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    #521 12 Octobre 2022 19:08:50

    Nous étions le sel de la mer de Roxanne Bouchard


    Quelle belle histoire que celle de cette jeune femme à la recherche d'elle-même ! À l'invitation de sa mère qu'elle n'a jamais connu elle se rendra en Gaspésie et se retrouvé mêlée à une enquête policière qui n'occupe somme toute qu'une place très secondaire dans l'histoire. Car l'autrice nous convoque plutôt à la découverte de ce coin de pays avec un plume aérienne, amoureuse de la mer et des vastes paysages, attentive aux gens du terroir. Et on vogue sur le tout, hypnotisé par ce récit de coeur et d'évocations.

    C'est ma première rencontre avec cette autrice et ce ne sera certainement pas la dernière. Non seulement l'écriture est enchanteresse, les dialogues justes et colorés, mais en plus le texte regorge de réflexions intéressantes sur la réalisation de soi, le vieillissement des couples, les conditions de vie en région éloignées etc. Une lecture qui m'a pleinement comblé.
  • Mypianocanta

    Livraddictien de l'espace

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    #522 14 Octobre 2022 18:33:03

    Je suis très en retard sur ton suivi mais j'avoue que La Sorcière de Salem de Gaskell me tente beaucoup. J'ai déjà lu deux romans de la même autrice (j'en ai encore un dans ma PAL) et j'aime sa façon d'écrire. Alors zou dans la wish. Merci pour la découverte (que j'ai vue aussi dans les propositions du Book Club d'ailleurs).
    Bon week-end :)
  • Errant

    Lecteur glouton

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    #523 18 Octobre 2022 12:45:23

    La mariée de corail de Roxanne Bouchard

    Ce deuxième tome de la trilogie consacrée au sergent Joaquim Moralès nous plonge dans une enquête “maritime” où le suspense est savamment entretenu et où la solution ne se dessine qu'au dernier moment. Le coté policier est beaucoup plus présent ici que dans le livre précédent et en soi, il est pleinement satisfaisant, autant par la complexité de l'écheveau à dénouer que par le rythme, vague après vague, de l'enquête et la découverte qu'il nous permet de faire du microcosme de cette région mythique du Québec.

    Car la Gaspésie est aussi en vedette, son histoire inextricablement liée aux différentes pêches; crevettes, homard, morue, pétoncles etc. Ainsi que les hommes, et des très rares femmes, qui les pratiquent. Avec les mesquineries propres à tout secteur qui implique une compétition . . . En plus, l'enquêteur mexicain est confronté, par l'arrivée de son fils, à des dilemmes et questionnements concernant son couple, sa carrière, sa vie quoi ! Les interactions entre les résidants et les arrivants, l'omniprésence de la mer, son attraction et ses secrets, les différents angles que peut prendre la notion de loyauté sont autant d'éléments qui font de ce roman policier une lecture qui vaut la peine, amplement la peine.



    Amour et autres violences de Marie-Sissi Labrèche

    Ce recueil de nouvelles  est en fait un ramassis de textes déjà publiés, sauf un, dans diverses revues sur une période de plus de dix ans. J'avoue d'emblée avoir un préjugé favorable envers cette autrice dont j'avais grandement apprécié “Borderline” et “225 milligrammes de moi”. Comme dans beaucoup de recueil de nouvelles, il y a ici du bon et du moins bon, du moins à mon humble avis.

    Labrèche excelle lorsqu'elle aborde les problèmes de santé mentale; elle le fait par une vue de l'intérieur, avec une écriture qui rend bien la détresse et la confusion. Elle m'apparait aussi très bonne lorsqu'elle parle de violence domestique et de sa relation compliquée, c'est le moins qu'on puisse dire, avec sa mère. J'aurai un bémol quand elle s'essaye à la porno, la nouvelle “Travelling” m'a paru, et de loin, la plus faible du lot. Impossible cependant de passer sous silence la nouvelle “Mon Montréal et moi” qui, à elle seule, vaut le détour: toute la force et la qualité exceptionnelle de l'écriture de cette auteure s'y trouvent.
  • Errant

    Lecteur glouton

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    #524 20 Octobre 2022 13:28:11

    La chaleur des mammifères de Biz

    Que faire à 55 ans lorsque la vie est plate, que les illusions se sont envolées, que le travail devient une corvée, que la famille a éclaté et qu'e l'on juge que la société va du mauvais coté ? C'est ce genre de personnage, prof de littérature, spécialiste de point-virgule, désabusé au cube, que l'auteur promène d'une déception à l'autre, d'un ricanement à de pathétiques tentatives pour donner un sens à sa vie. Aucun apitoiement sur soi ici, juste une prise de conscience implacable de la vacuité de son existence. Malgré la noirceur du thème, j'ai trouvé ce texte rafraichissant !

