[Sorcières - Avril 2021] - Parlons du livre...

  • Vinushka

    Bookworm

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    #31 18 Avril 2021 16:46:01

    Livresovore a écrit

    Je comprends qu'on puisse reprocher à l'autrice de ne pas confronter plus de situations différentes dans certains cas mais, de mon expérience personnelle et pas mon vécu et mes envies, je trouve ça nécessaire qu'un livre mette en fin en lumière une partie des femmes qui sont souvent oubliées (là je pense clairement au chapitre 2) et uniquement ces femmes.


    Je suis totalement d'accord avec toi. On parle assez de la maternité merveilleuse dans les media. Et pourtant, je suis maman. ^^

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Même âge que toi, mais j'ai eu un enfant. Je ne regrette pas mais je n'ai pas envie de revivre la maternité. Et quand je m'exprime à ce sujet, je vois bien le tabou. J'ai une amie idem, elle a eu un enfant, elle l'adore, elle fait ce qu'il faut, mais elle veut passer à autre chose maintenant qu'il grandit. Elle a le droit à des remarques aussi...

    Je trouve que Mona Cholet a globalement raison sur le fait que la maternité empêche de se réaliser ailleurs (activité pro/artistique, etc.). Pourtant, j'ai fait des études supérieures avec mention jusqu'au master, pas eu le courage de dire oui à la thèse en revanche, tout en m'occupant seule de mon fils, etc. donc je pourrai être un "exemple" mais les exceptions, je m'en méfie. Et au bout d'un moment, je commence à ramer ce qui n'est pas le cas de mon conjoint (même âge, même niveau d'étude, caractère très proche... mais il a fait des sacrifices que je ne peux pas faire comme accepter des contrats loin de notre foyer, etc.). Après on va dire oui, chacun fait ses sacrifices. Le truc c'est que la femme est très souvent la variable d'ajustement du couple (même quand l'homme est de bonne volonté). C'est logique et l'équation parait égalitaire dans une situation de couple... bah elle ne l'est pas économiquement. Je le vois avec toutes les femmes de ma famille sans exception. Ma mère m'a dit hier, "je regrette de ne pas m'être construite", alors qu'elle ne connait pas mes lectures. C'est du ressenti, mais aussi des chiffres (les femmes font + de mi-temps, ont + de trous dans leur carrière, moi j'ai des rdv pour mon enfant autiste et je ne croise que des mamans dans la salle d'attente, quand je prends le père avec moi, les pro de santé le remarquent comme un fait rare... etc.)



    Je rajoute que je suis d'accord avec @Eliz sur la mutation du modèle féminin. On glorifie les mères, mais pas forcément la mère au foyer de nos jours...  On glorifie les femmes qui s'adaptent à être les meilleures équilibristes, et ça serait chouette d'en parler (j'ai conseillé un livre qui a l'air d'évoquer ce sujet dans l'autre topic). Cela peut amener les femmes à culpabiliser quand elles ne conviennent pas à ce standard qui n'est pas accessible à toutes (car comme dit plus haut, je me méfie des exceptions). C'est d'ailleurs le standard que j'essayais de rejoindre et j'en suis revenue !

    Je pense que le point est là. Je n'ai pas eu le sentiment que Mona Cholet clashait les mères mais qu'elle déplorait leur situation (tout le passage sur l'Etat-Mari m'a semblé défendre les mères par exp). Même quand elle est bien vécue, une situation inégalitaire reste inégalitaire et il faut le dire. Ce n'est pas une honte d'être dans cette situation (enfin, moi je n'en ai pas honte).  C'est aussi pour les mères que la cause féministe doit avancer et pour les enfants, parfois oubliés de l'équation.

    Si, on peut avoir cette impression qu'elle diabolise les hommes, ce n'est pas non plus mon ressenti. Elle cite souvent Martin Winckler qui n'est pas une femme et qui a beaucoup fait avancer les mentalités en gynécologie. Il s'avère qu'effectivement, elle cite beaucoup d'hommes qui ont fait du tord. Elle aurait pu citer des femmes. La réalité fait qu'il y a aussi plus d'hommes qui ont fait du tord, parce que durant de nombreux siècles, c'est eux qui avaient le pouvoir. Ceci étant dit, elle aurait pu contrebalancer en évoquant aussi des femmes qui ont fait du tord : à moindre échelle, je pense à la députée ou ministre (donc femme) qui s'était prononcé contre le retrait de la tva sur les produits menstruels estimant que ce n'était pas des produits de première nécessité...


