[Suivi de Lecture] Mange-Nuages

J'ai rien posté depuis pratiquement un mois... :goutte:
La faute à un gros chamboulement dans ma vie : je déménage aux Pays-Bas en septembre.
Donc j'ai un mois devant moi pour caler mes meubles chez mes parents (qui sont moyen chauds), trier et encartonner quatre années d'accumulation de conneries diverses et variées, nettoyer l'appart et récupérer ma putain de caution. Ensuite je vais passer deux mois chez ma mère (retourner vivre  chez ses parents à 28 ans, même pour deux mois, c'est difficile à accepter), que je vais évidemment émailler de séjours à Paris, Montpellier et Lyon pour engranger des thunes, histoire de payer les vaccins obligatoires de mon chaton, l'utilitaire de déménagement et la fortune que le combo péage/essence va me coûter. En bref, je risque de pas être très très active par ici avant un petit moment, parce que même une fois sur place, j'ai zéro idée de ce à quoi ma vie amstellodamoise va ressembler, et tout ceci me terrifie grandement.
Cela dit, si t'es abonné.e à ce suivi depuis un moment, tu as dû remarquer que l'assiduité n'a jamais été mon fort donc toutes ces précisions étaient peut-être un peu inutiles. :grat:
Bien, avant de rentrer dans le vif du sujet, je réponds à vos messages ! :bisous:

@Aealo :

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Tout va bien, malgré la chaleur écrasante ! Je fais sauter ma facture d'eau en prenant trois douches par jour, et je repense avec nostalgie à l'époque pas si lointaine où j'avais le nez tout froid et où dormir impliquait une couette, pas un ventilateur. Et toi, comment vas-tu ? :D
J'espère que tu trouveras le temps de caser Chien du Heaume dans ta PàL (entre toutes les autres recommandations qu'on te fait, tu es un homme très occupé) ! Cette fin ne m'a pas dérangée même si elle était en dessous du niveau du roman, j'en suis pas sortie avec des envie d'autodafé comme pour les romans de Nothomb qui pour le coup ne sait vraiment pas écrire de fin, comment ça je me répète. Peut-être que tu y seras plus sensible que moi, mais tu connais la citation, "gngngn destination gngngn voyage".
Comment ça, "c'est pas ça"?
À part Pause, que j'ai... mis sur pause, ironiquement, je n'ai pas encore ouvert les formats dont tu es curieux ! Ca devra attendre ma prochaine màj en Février 2021.

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Hello ! =)
Je comprends, si tu fais partie des lecteurs pour qui le scénario passe avant tout, mon avis risque de te faire réfléchir à deux fois avant d'entamer sa lecture ! D'autant que vu l'univers qu'il dépeint, on pourrait s'attendre à une grosse dose d'action... Je dis pas que le livre en est dépourvu, loin de là, mais faut accepter plusieurs longues périodes d'inactivité entre deux combats épiques, quoi...

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Coucou ! =)
Avec les mesures prises pour faire face au Covid, la moitié des médiathèques toulousaines "seulement" ont ouvert, et elles ont assoupli leurs critères : en temps normal on ne peut emprunter "que" seize documents (jeux vidéos, films et CD compris) pour une durée de trois semaines, mais là ils ont craqué leur culotte XXL : nombre de documents illimités pour tenir jusqu'en fin septembre, histoire que les gens puissent avoir de quoi post-confiner chez eux. Du coup c'est fort pratique pour les gens à risque, qui peuvent commander leurs emprunts en drive et garder les livres un max de temps avant de les ramener (ou demander à quelqu'un de le faire, ma voisine du 2° étage est une petite dame de 88 ans donc chaque fois que je vais en médiathèque je passe prendre ses livres finis et je fais ses courses littéraires pour elle). Franchement, ils ont super bien géré ça, je suis fière de ma ville.
Niveau héroïne badass (et qui fait pas forcé, parce que ça aussi c'est un fléau), tu peux foncer, Chien du Heaume fonctionne ! La fantasy reste un genre très sexiste dans ses codes ; même si je suis contente de voir les choses changer petit à petit, souvent les personnages féminins qui accompagnent Jean-Héros sont décrits comme badass mais ils sont surtout là pour créer des emmerdes ou se faire enlever/blesser, et évidemment être rushés en love interests. Pitié, arrêtez ça.

