je n'écris que des scénarios de jeu de rôle pour jouer avec mes amis, mais je vais essayer d'ajouter ma pierre a l'édifice. Pour moi l'écriture doit rester un plaisir car c'est un loisir. Par conséquent je ne me fixe aucun objectif et la question de la motivation se pose alors.
Comment s'installer au bureau sans se forcer ?
J'y ai remédié grâce au matériel. J'écris avec des stylos et carnets qui me donnent envie d'écrire, d'êtres utilisés. J'ai acheté une plume que je trouve très belle en verre avec des encres de toutes les couleurs. Rien que les voir me donne envie d'ouvrir un pot et d'y tremper la plume.
Ok, j'ai la feuille devant moi, le stylo en main, maintenant j'écris quoi ?
Je suis resté longtemps bloqué sur cette question en me demandant qu'est-ce que les héros allaient encore pouvoir faire. La feuille malheureusement restait souvent blanche. Pour restreindre l'ensemble des possibles, je cherche tout d'abord un problème. Nous pouvons le faire ensemble ici à titre d'exemple car c'est aussi ça, la magie du direct.
Je vous propose pour un scénario fantasy : Les stocks du village se vident plus vite que prévu. Certaines rumeurs disent que des gobelins rôdent dans la forêt non loin d'ici. Pour un scénario horreur/fantastique pourquoi pas : Une femme a été tuée dans des conditions effroyables (est-ce une sorte de goule qui a fait ça ?).
Mieux vaut un problème bien assez simple et cliché qui pourra être modifié plus tard que pas de problème du tout. L'important pour moi est d'avoir un point de départ pour ne pas rester bloqué. On peut se dire par contre qu'il va être dur de motiver des héros avec de telles intrigues. Soyons honnêtes, c'est légitime. Il y a un moyen très simple de remédier à ce problème : Le problème va devenir leur problème. Les gens se creusent parfois un peu plus la tête quand les soucis les concernent aussi. Etonnant, non ? Revenons donc à nos exemples:
Pour le scénario fantasy, je vous propose qu'alors que notre héros rejoignait l'auberge tard dans la nuit, quelque chose de lourd lui tomba sur le coin de la tête. Au moment de tomber au sol et surtout dans les vapes, il entendit des petits rires malicieux. Il se retrouva au réveil sans argent, sans arme et surtout vêtu de son seul pagne. Pour le scénario épouvante on pourrait se dire qu'un officier qui se nomme Steven A. Andrews frappe à la porte de l'appartement de notre héros. S'en vient une série de questions sur les bruits qu'il aurait pu entendre la nuit dernière dans l'immeuble, d'éventuels comportements suspects de voisins ou de personnes du quartier. Il lui annonce qu'une femme, deux paliers au-dessus du sien, a été retrouvée assassinée cette nuit. Il ne sait rien ? Il n'a rien constaté ? Alors comment se fait-il que le mari de cette femme, qui a assisté au meurtre, est actuellement dans une chambre du Bethlem Royal Hospital et ne fait rien d'autre qu'hurler et écrire partout sur les murs de sa chambre le nom de notre héros ?
Nous possédons donc une base d'intrigue, un problème à résoudre. Il ne suffit plus qu'étoffer tout ça.
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Il existe un système de jeu qui se nomme Fate et qui définit à peu près tout par des aspects. Un aspect c'est quelque chose qui caractérise un personnage, un lieu, bref, n'importe quoi. Il doit être à la fois positif et négatif (dans le jeu Fate). Rajouter un défaut est sympa aussi et donne un peu de couleur à un personnage. La magie du direct nous ramène cette fois-ci à l'officier du scénario d'épouvante (j'espère que l'ambiance chez vous est aussi dithyrambique) :
On ne connaît rien de notre officier Steven A. Andrews. Je vous propose donc de rajouter à côté de son nom l'aspect : Capable de tout pour sauver son frère. Etre capable de tout peut signifier qu'il va tenter de se dépasser, mais aussi qu'il va peut-être faire n'importe quoi. Qui est son frère ? Je ne sais pas. Le sauver de quoi ? Je ne sais pas encore non plus. C'est juste une idée que je pose sur le papier. En défaut on pourrait dire que notre officier Andrews est quelqu'un de ronchon ?
Avec pas grand-chose, Steven A. Andrews commence à prendre forme. Je trouve plusieurs avantages aux aspects. Nous n'avons pas toujours le temps d'écrire des pages et des pages pour poser des idées (voir la motivation même), mais des aspects c'est très rapide. Comme vous l'avez vu cela tient en une phrase. De plus, ils peuvent être assez ouverts et inspirants pour nous permettre de rentrer vite dans l'écriture une autre fois ou nous donner des idées. Imaginons que je m'arrête ici pour aujourd'hui, voilà ce que nous avons posé sur le papier : Une femme est sauvagement assassinée et notre héros se retrouve embarqué dans cette histoire quand un policier (visiblement de mauvaise humeur) frappe à sa porte en lui disant que le conjoint de celle-ci n'arrête pas de crier son nom dans sa chambre d'hôpital. Si nous souhaitons continuer ce scénario demain, que pourrions-nous écrire ? Vous avez quatre heures.
Il est possible que notre héros aille à l'hôpital avec l'officier ? Il est possible d'essayer d'imaginer qui est le fameux frère ? Est-ce que la mort de cette femme est liée à un culte assez sombre et secret souhaitant invoquer dans notre monde un grand ancien ? Est-ce que le frère de notre officier s'est fait kidnapper par un tel culte (ce qui permettrait de le lier plus fortement à l'enquête) ? Serait-ce possible que ce frère fasse partie du culte et que notre officier ronchon souhaite lui ouvrir les yeux et l'en extraire ?
Bref, voilà comment je procède en tout cas. Concernant les inspirations il y a les les livres, les films, les documentaires, les gens que je croise dans la rue, etc. Il y a aussi le site Pinterest car une illustration peut donner beaucoup d'idées parfois. Si je termine le premier film du Seigneur des anneaux de Peter Jackson et que j'ai beaucoup apprécié Sam par exemple (pourquoi pas ?), et bien je vais essayer d'en extraire un aspect que j'utiliserai peut-être un jour pour un personnage de scénario.
Je vous propose pour Sam l'aspect "Ne laisse personne tomber". Cela peut s'avérer aussi bien héroïque que problématique. Que serait devenu Sam si Frodon aurait mis son casque (avec une super isolation des bruits extérieurs) pour écouter ses morceaux préférés de métal symphonique en secouant la tête (et la barque) de gauche à droite sur le rythme de la musique ? Il n'aurait peut-être pas vu et entendu Sam en train de couler non loin de la rive, malheureusement.
Une petite note en ce qui concerne le perfectionnisme dans l'écriture pour finir ce message : Aucune idée que vous allez mettre sur le papier est mauvaise. Elle n'est peut-être pas au bon moment au bon endroit, mais elle n'est pas mauvaise. J'ai construit les exemples de ce message à la volée (désolé pour vous) et le scénario un peu bateau de fantasy peut m'être suffisant si je le fais jouer à un enfant par exemple. C'est simple à comprendre, les méchants sont définis assez clairement et faire un petit rire de gobelin pourrait l'amuser (ou lui faire peur c'est selon). Bref, une bonne idée, une mauvaise idée, c'est parfois une question de contexte je trouve. Il vaut mieux écrire quelque chose que rien du tout, cela pourra toujours servir plus tard.
Bon courage ! =)