    Là encore, totalement d'accord. 

    Le truc concernant les hommes, c'est qu'ils ont beau être pro-féministes, ils restent en position de dominant. C'est ce que j'ai dit à mon homme quand il m'a dit que si on fait un enfant (il en veut, moi pas), il fera tout (venant de lui, c'est de bonne foi)... je vous épargne le bel exposé que je lui ai fait et pourquoi dans notre société, la charge mentale me tombera dessus. C'est une discussion que je voulais avoir depuis 5 ans avec lui, car à chaque fois que je commençais à dire que je n'en voulais pas, il me disait "t'es chiante". Franchement, si j'étais l'homme, je ne serai même pas contre avoir un deuxième enfant. Le fait que je sois une femme n'est donc pas anodin.

    Même si la société change, ça met du temps. Par exemple, un rapport sur le congé parental a circulé récemment pour faire le point sur cette loi qui devait nous apporter plus d'égalité : "Moins de 1% des pères prennent leur congé parental" contre "14 % des mères en moyenne". Pourtant, beaucoup d'hommes auraient aimé en profiter, mais si le reste ne suit pas (par exp égalité salariale, mentalités des dirigeants, la somme invariable de 399 euros... ), c'est compliqué de le mettre en pratique. Il y a aussi des raisons sexistes qui sont évoquées dans les articles.

    Je ne sais pas si vous connaissez la revue féministe "la déferlante". J'ai vu des imp écran d'une interview d'un homme pro-féministe (il me semble que c'est ce cher Martin d'ailleurs!) qui s'est rendu compte qu'il avait une attitude de dominant. Il venait de faire une conférence dont il était fier et a vu sur les réseaux une remarque comme quoi il était insupportable et avait trop coupé la parole à son interlocutrice... il ne pensait tellement pas dégager cette image ! Cela l'a vexé, mais avec humilité, il s'est rendu compte de ce que je viens de dire : même avec la meilleure volonté du monde, il a ses privilèges. C'est cela que j'attends des hommes et non un "pas tous les hommes...". (et j'étais la première à le dire il y a quelques années, je le précise pour être honnête.)

    Je pense qu'il ne faut pas le prendre "personnellement" pour les hommes. Quand des personnes racisées ont ce genre de parole envers "les blancs" (j'ai une amie qui le fait beaucoup^^), je ne le prends pas personnellement. Je sais que je n'ai aucune idée de ce qu'elle vit en tant que personne noire, même si j'essaie. Pourtant des fois, je ne me reconnais pas dans "Les blancs sont comme-ci comme-ça..." mais le jour où je m'entends dire que moi je suis pas comme ça, pas comme les autres blancs, franchement je me mettrai moi-même une baffe. ^^

  • Guenièvre

    Puits de lecture

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    #32 18 Avril 2021 18:31:37

    Bonjour tout le monde, j'ai tapé mes réponses plus tôt dans la journée, ainsi que quelques réactions mais je vois que le débat a encore avancé depuis, c'est top (et je dois éditer mon message prépréparé... :angel:)

    → Qu'avez-vous pensé de la construction du livre?
    De l'articulation entre les parties, des références citées (et de leur importance)?
    Du lien entre les sorcières et le monde contemporain?
    Les quatre parties m’ont paru pertinentes et bien articulées. J’ai beaucoup aimé le retour continuel à la figure de la sorcière, comme un fil guidant la réflexion. Le seul bémol à mes yeux réside dans la biblio, que j’ai trouvé un peu pauvrette. Mais c’est certainement la thésarde en moi qui oublie qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’un travail académique, mais d’un essai destiné au grand public.