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Coucou ! :bisous:
Le click'n'collect c'est le mal, je compatis ! :D
Malheureusement j'ai pas aimé Book of Ivy, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop quand je le brûlerai en place publique... x) Par contre j'ai entendu beaucoup de biens d'Heartstopper de la part des mêmes personnes qui m'ont fait découvrir Stéphane Servant donc j'espère vraiment que ça va bien se passer T___T

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Moh t'es adorable :pink:
Après scrutage intensif, je ne vois pas de barbe mais on voit la légère courbure d'un boobie, un peu au dessus du tronc d'arbre qui lui sert de bras. L'indice est quand même très subtil.
Ca fait un moment que je vois Les Salauds Gentilshommes tourner, faudra que je me lance un de ces jours ! Ah mais totalement d'accord, l'ellipse n'est pas une insulte, faut pas avoir honte d'y recourir tant que c'est pas abusé. Si tu aimes le ton de mon suivi de lecture j'ai comme l'impression que le glossaire va te plaire !
En ce qui concerne la magie multiplicatrice des prêts de ma bibliothèques j'en parle en détails dans la réponse que j'ai adressée à Catysprint ! Mais en version courte, c'est une campagne exceptionnelle des médiathèques de la ville, qui va durer tout l'été pour éviter au maximum les déplacements des usagers avec le Covid. Et je pense que ça va être étendu si la seconde vague nous frappe à l'automne... Par contre huit c'est vraiment pas beaucoup, ça doit être super frustrant o_o
J'ai pas encore rédigé mon avis sur Circé, mais il devrait pas tarder !

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Coucou Delphine ! Comment tu vas ? =)
Je ne t'oublie pas, promis ce foutu colis partira de Toulouse avant moi x)
Si j'avais pas remis la main sur les livres que j'ai achetés pour toi (merci pour la WL, il me reste qu'à me lever assez tôt pour envoyer le carton sans cuire sur place pendant la queue extérieure qui ne rapetisse jamais devant la Poste), j'aurais sûrement glissé Chien du Heaume dans ton swap !
Attends que j'aille piller la médiathèque centrale avec mes cinquante tote-bags et trois porteurs tibétains et là on pourra parler de hold-up :cool:

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Bah bienvenue sur ce suivi aléatoire, où j'arrive une fois tous les 500 du mois pour défoncer/encenser un livre avant de disparaître à nouveau dans les ténèbres.
Fais comme chez toi mais pas trop quand même, j'ai prévu des gâteaux mais un par personne, pas par tentacule sinon c'est de la triche.
J'ai vu que t'avais un nombre de séries en cours assez impressionnant, j'arrivais pas à savoir si c'était parce que t'as pas mis leur avancée à jour ou juste parce que tu es embarquée dans 150 sagas différentes, ça semble donc être la seconde option. Mon objectif de l'année c'était de terminer au moins une saga (et c'est un échec cuisant jusqu'ici), clairement on joue pas dans la même catégorie. x)
Tu n'as jamais lu les Chevaliers d'Emeraude, et tu fais bien ! J'ai l'impression d'être la seule personne à trouver ça affligeant de nullité, désolée Anne Robillard mais quand on arrive difficilement à développer le caractère de six personnages, on ne fait pas une saga qui en comporte deux cent. Quand ils ont la chance d'avoir un trait physique et un prénom, et à toi de te démerder pour pas les confondre. Eh bah dis donc.
C'est la merveilleuse, la majestueuse, la caniculaire ville rose de Toulouse ! La ville de la Garonne, de Claude Nougaro et des Chocolatines :heart:
Quoi ? Moi, chauvine ? Mais parfaitement.
J'ai lu pas mal des livres dont tu m'as parlé, j'entre dans les détails juste en dessous donc je ne spoilerai rien, mais je crains de devoir te faire attendre un peu en ce qui concerne mon avis sur Circé. J'ai tellement aimé que j'ai du mal à être constructive dans mon avis, faut que j'attende d'arrêter d'écrire la moitié de mes phrases en capslock dès que le sujet est abordé.