    Car le regard sans compromis que pose le héros sur le monde qui l'entoure est d'une lucidité admirable. Que ce soit quant à la dégradation de la qualité de l'enseignement universitaire, du terrorisme des wokes ou de l'égoïsme dans les relations humaines, les réflexions sont toujours pénétrantes, même celles qu'on ne partage pas nécessairement. L'écriture est fluide, le vocabulaire riche, les propos caustiques et l'atmosphère, noire à souhait, enveloppe le tout  presque jusqu'à la fin, fin qui m'a semblé détonner un peu trop du reste. Mais c'est un tout petit bémol par rapport à l'ensemble. Un auteur à suivre.
  • Chertograd

    Casual lecteur

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    #525 20 Octobre 2022 15:35:11

    Errant a écrit

    La chaleur des mammifères de Biz

    Que faire à 55 ans lorsque la vie est plate, que les illusions se sont envolées, que le travail devient une corvée, que la famille a éclaté et qu'e l'on juge que la société va du mauvais coté ? C'est ce genre de personnage, prof de littérature, spécialiste de point-virgule, désabusé au cube, que l'auteur promène d'une déception à l'autre, d'un ricanement à de pathétiques tentatives pour donner un sens à sa vie. Aucun apitoiement sur soi ici, juste une prise de conscience implacable de la vacuité de son existence. Malgré la noirceur du thème, j'ai trouvé ce texte rafraichissant !

    Car le regard sans compromis que pose le héros sur le monde qui l'entoure est d'une lucidité admirable. Que ce soit quant à la dégradation de la qualité de l'enseignement universitaire, du terrorisme des wokes ou de l'égoïsme dans les relations humaines, les réflexions sont toujours pénétrantes, même celles qu'on ne partage pas nécessairement. L'écriture est fluide, le vocabulaire riche, les propos caustiques et l'atmosphère, noire à souhait, enveloppe le tout  presque jusqu'à la fin, fin qui m'a semblé détonner un peu trop du reste. Mais c'est un tout petit bémol par rapport à l'ensemble. Un auteur à suivre.


    J'avoue que ce résumé est assez intriguant. Voir les choses sous l'oeil acerbe d'un prof désabusé en fin de carrière peut être intéressant. Je le garde dans un coin de ma tête.
    Merci pour ton retour :)

  • Mypianocanta

    Livraddictien de l'espace

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    #526 26 Octobre 2022 17:16:49

    juste une prise de conscience implacable de la vacuité de son existence


    terrible ! on dirait moi certains jours… alors je crois je ne vais pas m'attarder sur ce texte.

    Bonne fin de semaine :)

  • Errant

    Lecteur glouton

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    #527 27 Octobre 2022 12:56:27

    Jones de Neil Smith

    Troublante, voici le mot qui me vient à l'esprit lorsque je songe à cette histoire d'une famille atypique, soudée et divisée à la fois par le poids d'un secret qui n'en est pas vraiment un. On y suit les Jones, principalement  les enfants , Albi et Eli mais aussi Joy et Pal, les parents, ainsi que, dans une moindre mesure, la parenté élargie, tous des “Jones” dans le sens qui y donne les enfants, à savoir paumés, alcooliques, vicieux, toxiques quoi. Cela donne une bonne idée de la perspective de la soeur et du frère qui poursuivront leur inatteignable graal tout au long du récit. On y nage dans le glauque, le non-dit, on alterne entre rébellion et soumission, entre flambée d'espoir et découragement total, un malaise constant m'a suivi pendant cette lecture, preuve que l'auteur parvient bien à transmettre le mal de vivre de ses protagonistes.

    Pourtant il n'y a pas de scènes horrifiantes ici, Neil travaille lentement le perfide quotidien pour nous mettre la face dans la crasse. Il faut s'accrocher dans le premier tiers du livre car on ne sait pas trop où l'auteur s'en va mais dès que cela se précise, le drame nous happe. L'écriture est juste, les dialogues très “punchés”, les personnages intrigants et l'histoire dérangeante. J'ai trouvé le tout terriblement efficace, à un point tel que de temps à autre cela me faisait songer, dans un autre environnement, au ”Prince des marées” de Pat Conroy ce qui est un compliment en soi. Je suis amateur d'histoires familiales tordues et j'ai été bien servi par ce Jones. Un auteur que j'ai découvert par ce roman et qui m'intéresse pour l'avenir. Et surtout, futurs lecteurs, n'oubliez pas d'aller voir la photo de la soeur de l'auteur à la fin du livre . . .