    → Certaines parties vous ont-elles davantage plu / déplu?
    Pas réellement, j’ai adhéré à certaines idées réparties dans les différents chapitres.
    J’ai été particulièrement marquées par trois idées. La première est celle de la chasse aux sorcières comme un outil pour soumettre les femmes. Je n’avais jamais envisagé cet épisode historique sous cet angle, et c’est vrai que quand on le présente comme cela, le lien avec la crainte engendrée par la femme intelligente et autonome m’a paru tout à fait frappant.
    La deuxième idée est celle d’une pression pour avoir des enfants et des conséquences que cela peut engendrer sur la situation et la vie d’une femme. La réalisation qu’avoir des enfants n’était ni une fatalité, ni un passage obligé pour réussir sa vie m’a enlevé un poids des épaules. Ça m’a donné une nouvelle perspective, ç’a légitimé mon envie de privilégier ma carrière par rapport à ma vie sentimentale.
    La dernière est celle d’une construction masculiniste de la science contemporaine (le paternalisme épistémologique que j’avais entendu mentionner en passant). La relecture de cartésianisme et de la prétendue rationalité contemporaine, mise en rapport avec la catastrophe écologique, ç’a vraiment fait mouche et ça m’a ouvert de nouvelles perspectives dans mon travail de thésarde.
    Le chapitre concernant l’âge a moins fait écho en moi, puisqu’il ne renvoie pas à ma situation personnelle. Mais je suis heureuse de l’avoir lu, je pense qu’il est important d’avoir conscience de certaines de ces choses avant qu’elles nous arrivent réellement.

    → Avez-vous trouvé que c'était facilement abordable?
    Oui, j’ai trouvé le livre facilement abordable et je l’ai dévoré (deux fois, une il y a quelques mois, une seconde pour le BC).

    → Qu'avez-vous pensé de la façon de traiter les différentes thématiques? (tolérante / biaisée / complète, ... ?)
    Comment les avez-vous perçues?

    Dans l’ensemble, j’ai trouvé que c’était un livre très orienté,  et qui visait à prêcher aux converties. Cela se ressentait au demeurant dans les sources, pour la plupart des ouvrages féministes eux-mêmes. Si je donnais ce livre à lire à n’importe lequel des hommes de mon entourage, il serait immensément offusqué des idées défendues et les balaierait d’un revers dédaigneux (bonne femme hystérique/mal baisées serait pensé très fort, voire grommelé, mais probablement pas jeté à haute et intelligible voix).  Par moment, j’aurais aimé un peu plus de nuances, et moins de pétitions de principe. Il y avait des affirmations qui n’étaient pas justifiées. Bien évidemment, l’absence de justification ne m’ennuie que quand je ne suis pas totalement d’accord avec ce qui est dit, ça me gêne beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’une affirmation qui recoupe mes propres convictions… :sifflote:

    → Vous êtes-vous retrouvé·e dans les situations mises en avant?
    Dans certaines, oui: doute de soi-même face à des hommes arrogants - qui savent moins bien que moi; rendez-vous gynécologique désagréable, réflexe pathologique de m’effacer (ma personnalité, mes besoins) au bénéfice des autres (l’histoire de la maman qui mange les crackers brisés: tellement vrai!!!!)
    Sous d’autres aspects, je pense que je suis particulièrement chanceuse de vivre dans un milieu éduqué et hautement féminisé, donc certaines situations me sont épargnées. Si je rejoins totalement l’autrice sur la question des maths (je fais un rejet absolu de tout ce qui se rapport aux chiffres), en revanche j’ai toujours mis un point d’honneur à cultiver des attributs masculins tels que l’adresse physique et le sens de l’orientation, la résolution de problèmes et le bricolage.

    → Ce livre correspondait-il à vos attentes? Ou pensiez-vous y trouver autre chose, par exemple?
    Je ne savais pas réellement à quoi m’attendre, j’avais simplement entendu parler du livre et une grande curiosité pour la figure de la sorcière. Finalement, j’ai appris plein de choses et ajouté nombre d’arguments à ma musette de féministe. J’ai aussi été amenée à réfléchir à ce que j’attendais de la vie grâce aux réflexions qui m’ont donné du grain à moudre.

    → De façon globale, avez-vous aimé ce livre? Ou qu'est-ce qui vous a plu / déplu?
    Recommanderiez-vous ce livre? À toutes et à tous?

    Oui, dans l’ensemble j’ai beaucoup aimé. Je l’ai déjà recommandé à deux femmes, mais je ne suis pas sûre qu’il soit pertinent que je le fasse lire aux hommes de mon entourage, qui monteraient immédiatement sur leurs grands chevaux.
    Ce qui m’a tout de même déplu, c’est le caractère unidimensionnel de la thèse défendue, et les sources quelque peu superficielles.