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Coucou !
Et si on lançait un club anti-auteurs-qui-abusent-avec-leurs-sagas-fantasy-à-rallonge-un-peu-comme-le-titre-de-ce-club ? Comment ça, non ? :euhnon:
J'ai rien lu de Bottero mais je sais que son nom revient très souvent quand on parle d'auteurs qui ont eu la mauvaise idée de mourir avant de terminer leur oeuvre en cours... En ce qui concerne les sagas que les maisons d'édition ont arrêté de traduire, ça m'emmerde vraiment très fort. En tant que maison d'édition, ils savent que les tomes 1 sont plus vendus que tout le reste mais bordel, faites au moins l'effort de terminer votre saga, ne serait-ce que par respect pour les gens qui ont investi dans les tomes précédents (même si c'est en epub ou en petits tirages, c'est pourtant pas compliqué, merde). J'aime beaucoup la fantasy mais rien que pour tout ce dont tu parles, je rechigne vraiment à entamer une saga, chaque fois j'y vais à reculons...
L'écriture est supeeeerbe ! Et pas superbe en mode "ouh regardez comme Victor Hugo est un écrivain de génie, chacune de ses phrases fait deux pages et compte soixante points-virgule mais que c'est digeste hohoho les jeunes ne lisent plus que des romans futiles de nos jours #nosécrivainsmortsontdutalent", superbe en mode "y'a des tournures de phrase qui sentent bon le temps des croisades mais j'ai pas besoin de google traduction pour avancer dans mon roman".

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Ah, tu trouves que je suis dans l'excès quand j'emprunte des trucs ? :grat:
C'est beaucoup, trente documents! :O Ici en temps normal c'est seize max ! C'est piégeux ces limites, le meilleur moyen d'embarquer des trucs que finalement tu liras pas parce que bon, hein, tu les as choisis un peu au pif ou parce que la couverture t'inspirait mais le délai de retour des livres est trop court pour réellement lire seize/trente livres.
Je spoile un peu parce que j'en parle en détails en dessous, mais c'est un coup de coeur pour Isabella Bird !
J'espère que tu aimeras Chien du Heaume, il y a des passages tellement poétiques entre deux fracassages de crâne à la hache, le contraste rend les phases de beauté encore plus intenses ! :pink:

Je suis dans une grosse phase mangas, mon attention romanesque étant tout entière dirigée vers Et quelquefois J'ai comme une grande idée, de Ken Kesey, le roman favori de notre @FloXy national. Vu que le bougre m'a fait découvrir Damasio et le meilleur manga de tous les temps, j'ai tenté l'expérience, et clairement ce roman est grandiose, mais faut de la concentration pour venir à bout de ses 894 pages (selon la police, pas les manifestants). Donc pendant que je suis les aventures d'une famille de péquenauds dysfonctionnels magistralement écrits, je n'avance pas sur mes autres romans empruntés, raison pour laquelle je privilégie les formats bulles. C'est tipar pour six BD et mangas !

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♣ KING'S GAME - Kanazawa Nobuaki/Renda Hitori [SEINEN]

