Bonsoir,
A mon tour de donner mon ressenti...
Cette lecture me laisse un petit goût mitigé. Assez contente de façon générale, et par brefs moments j'ai presque réussi à laisser l'enfant en moi s'émerveiller, mais pour sûr je ne conseillerais pas ce livre à mes enfants (ni à mes amis).
En fait, je vous rejoins dans l'idée que ce livre se compose en deux parties: celle où Harold est pauvre et plutôt malheureux etc., puis la partie magique qui prend le dessus; un petit quelque chose de dickensien, sauf que je n'ai jamais lu Dickens (mais ça va, j'en ai déjà entendu parler et je vois tout à fait de qui on parle!;) ) et du coup ce n'est pas la première image qui m'est venue en tête...
J'ai plutôt eu l'impression d'un début un peu décousu et aux antipodes de l'esprit de Noël, un peu comme si Romain Sardou s'était amusé à distribuer des pièces d'un puzzle dont on ne voit pas l'image finale, qu'on sait qu'elle sera sur le thème de Noël, sauf que chaque pièce prise séparément est sombre et noire et triste! Et puis,
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à partir de l'épisode du collet entraîné par ce qui s'avérera un lutin
tout s'enchaîne et peu à peu les différentes pièces s'emboîtent et s'imbriquent de façon hyper-maîtrisée, mais sans jamais perdre cette ambiance mélancolique que beaucoup ont soulignée.
D'ailleurs, à défaut de penser spontanément à Dickens, je me suis intéressée à l'étymologie. Plusieurs d'entre vous parlent de la banlieue de Londres... euh, c'est moi qui ai loupé quelque chose, ou c'est vous qui avez interprété? Moi je n'ai vu aucune référence directe à la ville de Londres, mais bien une ville industrielle imaginaire, du nom horrible de "Cokecuttle": de
coke, le charbon (pas besoin d'en rajouter, tout le monde connaît les anciennes cités minières...), et de
cuttle, que j'ai dû chercher... et c'est une seiche!! vous savez, ce mollusque connu pour éjecter une encore noire visqueuse en système de défense. Romain Sardou a donc situé son histoire, en première partie du moins, dans un monde plus noir que noir, gluant, sinistre et tout et tout... c'est vraiment, carrément flippant! Bref, oui, on peut dire que l'ambiance est super-bien rendue, aussi horrible qu'elle soit! Dès lors, j'ai beaucoup de mal à trouver une quelconque "magie de Noël" dans cette histoire,
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quand même le choix du Pôle Nord paraît un pis-aller et perd tout aspect magique
.
Cela dit, si j'ai bien aimé le petit
Harold pour sa débrouillardise, sa capacité à s'émerveiller malgré tout, ce n'est pas lui qui m'a le plus touchée!
J'ai plutôt bien aimé, avec quelques réserves toutefois, la référence à Saint-Nicolas! C'est vrai que le Grand Saint est clairement en perte de vitesse en plein d'endroits du globe, mais il est, aussi, encore et toujours très fêté en Belgique! (et ailleurs, mais je suis belge moi ;) ) Ainsi, je reste toujours un peu choquée de l'image qu'il a prise au fil du temps aux yeux de certains, et de son assimilation très américano-capitaliste (hélas reprise par une nouvelle mode en train de monter par chez nous aussi) sous forme d'un bedonnant Santa Claus...
Je préfère infiniment la version de Romain Sardou, qui respecte deux traditions... je ne comprends juste par pourquoi il a tellement insisté (ça revient à plusieurs reprises) sur le besoin de garder un lien entre les deux! Il n'y a pourtant aucun lien entre Saint-Nicolas, ancien évêque de Smyrne (en Turquie), patron des marins et des enfants, et le Père Noël, issu des légendes scandinaves! si ce n'est la couleur rouge qu'ils portent tous deux (mais différemment!!) et leur "proximité temporelle", et le trou qu'ils créent tous deux dans le portefeuille des parents chaque année au mois de décembre!! :ptdr: (et quand vous avez en plus, comme moi, un enfant né fin novembre et une autre fin janvier, ce sont des mois "maigres" pour certaines choses, mais on ferait n'importe quoi pour voir les étoiles briller dans le yeux des enfants... :pink:)
D'ailleurs, à ce sujet, Romain Sardou a manqué un pont d'or en laissant de côté le Père Fouettard! Sans doute ne savait-il pas que ce brave compagnon de Saint-Nicolas n'a jamais été un esclave issu d'Afrique, comme les générations récentes ont parfois prétendu, mais tout simplement... un ramoneur (bien plus jeune que lui) couvert de suie!? Dans la tradition belge en tout cas, jamais le Père Fouettard n'est représenté par un black, mais bien par un quelconque volontaire qui se tartine de cirage pour figurer la suie!
Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé le personnage du
Falou, dès le début, son amour de la lecture même sur des bouts de papier, et son besoin de transmettre même dans les pires conditions. L'instruction (qui commence par la lecture) et les histoires pour contrer le malheur, c'est vraiment une image que j'aime beaucoup! :) En outre, contrairement à certains ressentis cités plus haut,
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je n'ai aucun regret que Harold ne l'ait pas retrouvé plus tard, puisqu'il est présent, d'une certaine manière, en lui parce qu'il ne l'a jamais oublié, et le reprend comme "modèle" pour ses missions de Noël! C'est le plus bel hommage qu'il pouvait lui faire!
Enfin, quelques autres pépites parsèment l'histoire, comme la création du premier papier cadeau - ça a été cité par d'autres ;) pour moi c'est un passage que j'ai particulièrement apprécié, même si là aussi, il était empreint d'une certaine tristesse...
Sinon, tu m'as bien fait rire,
@Julie27, avec la fée Dora! Je n'ai pas de petite soeur (enfin, si, mais elle a presque 45 ans quoi :ptdr:) et mes enfants sont un peu trop âgés désormais pour ce genre de dessin animé, mais ça ne fait pas si longtemps, et j'ai aussitôt pensé comme toi: ah Dora l'exploratice!! et son inséparable petit singe Babouche... oh ça commence comme Balbek, non mais il l'a fait exprès ou quoi?? :tetemur:
Et de façon plus sérieuse ;) , je te rejoins dans ce sentiment que Romain Sardou ne laisse aucune chance de "rédemption" aux adultes. A part le vieux noblion narcoleptique si loin de ses Indes adorées (dont le nom m'échappe là tout de suite), ils sont tous foncièrement mauvais, incapables de rêver!
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Dans le passage de l'arrivée en Écosse, j'ai même espéré un moment que le fameux frère de Miss Parrott, tout ressemblant qu'il lui soit physiquement, serait son opposé en caractère, que ce serait lui l'acteur d'un changement pour Harold et les enfants... mais non, on s'enfonce de plus en plus dans le désespoir!
Et on ne peut s'empêcher de se demander: sommes-nous vraiment si loin de l'enfant que nous avons été? Ou est-ce Romain Sardou qui est dépressif ?
Bref, j'hésite entre 14 et 15/20, mais comme je disais, ce n'est pas la meilleure lecture de Noël que j'aie eue ces derniers temps!