    @Eliz Merci beaucoup pour ton retour sur la médecine, ça fait du bien de savoir que cela change!

    Il me semble que nous sommes assez nombreux.ses à avoir trouvé le livre trop tranchés sur certains points, j’ai relevé Eliz sur les violences médicales et la maternité, plussoyée par cocomb3 en ce qui concerne la maternité.  MelodyPond le souligne aussi, et Julie27

    @Herbye23 Sur la question du pessisme du bouquin je suis assez d’accord avec toi, j’ai eu le sentiment que Mona Chollet était quelque peu collapsologue. Elle dénonce beaucoup de choses, et on voit qu’elle cherche à comprendre (et faire comprendre) certaines des choses qui ne tournent par rond dans notre monde. Pour autant, elle ne suggère pas réellement de solution. Certes, que pourrait-on suggérer comme solution à la misogynie (autre que « élever correctement nos enfants »…:lol:)

    @Dans l’aile Ouest Merci beaucoup pour ton retour, ça fait du bien de voir que quelqu’un a un avis tranché très différent de la majorité. Je comprends totalement ton ressenti sur le caractère clivant du livre. Et j’admets bien volontiers que certaines de ses formulations puissent paraître indûment méprisantes (j’avoue que du point de vue de qqn qui a fait le choix d’avoir des enfants et d’en être pleinement satisfaite, il ne doit pas être très agréable de lire ce genre de jugements à l’emporte-pièce. Quelque part, je te rejoins sur la question: j’ai remarqué plus haut dans mon message que l’autrice ne faisait que prêcher à converti.e. Ton avis tranché me conforte dans cette opinion: le livre est très agréable à lire si on est d’accord, très désagréable dans le cas contraire.
    J’ai aussi envie de dire que ce livre m’a mise en colère pendant ma première lecture (comme Freyja et Maisys), et que ça m’avait donné envie de sauter à la gorge de tous les hommes de mon entourage. C’est d’ailleurs un reproche qu’eux font souvent aux féministes: dresser les femmes contre les hommes. Des avis là-dessus? J’ai vu que Julie27 mentionnait que les hommes étaient diabolisés. J’avoue que c’est un grand sujet d’interrogation pour moi: comment concilier mes convictions féministes avec mon entourage d’hommes qui refusent de remettre en cause leur position privilégiée?

    @Julie27] Je te rejoins totalement sur le caractère américano-centré du livre, ça m’a grandement gênée, surtout que la société américaine n’a pas grand chose à voir avec la nôtre sur nombre de points. D’un autre côté, c’est vrai qu’il y a eu une riche production de penseuses féministes dans ce pays-là, certes…

    Livresovore a écrit

    Si, on peut avoir cette impression qu'elle diabolise les hommes, ce n'est pas non plus mon ressenti. Elle cite souvent Martin Winckler qui n'est pas une femme et qui a beaucoup fait avancer les mentalités en gynécologie. Il s'avère qu'effectivement, elle cite beaucoup d'hommes qui ont fait du tord. Elle aurait pu citer des femmes. La réalité fait qu'il y a aussi plus d'hommes qui ont fait du tord, parce que durant de nombreux siècles, c'est eux qui avaient le pouvoir. Ceci étant dit, elle aurait pu contrebalancer en évoquant aussi des femmes qui ont fait du tord : à moindre échelle, je pense à la députée ou ministre (donc femme) qui s'était prononcé contre le retrait de la tva sur les produits menstruels estimant que ce n'était pas des produits de première nécessité...


    Elle cite tout de même pas mal de femmes, par exemple dans le chapitre du la vieillesse concernant les conseils beauté pour les femmes qui veulent arrêter de se teindre sans pour autant paraître négligées. Il y a d’autres exemples aussi, comme celle qui avait critiqué Gloria Steinem, ou Sophie Fontanel.

    Vinushka a écrit

    C'est une discussion que je voulais avoir depuis 5 ans avec lui, car à chaque fois que je commençais à dire que je n'en voulais pas, il me disait "t'es chiante".