Tu t'en rappelles peut-être, mais quand je parlais de l'excellent Alice in Borderland, je crachais au passage sur la saga dont je te parle aujourd'hui. Pourquoi j'ai relu un truc dont je savais déjà que c'était naze, me demanderas-tu? Mais parce que je suis masochiste ne me rappelais plus à quel point ni pourquoi c'était mauvais. Donc maintenant que le souvenir est très très frais dans ma mémoire, il est temps de mettre les choses au clair : ce manga est un ratage XXL. On prend les mêmes et on recommence : une classe se retrouve forcée de participer à un jeu de "cap ou pas cap" orchestré par le mystérieux Roi qui envoie des consignes à la classe par texto. Sauf que si tu n'effectues pas l'action commandée par le Roi, la punition c'est pas de renifler des chaussettes mais de finir immolé par le feu ou écartelé. Rien de bien novateur, mais sur le papier, mon manga favori ne l'était pas non plus. Sauf que là, y'a rien qui vient sauver le bousin. Les personnages sont caricaturaux au possible, y'en a qu'un ou deux qui sont vaguement attachants mais comme ils meurent très vite on s'en fout, on se tape un personnage que l'auteur aurait voulu rendre mystérieux et détaché mais qui n'est tout au plus qu'agaçant et inutile malgré d'extraordinaires talents pour la magie (non parce que sortir un ordinateur portable de sous son pull quand on a un tour de taille négatif, j'dis bravo), mais surtout : LA FIN EST UN FOUTAGE DE GUEULE ABSOLU. Dans ce genre de manga, tout, TOUT, est dirigé vers the big reveal. La fin doit être à la hauteur, parce que ce que vivent les personnages, ce que le lecteur ressent, tout ça converge vers un but : obtenir des réponses.

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Et à la question "qui est le Roi qui tue tous nos camarades et dont le scénario a spécifié qu'il se cachait parmi les élèves de la classe ?", je n'aurais jamais pensé à répondre "un virus informatique fantôme qui tue via téléphone portable en émettant des suggestions hypnotiques". Pas parce que c'est extraordinairement original, hein. Parce que c'est tellement pété que je trouverais vraiment que cette explication c'est se foutre du monde et des lecteurs qui ont acheté cinq tomes pour ça. Une chance que ce soit pas ça, la fin oh wait

L'une des employées de la médiathèque de mon tiécar est fan de mangas, et à force de me voir passer à son bureau avec l'intégrale de telle ou telle saga, elle a fini par se prendre d'amitié pour moi, ce qui me permet de repartir avec des recommandations et les dernières nouveautés reçues, keur sur elle. Grâce à elle, j'ai découvert l'excellent seinen Kasane et Bride Stories, j'ai plutôt confiance en ses conseils. Donc quand je l'ai vue approcher avec le sourire jusqu'aux oreilles (enfin j'imagine parce qu'on est en 2020 et que sourire se fait avec les yeux au temps du Covid) pour me coller Entre Deux dans les bras, j'étais un peu perplexe. Elle sait que je suis pas très très branchée shojo, alors quand j'ai lu le résumé j'y ai rien vu de plus qu'une histoire d'amis qui découvrent qu'ils sont amoureux une fois entrés au collège. Comme elle a insisté, je suis rentrée avec les deux tomes. Et c'est vraiment un manga sympa. On y suit un petit garçon qui porte les cheveux longs et se fait traiter de tapette, et d'une petite fille aux cheveux courts qui agit typiquement comme un garçon. Chacun d'eux tente de se travestir pour faire plaisir à un parent : Saku tente de combler le vide laissé par la mort de son frère aîné, dont la mère ne s'est jamais remise et semble ne pas réaliser qu'il lui reste un enfant, et la mère obsessionnelle de Nozomi ne cesse de lui répéter qu'elle aurait préféré avoir une fille, de s'extasier sur la longueur de ses cheveux. Contrairement à ce que m'avait vendu la gentille dame de la médiathèque, ce manga n'a pas comme sujet la transidentité, car le rapport au genre des deux personnages principaux n'est pas conditionné par leur propre regard mais une manœuvre pour plaire à un regard extérieur ; par contre on y aborde le rapport au corps lors de l'adolescence, passage qui n'est facile pour personne mais qui peut se révéler plus confusant encore quand on est régulièrement mégenré par celleux qui devraient nous accompagner dans cette époque de transition. Un manga très rapide à lire, mignon et intéressant, à défaut de me surprendre.

