Que passe l'hiver - David Bry<image>Fiche BBMRésumé : Stig vient d'avoir vingt ans, l'âge de porter une épée et de se rendre - enfin ! - sur le Wegg, l'étrange montagne où réside son souverain, le roi de la Clairière.
Mais son premier solstice d'hiver ne se déroule pas comme il l'avait imaginé. À peine le jeune seigneur est-il arrivé que la mort répond aux augures néfastes et que les fils enchevêtrés du destin tissent un avenir que personne, ni homme ni dieu, ne semble pouvoir prédire. Menacé sans qu'il en comprenne la raison, Stig aura fort à faire pour découvrir ce qui se trame dans l'ombre des festivités, protéger ceux qu'il aime... et même survivre. Y parviendra-t-il ?
À la croisée de l'ode initiatique et du huis-clos, Que passe l'hiver raconte le destin d'un jeune homme au pied bot et d'un roi aux longs bois de cerf, pris dans le maelström d'un monde qui se meurt, peut-être...
Mon avis : Je suis une habituée de la SFFF sous toutes ses formes, et j'avoue qu'en voyant le titre, le résumé et la forme du roman, je m'attendait à un récit dans un style vraiment poétique, et pas forcément plein d'action. J'appréhendais un peu, par peur de m'ennuyer d'un texte poétique aussi long. Que tous ceux qui pourraient partager mes angoisses se rassurent !
David Bry réussit là un tour de force que je n'avais encore jamais rencontré : celui de mêler une intrigue poignante, puissante, pleine de rebondissements, presque une enquête policière, à une magie et un monde poétique et mystérieux, dépeint avec une finesse et une subtilité qui n'ont rien à envier à la plume des meilleurs poètes. Comment décrire un mélange aussi singulier ? Le Wegg, espace ceint par la Lisière, barrière infranchissable, définit presque les limites d'un huit-clos, un espace d'où personne ne sortira avant le dénouement, et où, pourtant, les intrigues se nouent et se dévoilent au compte-goutte avec une fatalité redoutable. Je peux dire sans hésiter que le besoin d'avoir enfin le fin mot de l'histoire m'a interdit de lâcher ce roman avant la toute dernière phrase. Et pourtant, tout n'est pas enquête, complots et affaires bassement humaines. Car que serait cette histoire sans le décor magique planté par l'auteur ? Cette Clairière, comme un pont entre l'univers des hommes et celui des dieux, son atmosphère froide et glacée, ses silences et ses mystères, ses bois aux arbres dévêtus, ses tours sombres et austères, la neige, enfin. La neige, surtout. Sa présence baigne tout le roman d'une lueur unique, presque comme un personnage elle-même, discrète, en arrière-plan, mais si présente.
Si j'ai un conseil à donner, le voici : plongez-vous au cœur de l'hiver, entrez dans le Wegg, marchez aux côtés de Stig, ou planez avec lui. Entendez crisser la neige, épiez avec lui les hommes et les femmes qui vous entourent. Tentez de démêler l'écheveau des fils du destin, et de survivre, malgré la fatalité qui semble vouloir entraîner votre monde vers sa chute. Émerveillez-vous, angoissez-vous, riez, pleurez, mais ne lâchez pas ce superbe ouvrage avant de savoir, enfin, quel ligne suivra le destin.
PS : Ne négligez pas les strophes du poème à chaque début de chapitre : lisez-les attentivement, liez-les à l'histoire que vous suivez. Vous comprendrez vite leur importance...
Edit Mana_ : Ajout de l'hypertexte du lien BBM