    Je vois pas en quoi exposer son point de vue sur une question aussi personnelle que ça c'est être "chiante", vu que c'est une position que tu adoptes pour toi-même et pas pour embêter ton conjoint exprès... O_o

    @Emmani Merci à toi aussi pour ton avis négatif, j'avoue que je comprends le caractère "superficiel" que tu dénonces - j'ai pensé la même chose dans une certaine mesure, mais je l'ai exprimé sous l'angle de la biblio. Elle cite beaucoup d'auteur.trices, mais elle n'apporte pas grand chose à ces citations pour développer une réflexion personnelle. Cela étant, je n'en ai pas été gênée car j'ai lu assez peu de littérature féministe. J'en suis encore au stade de la découverte - même si j'ai des convictions bien assises sur la question depuis un bail =)

    Dernière modification par Guenièvre (18 Avril 2021 18:36:57)

  • Andreal Space

    Apprenti Lecteur

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    #33 18 Avril 2021 18:53:23

    Salut ^^

    Pour ma part, je ne l'ai pas lu mais écouté. Impossible d'arriver à avoir la main dessus à la bibliothèque, alors je l'ai pris en livre audio.
    Je l'ai écouté il y a quelques mois maintenant mais je me rappelle encore de plusieurs choses qui m'ont marqué.
    En vous lisant, il s'agit globalement des mêmes choses : la maternité et l'utilisation du mot "sorcières".

    Au début, il est présent et l'approche socio-historique est très intéressante ! Je m'attendais donc à le retrouver sur les différents thèmes présents dans le livre; pour au final constater que ça ne servait que de mise en bouche.
    J'ai trouvé ça dommage de ne pas garder ce parallèle avec l'image de la sorcière et son imaginaire tout du long.

    J'ai aussi tiqué sur ce qu'elle disait quant à la maternité. C'est un sujet que je trouve complexe car il est très personnel à chacune, à chaque personne possédant un appareil reproducteur féminin. Il y a encore trop de jugement sur le fait d'avoir un enfant ou non et pourquoi.

    Je m'attendais à autre chose mais je n'ai pas forcément été déçue parce que je m'attendais aussi à ce que ça suscite un débat même intérieur. Les essais, de manière général pour moi, doivent avoir ce genre d'effet, amener la discussion sur des sujets importants pour en avoir une vision plus globale et en même temps plus précise, et nous permettre d'avancer en tant que personne et donc en tant que citoyen-nne.
  • deslivresetmaude

    Livraddictien débutant

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    #34 18 Avril 2021 23:15:05

    Bonsoir à toutes,

    J'ai lu tous vos commentaires, je suis vraiment ravie d'avoir participé à ce book club. C'était une première pour moi.
    Je ne suis pas intervenue après avoir donné mon ressenti de lecture, j'attendais un peu de voir comment ça se passe. Et puis je pense que j'aurai été redondante, je suis d'accord avec vos propos, dans le cas contraire je comprends pourquoi vous avez aimé ou pas. Comme l'a dit @Livresovore, notre ressenti dépend pour chacune de notre vécu, et éducation, culture ou intérêt pour ces sujets.

    Il est vrai que je n'ai pas non plus trop donné mon ressenti personnel, cette fois par pudeur. Et là bizarrement, contrairement à vous je n'ai pas été confortée par les passages dont je m'attendais à l'être. Par exemple j'attendais beaucoup de la seconde partie sur le non désir d'enfanter, finalement j'ai trouvé ce passage le plus long et fastidieux à lire. Mais c'est une bonne chose, ça m'a prouvé que je n'avais pas besoin d'être confortée dans mon choix de ne pas avoir d'enfants. A contrario, j'appréhendais la partie sur la vieillesse, je n'ai pas de problèmes avec le fait de vieillir, avoir des rides, etc... j'ai juste un bête souci avec le nombre qui augmente inéluctablement, eh bien finalement j'ai aimé cette partie.

    Au final j'ai beaucoup aimé cette expérience, ce partage autour d'une lecture commune, et vos commentaires tous enrichissants, je recommencerai avec plaisir.

    Bonne soirée :)
  • Book explorer

    A la découverte des livres

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    #35 19 Avril 2021 23:26:32

    Bonsoir !

    Je n'ai pas encore terminé ma lecture donc je ne vais pouvoir donner mon avis que sur le premier chapitre (une vie à soi).