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♦ PLATINUM END - Obata Takeshi/Ohba Tsugumi [SHONEN]

Si tu aimes les mangas, tu dois forcément connaître le duo Ohba/Obata. On parle du duo à l'origine de l'excellent manga Death Note, de Bakuman (qui malgré son titre qui fait penser à un super-héros est en fait un excellent moyen de découvrir et comprendre comment fonctionne l'industrie du manga au Japon), et All You Need is Kill (qui donnera Edge of Tomorrow, un film de merde avec du Tom Cruise dedans). Je pensais qu'il était impossible pour ce duo de me décevoir. Jusqu'à Platinum End. Le concept est peu inspiré, les règles sont embrouillées, les personnages d'un manichéen affligeant, mais jusque-là je m'étais accrochée parce que les dessins sont quand même magnifiques, et probablement parce que j'attendais le moment où soudain, on allait découvrir le truc qui me ferait me dire que oui, ça valait le coup. Mais au bout de neuf tomes, j'abandonne, je jette l'éponge, j'arrête Platinum End. Plus ce manga avance, plus je ressens qu'il avait l'ambition d'être un second Death Note (pas dans son thème mais dans son impact) alors qu'il ne tient pas la comparaison une seconde (ou alors avec la seconde partie, et ceci n'est pas un compliment). Mais le truc qui m'a fait arrêter les frais, c'est ce personnage. Je trouvais déjà atrocement relou que Near soit une version Leader Price de L, mais maintenant les auteurs ont tellement plus d'idée pour leurs personnages qu'ils recyclent leurs designs. Vraiment, quelle originalité ce nouveau personnage replié sur lui-même avec ses gros cernes de basset et son regard de boeuf mort. J'avais jamais vu ça avant.

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♥ L'ARABE DU FUTUR - Riad Sattouf

Riad Sattouf est un auteur que j'ai découvert à l'époque où je lisais Charlie Hebdo grâce à sa série "La Vie Secrète des Jeunes". Roman graphique dans la même lignée que Persépolis, L'Arabe du Futur (car "l'arabe du Futur va à l'école") m'est tombé dans les mains en 2015, lors de la sortie du second tome, et les tomes suivants ont traîné dans ma WL pendant une éternité jusqu'à ce que je me rappelle de leur existence. On suit Riad dans une narration autobiographique de sa jeunesse, passée entre France, Lybie et Syrie. Il raconte aussi l'histoire de son père, un arabe moderne, professeur à la Sorbonne qui fume des clopes par camions entiers et ne fait pas ses prières, et de sa mère, française née en Bretagne, attachée à sa famille et à un confort occidental qu'on prend très rapidement pour acquis, qui suivra son mari en Syrie par amour et en fuira dégoûtée. Au fil des tomes, le père se rapproche de ses racines, embrasse la religion musulmane, revient sur chacune de ses opinions progressistes et ses relations avec sa femmes se détériorent, elle qui enchaîne les dépressions, reconnaît de moins en moins l'homme qu'elle a épousé et refuse catégoriquement de suivre son mari en Arabie Saoudite. Riad parle de la relation de ses parents, du contexte politique, religieux et social de chaque pays dans lequel il déménage, mais aussi de ses souvenirs d'enfance et des nombreuses fois où son appartenance à deux mondes culturels si éloignés lui donne la sensation de n'être intégré dans aucun des deux (comme lorsqu'il explique à ses cousins syriens que le Père Noël leur amènera des cadeaux s'ils lui écrivent une lettre... forcément, les cousins n'ont jamais rien reçu). Des sujets comme la place de la femme dans la société, la corruption des élites ou la circoncision font partie des thèmes abordés dans ces tomes 3-4, et la fin du tome 4 est le cliffhanger le plus dur que j'aie lu depuis un moment. J'attends le tome 5 de pied ferme, qui sort en automne 2020.

