#189 17 Octobre 2021 17:29:42
Bonjour,
Décidément je suis parti sur le thème autochtone avec Débâcles de Marie-Pier Poulin.
Malgré que plusieurs thèmes intéressants y soient abordés, ce livre m'a déçu, principalement parce le récit n'est pas à la hauteur des ambitions qu'il affiche. En même temps il se lit bien, ne m'a pas ennuyé du tout et suscite des réflexions à la fois sur le processus d'acculturation et des difficiles relations entre Blancs et Autochtones. Dans un cas comme dans l'autre ces questions sont aussi complexes qu'importantes et tant qu'à s'y attaquer, autant le faire résolument et leur accorder toute l'attention qu'elles méritent.
Or j'ai trouvé que l'auteure ne réussit pas à illustrer les problèmes qu'elle soulève. Par exemple les difficultés d'adaptation de Pieri à Montréal: railleries des camarades de classes à l'entrée, regards obliques à l'occasion, un étudiant saoul qui l'insulte et voila que l'Inuk se replie sur soi, est enragé et reste solitaire. Sur un parcours de vingt-cinq ans, incluant des études universitaires exigeantes, c'est un peu court et j'aurais souhaité qu'on suive le processus de plus près, qu'on explore et expose le cheminement psychologique de Pierre confronté à ces nouveautés et à la perte de sa culture. Idem pour la colère des Inuits devant le projet de la baie James, d'autant plus que la fin est en queue de poisson pour qui ignore qu'en 1975 se signera la Convention de la Baie James et du Grand-Nord québécois.
Je comprend bien qu'un roman n'est pas un essai, mais lorsqu'on aborde des sujets aussi sensibles que ceux-ci il me semble que l'on doive le faire à fond . . . En somme le propos aurait été plus développé qu'une grande partie de mon malaise aurait disparu. Et peut-être que l'auteure aurait pu approfondir et nuancer le portrait de la communauté inuite qu'elle nous présente; car un vieux sage, l'ami fidèle, la belle jeune femme et le guerrier en colère ça fait cliché un peu, non? Peut-être suis-je trop sévère dans mon appréciation de ce livre, un premier roman faut-il le souligner, mais le sujet me tient à cœur . . . Faites-vous votre propre tête car malgré mes réserves, il vaut le détour.
Je tiens à remercier Babelio et les éditions Sémaphore qui m'ont gracieusement offert ce bouquin.