    Ce que j'ai lu m'a beaucoup plu ! J'ai appris beaucoup de choses et j'ai noté pas mal de références. Cela fait depuis un an que j'entends parler de cet essai sur Internet. Comme je n'ai jamais vraiment lu d'essai féministe auparavant, je me suis dit que ça pourrait être un bon début ! L'écriture de Mona Chollet est fluide et plutôt facile à comprendre (j'avais peur de rencontrer des termes totalement inconnus au bataillon, de ne pas saisir certaines idées, ou de ne pas comprendre ses tournures de phrases).

    Il y a beaucoup de points sur lesquelles je suis d'accord. Il y a des actions ou des mots que l'autrice pointe du doigt et qu'on ne remarque pas forcément, parce qu'ils sont ancrés dans notre vie quotidienne. On n'y fait même plus attention. Ce type d'essai est un bon moyen pour prendre conscience de son environnement et aide d'une certaine manière, à changer les choses. Ce livre donne vraiment matière à réflexion !

    Sorcières est riche en références ! Il y a eu de la recherche, ça se sent. Je vais continuer à le lire tranquillement et je ferai des recherches supplémentaires. J'espère pouvoir aussi avoir l'occasion de lire d'autres essais féministes ! Pour un rapide parallèle avec une fiction sur les sorcières et sur la cause des femmes, j'ai pensé à Sœurs sorcières. C'est une trilogie que j'ai lu il y a un petit moment mais certains points abordés dans l'essai m'ont fait pensé à cette histoire que j'avais adoré !

    En tout cas, je suis ravie d'avoir pu participer à ce book club ! :-)
  • brijoudu93

    Propriétaire d une PAL boulimique

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    #36 23 Avril 2021 18:39:30

    bonjour tout le monde
    je viens un peu tard donner mon avis sur cette lecture (avis qui, bien entendu, n'engage que moi)
    je n'ai pas été du tout enthousiasmée par cet essai !
    je m'attendais vraiment à un traité sur les "sorcières" et finalement on n'en parle pas tant que çà et je trouve çà un peu dommage !
    J'aurais aimé plus de nuances, plus de délicatesses, je trouve cet auteur très, très péremptoire dans ses avis, dans ses recherches !
    bref çà pas été une lecture plaisir même si je reste satisfaite d'avoir lu cet essai vers lequel je ne me serais pas tournée de moi m^me
  • Livresovore

    Dompteur de pages

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    #37 23 Avril 2021 21:30:24

    Eliz a écrit

    C'est vrai que dans cette partie c'est une bonne chose qu'il y ait des exemples "extrêmes" car on n'entend pas souvent (voire jamais) ce point de vue, mais je trouve qu'en ayant fini cette partie, comme d'autres l'ont dit, on a la sensation que vouloir des enfants n'est pas féministe et que cela paraît absurde tant le seul effet produit par la maternité est le frein à l'épanouissement personnel des femmes.

    Je suis jeune et je ne me suis pas encore réellement posée la question de la maternité, mais je ne peux m'empêcher de penser que la seule solution à l'égalité femme-homme et à l'émancipation de la femme n'est pas de ne pas devenir mère.

    Personnellement contrairement à toi je n'ai pas trop vu/lu/entendu d'exemple parlant d'entre-deux, or c'est un vrai sujet car aujourd'hui on valorise le fait que les femmes s'épanouissent dans leur carrière tout en ayant des enfants, mais cela va de pair avec une dégradation de l'éducation de ces derniers, dans le sens où malheureusement de nos jours beaucoup d'enfants passent leur temps devant les écrans alors qu'auparavant les parents (et par là je veux dire, la mère), prenaient plus le temps de jouer avec eux, leur faire de la lecture, ou autres activités susceptible de développer leur imagination. Evidemment loin de moi l'idée de conclure que l'émancipation des femmes est mauvais pour l'éducation des enfants, mais la question du partage de l'éducation mérite tout autant d'être étudiée que le fait de ne pas vouloir d'enfant selon moi !


