#308 09 Novembre 2020 16:43:32
Merci de vos messages.
Concernant mes lectures, j'ai continué Rebecca. Je vais donner ma première impression alors que je suis à environ 2/5ème du roman. Le récit de Du Maurier se développe à la première personne et repose sur une tension dont l'origine est une figure forte extérieure dont la fascination se mêle avec l'inquiétude. Cette construction est très similaire à l'autre roman que j'ai lu de l'autrice "Ma cousine Rachel".
Le fait d'utiliser la première personne, de vivre les sensations telles que les ressent la narratrice empêche de prendre du recul par rapport aux évènements et, par conséquent, nous entraîne à vivre sous la perspective de l'héroïne. Du Maurier réussit très bien dans cet exercice et on se retrouve à lire un roman gothique avec aucun élément fantastique. Manderley n'est pas un Usher et on ne voit pas le fantôme de Rebecca se promener sur la propriété et pourtant son nom est invoqué comme celui de Voldemort, avec la crainte que quelque chose de terrible advienne lorsqu'on le prononce.
Il me semble que si un écrivain talentueux racontait cette histoire du point de vue de Maxim de Winter, il y aurait là quelque chose de très intéressant à faire.
Pour la culture générale, j'ai pris dans ma bibliothèque une sorte d'introduction à la philosophie politique dans la collection Les fondamentaux des éditions Hachette, rédigé par Michel Terestchenko. Le premier chapitre intitulé "individu et société" se concentre sur la liberté et son exercice dans la société. J'aime bien la collection mais je n'en ferais pas un résumé exhaustif par risque de paraphraser l'auteur.
Si je trace vite fait les points de tension.
Du point de vue politique,
Les libéraux considèrent que la raison d'être de la société est de protéger les libertés individuelles, droits inaliénables de l'homme. C'est le principe de la proclamation de droits de l'homme.
Mais de nombreuses voix ont rejeté cette vision de la société qui n'existerait que pour garantir les intérêts individuels et ont développé l'idée de la société comme un corps qui ne se résume pas à l'agrégation des intérêts particuliers de chacun de ses membres. Cette vision holiste de la société s'est incarné dans la notion de citoyenneté.
De fait, l'exercice de la liberté au sein de la société est perçu différemment dans chacune de ces visions. Pour les libéraux, l'intervention de la société dans la vie des individus est forcément attentatoire à leurs libertés mais elle est toléré dans la limite que son intervention permet de protéger les droits individuels de chacun. Pour leurs détracteurs, l'accomplissement de la liberté individuelle se fait dans la participation à quelque chose de plus grand que la préservation de leur liberté égoïste mais dans le développement d'une société à laquelle ils sont intégralement partie.
Bon, sur ce premier point, on pourra ensuite rapprocher à d'autres notion clef ou d'autres problématiques d'actualité qui se poseront. Pêle-mêle, je pense à démocratie, communisme, socialisme, communautarisme, citoyenneté (déjà cité), droits de l'homme, universalisme, etc...
Du point de vue sociologique,
Le déterministes considèrent que la société répond à des règles propres qui ne s'assimilent pas à la somme des parties qui la composent et que cette vie propre de la société détermine les modalités suivant lesquelles les individus se développent. De fait, il n'existe pas pour les déterministes une véritable morale individuelle, cette dernière n'étant que le résultat de la société. La morale est, par essence, sociale. Durkheim développe l'étude du fait social pour expliquer le comportement individuel.
La position déterministe s'est vu opposé deux critiques. tout d'abord, l'individualisme méthodologique prend le contrepied de la thèse déterministe en expliquant que le phénomène social s'explique d'abord par l'émergence de motivations individuelles. C'est un peu le réponse du berger à la bergère. mais bon j'imagine que si je mets les mots déterministe et individualisme méthodologique dans une copie je fais des heureux.
La deuxième critique vient du fait que la solution déterministe a pour conséquence d'exclure toute responsabilité morale. en effet, si mes actes sont la conséquence d'un fait social et non de ma conscience individuelle, on ne peut pas moralement me reprocher mes actes . «Il n’est pas rationnel de croire que les choix sont déterminés et, simultanément de considérer que les hommes méritent d’être blâmés on loués pour leurs actes. » (Isaiah Berlin).
Les critiques des déterministes ont dénoncés le caractère construit du fait social qui serait une invention intellectuelle sans aucune réalité historique.
L'auteur termine cette partie sociologique en s'attardant sur un auteur que je ne connaissais pas pour dépasser l'opposition liberté/déterministe : Adolphe Quételet.
Quételet, mathématicien belge, dit que la prééminence de certains comportement sociaux ne remet pas en cause la liberté individuelle mais s'explique facilement par la théorie des possibilités. Ainsi Quételet crée l'homme moyen, un homme fictif qui correspond à ce que serait un homme qui serait le résultat moyen de tous les hommes composant la société. Et en utilisant la loi des grands nombres, il explique qu'à un certain degré, les effets du libre arbitre s'annulent et c'est l'opinion de l'homme moyen qui prédomine. Mais au stade individuelle, il n'y a aucune remise en cause de la liberté de chacun dans sa conduite. (Bon, pas sûr d'être très claire concernant Quételet).
L'auteur finit par une légère ouverture sur l'arrivée de la systémique en sociologie mais peut-être que ce sera abordé plus tard.
Sur ce second point, on pourra ensuite rapprocher à d'autres notions clef ou d'autres problématiques contemporaines, je pense notamment à la responsabilité, au groupe, à la masse, au respect de l'autorité, et j'en oublie sûrement.
Finalement je finis ce petit rapport avec la saison 2 de The Good Place. La première partie a eu un rythme un peu plus particulier, notamment parce que dans les premiers épisodes, chaque verrou trouvait sa résolution à la fin de l'épisode. Puis on a eu quelques épisodes où on s'est concentré sur la relation entre les personnages, occultant presque totalement le milieu dans lequel ils vivaient. Ce n'est qu'au milieu de la saison qu'une nouvelle intrigue à plus long terme s'est mis en place.