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♠ ISABELLA BIRD - Sassa Taiga [SEINEN]

Isabella Bird a réellement existé : exploratrice anglaise née au XIX° siècle d'un naturel souffreteux, elle ne semblait recouvrer la santé qu'hors de son pays natal. Elle a sillonné l'Australie (qu'elle a cordialement détestée), Hawaii, la Corée, le Maroc, l'Inde et la Chine, mais aussi le Japon, écrivant dans ses lettres à sa sœur beaucoup plus casanière, Henrietta, les paysages merveilleux et les cultures étranges qu'elle découvrait. Ce manga raconte son épopée au Japon, qu'elle désire traverser de part en part le long d'un chemin qu'aucun explorateur n'a encore foulé - et pour cause, il est incroyablement dangereux. Sans beaucoup de surprises, ce manga m'a énormément fait penser à l'excellent Bride Stories (en moins beau, parce que les dessins de Mori Kaoru sont vraiment sublimes non mais regardez-moi ça et j'te parle même pas des scènes où ils bouffent #foodporn) : on y retrouve plusieurs éléments comme l'explorateur étranger (anglais lui-aussi), une femme de caractère qui tient à son émancipation à une époque où c'est loin d'être la norme, une fascination bienveillante envers les cultures étrangères, une volonté de s'intégrer au mieux quitte à mettre à mal ses propres réflexes culturels (en bonne lady anglaise, Isabella Bird est très rapidement choquée par le rapport à la nudité du peuple nippon)... D'ailleurs les deux mangas sont édités par la même maison d'édition, Ki-oon (chez qui on trouvera aussi Beastars, Golden Kamui ou Gigant, ça par exemple). J'ai terminé le tome 2 pendant que je rédigeais ce post (en même temps vu comme il est en train de devenir long, j'aurais pu commencer Guerre et Paix), et j'apprécie l'attitude d'Isabella : volontaire et affirmée, elle a une retenue toute britannique qui ressort aux moments les plus inhabituels et m'ont parfois franchement fait rire comme lorsqu'elle marche dans la forêt et qu'elle se bouffe un gigantesque truc en paille dans la tête... pour découvrir qu'il s'agissait d'un énorme bonhomme en paille cloué à un arbre pour éloigner le mauvais sort du village à proximité, et que ce qu'elle s'est pris dans le visage, bah c'est son pénis. Si je fais la comparaison entre les deux c'est uniquement parce que leurs points communs sont des forces qui me font aimer ce genre d'histoires. J'ai une préférence marquée pour Bride Stories à cause de son dessin mais j'apprécie énormément ma lecture et je vais mettre la main sur les tomes suivants dès que possible.

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♥ ...À LA FOLIE - Sylvain Ricard/James

Bon. On va commencer par un petit trigger warning, parce que si la couverture donne le ton, aucun résumé n'est disponible sur l'objet livre : ici ça parle de violence conjugale, de violence psychologique et de viol. Voilà, maintenant que tu es prêt.e à continuer ta lecture en toute connaissance de cause : cette BD a tout compris. On suit un couple qui prend doucement le chemin de la violence et les signes avant-coureurs sont autant de signaux d'alarme inquiétants. L'histoire est racontée des deux points de vue : le couple, assis sur un canapé, prend la parole chacun son tour auprès du lecteur qui leur sert limite de psy, pour raconter divers événements et comment leur histoire a fini par basculer dans la violence quotidienne. C'est une idée que j'ai trouvé vraiment bien pensée, parce qu'elle montre l'abysse qui sépare la perception que chacun a de la situation, mais aussi de l'autre. La femme s'écrase de plus en plus, ne limitant ses interactions sociales qu'à quelques amies et une mère qui ne fait qu'aggraver le problème ("ah non hein, on divorce pas dans la famille !" dit-elle. Mère de l'année, putain) là où l'homme est obsédé par ses déboires professionnels et la meilleure manière de plaire à son boss, nous rappelant que sa femme fait partie des meubles alors qu'il est le centre de l'univers de celle-ci. J'ai beaucoup pleuré en lisant cette BD parce que j'ai grandi dans un tel foyer et que cette BD traite la violence au sein d'un foyer avec une grande justesse, une justesse glaçante dont le final m'a donné envie de jeter des trucs contre le mur.

Je reviens bientôt avec la seconde partie de mes lectures récentes. En attendant, raconte-moi : c'est quoi ta lecture en cours ? Est-ce que tu es plus lecteurice de jour ou de nuit ? Un livre à la fois ou plein en même temps ? Quelle est la réponse à la Grande Question ?