    Tu as raison. Dans tous les livres/podcasts féministes que j'écoute, le sujet de la maternité divise vraiment les gens. Je n'ai jamais voulu d'enfant, et ce bien avant d'être féministe. Après, je dois reconnaître que je connais peu voire pas en fait, de féministe qui en ont/en veulent. Parce que souvent effectivement la maternité est associé à une obligation donnée par la société patriarcale et un avilissement de la personne, elle n'est plus qu'une "mère" et la "femme" s'efface.
    Pour moi avoir envie/avoir des enfants n'est pas incompatible avec être féministe.
    Au final, je pense qu'on pourrait écrire un livre complet sur les 1000 façons de vivre ou pas la maternité quand on est une femme.
    Et je rejoins ton avis pour la seconde partie de ton message : effectivement, on finit toujours par trouver une "faille" qui ouvre la porte à une critique envers la femme. "Elle réussit sa carrière mais au détriment de l'éducation de ses enfants". Par contre l'homme, c'est pas du tout un reproche qui lui ai adressé...
    Il faudrait peut-être avoir plus d'exemples de femme qui arrivent à allier les deux sans pression. Je pense qu'elles ne sont pas si nombreuse, non pas parce qu'elle n'y arrive pas, mais parce qu'une part non négligeable arrive à gérer les deux parce qu'elles se foutent la pression (qui est souvent mise inconsciemment par les amis/la famille).

  • Livresovore

    Dompteur de pages

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    #38 23 Avril 2021 21:54:06

    Vinushka a écrit

    Je suis totalement d'accord avec toi. On parle assez de la maternité merveilleuse dans les media. Et pourtant, je suis maman. ^^

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Même âge que toi, mais j'ai eu un enfant. Je ne regrette pas mais je n'ai pas envie de revivre la maternité. Et quand je m'exprime à ce sujet, je vois bien le tabou. J'ai une amie idem, elle a eu un enfant, elle l'adore, elle fait ce qu'il faut, mais elle veut passer à autre chose maintenant qu'il grandit. Elle a le droit à des remarques aussi...

    Je trouve que Mona Cholet a globalement raison sur le fait que la maternité empêche de se réaliser ailleurs (activité pro/artistique, etc.). Pourtant, j'ai fait des études supérieures avec mention jusqu'au master, pas eu le courage de dire oui à la thèse en revanche, tout en m'occupant seule de mon fils, etc. donc je pourrai être un "exemple" mais les exceptions, je m'en méfie. Et au bout d'un moment, je commence à ramer ce qui n'est pas le cas de mon conjoint (même âge, même niveau d'étude, caractère très proche... mais il a fait des sacrifices que je ne peux pas faire comme accepter des contrats loin de notre foyer, etc.). Après on va dire oui, chacun fait ses sacrifices. Le truc c'est que la femme est très souvent la variable d'ajustement du couple (même quand l'homme est de bonne volonté). C'est logique et l'équation parait égalitaire dans une situation de couple... bah elle ne l'est pas économiquement. Je le vois avec toutes les femmes de ma famille sans exception. Ma mère m'a dit hier, "je regrette de ne pas m'être construite", alors qu'elle ne connait pas mes lectures. C'est du ressenti, mais aussi des chiffres (les femmes font + de mi-temps, ont + de trous dans leur carrière, moi j'ai des rdv pour mon enfant autiste et je ne croise que des mamans dans la salle d'attente, quand je prends le père avec moi, les pro de santé le remarquent comme un fait rare... etc.)


    Mais c'est tout à fait ça ! Tu as mis les mots sur ce que je pense.


    Vinushka a écrit

    Le truc concernant les hommes, c'est qu'ils ont beau être pro-féministes, ils restent en position de dominant. C'est ce que j'ai dit à mon homme quand il m'a dit que si on fait un enfant (il en veut, moi pas), il fera tout (venant de lui, c'est de bonne foi)... je vous épargne le bel exposé que je lui ai fait et pourquoi dans notre société, la charge mentale me tombera dessus. C'est une discussion que je voulais avoir depuis 5 ans avec lui, car à chaque fois que je commençais à dire que je n'en voulais pas, il me disait "t'es chiante". Franchement, si j'étais l'homme, je ne serai même pas contre avoir un deuxième enfant. Le fait que je sois une femme n'est donc pas anodin.

