#503 25 Août 2022 11:07:28
Adieu mignonne de Marie-Ève Bourassa
Premier tome de la trilogie “Red Light”, cette histoire d'un ex-flic opiomane qui sort d'un genre d'hibernation volontaire pour tenter de retrouver un bébé volé étonne à plus d'un titre. D'abord parce cette période du Montréal olé-olé a peu été exploitée par la littérature; les interactions entre la police corrompue, la mafia italienne et les fumeries chinoises créent un monde intéressant. L'omniprésence des bordels et leur intérêt stratégique, pas seulement économique mais comme lieux de rencontres où l'information coule à flot complète un décor historique assez riche.
Quant au récit lui-même, la progression de l'enquête est plutôt sinueuse, ralentie à la fois par des personnages haut placés protégeant leurs intérêts et par les errances de l'enquêteur tant sentimentales que reliées à ses dépendances. Le rythme est lent, les apartés d'intérêt inégal, la multiplication d'éléments secondaires embrouillent au lieu d'enrichir. Au total c'est dense et on a de la misère à pointer et suivre la trame principale. Reste que ce n'est pas mauvais mais je demeure avec l'impression que l'auteure a voulu en mettre trop dès le départ. Dommage puisque le personnage central atypique aurait mérité plus d'attention.
Délicieuses pourritures de Joyce Carol Oates
Je trouve que cette autrice est à son meilleur lorsqu'elle prend le temps de développer lentement son sujet comme dans ses plus gros bouquins (quoique cette remarque ne concerne pas ses nouvelles, genre qu'elle fréquente souvent, puisque jusqu'ici je n'en ai pas lu). Toujours est-il que le titre peut être trompeur mais que ce court roman va droit au but du thème: les relations troubles entre professeurs et étudiantes, ces dernières étant de jeunes adultes.
Comme à l'habitude les personnages sont finement définis, toujours crédibles. La progression dramatique est particulièrement réussie, le trouble intérieur de la principale protagoniste allant croissant jusqu'à . . . Ce n'est certainement pas une pièce majeure de son œuvre, mais ce petit roman se laisse lire facilement, vaut la peine, et j'ai bien aimé le clin d'œil final !
L'homme du soir de Mo Hayder
Ce deuxième épisode de la saga Jack Caffery confirme l'opinion très positive que je m'étais fait à la lecture du précédent opus. Ce récit, de plus en plus glaçant alors que la vérité pointe lentement, se centre sur un tueur particulièrement vicieux qui s'en prend à de jeunes familles. On se promène entre les actions de ce sadique, le désarroi et la terreur des victimes, ainsi que sur les efforts et espoirs de l'enquêteur en chef chargé de l'affaire. Le découpage entre ces aspects et la progression sans faille de la tension font en sorte qu'on ne peut plus laisser l'histoire jusqu'à son conclusion.
L'aspect thriller est donc plus que satisfaisant à mon avis et ce tome peut facilement se lire en soi. Mais pour qui s'intéresse à la série, les déboires personnels et états d'âme de Caffery forment en parallèle un histoire en soi gratifiante; il est sous pression personnellement et professionnellement, la marmite explosera-telle ? Ses questionnements, déchirements et intuitions nous intriguent autant, ou presque, que l'enquête qu'il doit mener. Une autre bonne raison de poursuivre cette série, une cuvée très prometteuse !