    Même si la société change, ça met du temps. Par exemple, un rapport sur le congé parental a circulé récemment pour faire le point sur cette loi qui devait nous apporter plus d'égalité : "Moins de 1% des pères prennent leur congé parental" contre "14 % des mères en moyenne". Pourtant, beaucoup d'hommes auraient aimé en profiter, mais si le reste ne suit pas (par exp égalité salariale, mentalités des dirigeants, la somme invariable de 399 euros... ), c'est compliqué de le mettre en pratique. Il y a aussi des raisons sexistes qui sont évoquées dans les articles.

    Je ne sais pas si vous connaissez la revue féministe "la déferlante". J'ai vu des imp écran d'une interview d'un homme pro-féministe (il me semble que c'est ce cher Martin d'ailleurs!) qui s'est rendu compte qu'il avait une attitude de dominant. Il venait de faire une conférence dont il était fier et a vu sur les réseaux une remarque comme quoi il était insupportable et avait trop coupé la parole à son interlocutrice... il ne pensait tellement pas dégager cette image ! Cela l'a vexé, mais avec humilité, il s'est rendu compte de ce que je viens de dire : même avec la meilleure volonté du monde, il a ses privilèges. C'est cela que j'attends des hommes et non un "pas tous les hommes...". (et j'étais la première à le dire il y a quelques années, je le précise pour être honnête.)

    Je pense qu'il ne faut pas le prendre "personnellement" pour les hommes. Quand des personnes racisées ont ce genre de parole envers "les blancs" (j'ai une amie qui le fait beaucoup^^), je ne le prends pas personnellement. Je sais que je n'ai aucune idée de ce qu'elle vit en tant que personne noire, même si j'essaie. Pourtant des fois, je ne me reconnais pas dans "Les blancs sont comme-ci comme-ça..." mais le jour où je m'entends dire que moi je suis pas comme ça, pas comme les autres blancs, franchement je me mettrai moi-même une baffe. ^^


    On est vraiment sur la même longueur d'ondes !
    En lisant ton 3e paragraphe j'ai de suite pensé au rapport blanc/noir et c'est exactement ça : en tant que blanche j'ai eu des facilités toute ma vie, mais il faut pouvoir se rendre compte que de ça pour pouvoir remettre tout en question. J'ai une amie qui porte le voile. Lorsqu'on bossait ensemble (elle était stagiaire), elle cherchait un autre stage pour son cursus. En face d'elle, une autre jeune femme : même âge, même compétence mais blanche. La deuxième a eu son stage en 3 semaines, la seconde en 5 mois. J'avais déjà conscience de ça puisque j'ai été vécue dans une ville très éclectique et je le voyais au quotidien : ma meilleure amie est mate de peau et elle a déjà eu aussi des remarques sur des trucs qui n'arriveraient pas à une blanche.
    Et ça rejoint les propos de Beauvoir aussi : elle s'est rendu compte des obligations dictées par la société patriarcale en se renseignant pour écrire Le deuxième sexe. Parce que, elle évoluait dans une société aisée, dans un milieu artistique... Et c'est en parlant avec d'autres femmes, qu'elle s'est rendu compte de tout ça.
    C'est vraiment pareil dans le cas homme/femme. Un homme ne s'est jamais vu refuser une promotion parce "bon vous avez 30 ans alors vous êtes en âge d'avoir un enfant, c'est pas le moment d'avoir un poste à responsabilité". Exemple contraire qui appuie aussi le début de ce post : une de mes cheffes était incroyable professionnellement parlant. Fonceuse et compagnie. Le nombre de fois où j'ai entendu des gens dire "non mais ces enfants tu te rends compte, ils doivent se débrouiller tout seul blablabla". Y'a une culpabilisation de la femme peut importe son choix sur des sujets très divers (pas que la maternité, mais celui-ci particulièrement est compliqué).
    Et oui "tous les..." n'est pas la bonne formule, c'est plutôt "la majorité des..." mais peut-on effectivement vraiment en vouloir à ceux qui utilisent ces expressions et qui ont souvent vécu une oppression longue vers ces "tous les..." ? C'est comme certains sujets comme l'inceste. J'écoutais un podcast la semaine dernière : 96% des incesteurs sont des hommes. On va te dire "ouais mais c'est pas que des hommes". C'est quoi 4% vs 96% ?! Il y a toujours des exceptions dans tout. Le truc c'est que lorsqu'une grande majorité se dégage, il est plus logique de dire "tous les...".