    Je remercie les éditions Alto et le site Babelio pour m'avoir fait parvenir un exemplaire de ce texte dans le cadre de l'opération Masse critique Québec.



    L'homme aux papillons de David Moitet

    Les engrenages de ce roman policier sont bien huilés. Car à partir d'une mort suspecte, un peu inhabituelle, une suite d'évènements vont s'enchainer pour épaissir le mystère et transformer l'enquête en course à obstacles. Celle-ci prendra aussi un tournant beaucoup plus personnel pour le commandant en charge d'une équipe pas très soudée. Et les média qui mettent de la pression. Et les indices complexes semés ici et là y sont-ils pour faire avancer les choses ou pour égarer les policiers? On comprendra qu'il y a vengeance dans l'air mais pourquoi et de la part de qui ?

    Bref les pages se tournent à un rythme d'enfer, la quête du héros m'a captivé, les fausses pistes dérouté, la fin étonné. En soi les ingrédients ne sont pas d'une grande originalité, mais la façon dont l'auteur les a assemblé confère à ce polar une qualité remarquable; celle de nous happer complètement.
  • Errant

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    #528 09 Novembre 2022 12:34:04

    Les quatre saisons de Violetta de Chystine Brouillet

    Je connaissais l'auteure pour sa série policière consacrée à Maud Graham, mais j'ignorais qu'elle avait aussi écrit ce thriller mi fantastique, mi historique; avoir su, je l'aurais lu bien avant ! Car cette histoire en quatre temps, 1719, les années 30, la deuxième guerre mondiale et le tournant de l'an 2000 m'a plu du début à la fin. D'abord le fil conducteur, un sorcier cannibale aux trousses de sa fille pour s'approprier ses pouvoirs, a toutes les caractéristiques d'un bon thriller: énigmes, bouleversements, crescendo dans l'action etc. Ensuite les personnages sont bien découpés, assez développés pour que l'on comprenne bien la dynamique de leurs relations. Quant à l'héroïne, sa naïveté initiale sera graduellement remplacée par une fougue et une détermination qui la rend terriblement attachante.

    Le coté historique de chaque époque est bien documenté, j'ai aimé y rencontrer Vivaldi, cotoyer les malfrats de Capone, revivre les horreurs des camps de concentration et me rappeler l'hystérie du passage à l'an 2000. L'aspect fantastique m'a semblé assez novateur aussi avec ce tournoi supervisé par le Maître de l'Autre Monde, les interventions des sorcières externes et les pouvoirs d'Isabelle. Mais c'est surtout  la passion  des odeurs qu'insuffle l'auteure à sa Violetta, les liens qu'elle lui fait tisser avec la musique qui m'ont frappé; que de mélodies m'ont trotté dans la tête pendant cette lecture ! Bref que l'ampleur ce pavé ne vous rebute pas; il se digère très facilement.


    Une sorte de renaissance de Anaël Turcotte

    Il y a de ces livres qui fuient les étiquettes; celui-ci en est un. Vaste allégorie, ambitieuse métaphore, conte philosophique, fable sociale, un peu de tout cela sans doute. À l'aide de sept personnages, l'auteur, dont c'est le premier roman, jongle avec les concepts de destinée individuelle et d'organisation collective, les opposant parfois, les fusionnant à l'occasion. Tout cela en utilisant un récit rocambolesque parsemé de dialogues percutants et de réflexions brillantes dans un univers flou qui suit “la grande explosive de 2080” . .  .

    J'avoue avoir été dérouté par la démarche dans le premier tiers du bouquin, par la suite le projet se dessine mieux; peu à peu l'ambition du texte se révèle et on se demande bien comment Turcotte pourra boucler la boucle en si peu d'espace, deux cents petites pages en fait. Bien justement, une des qualités du livre c'est de laisser complètement au lecteur le soin  de trancher, de se faire une opinion sur l'enjeu fondamental. On sent bien l'inclinaison de l'auteur, mais il laisse de belle façon sa fin ouverte; à nous de cogiter ! C'est extrêmement rare qu'en terminant un lecture je songe à la reprendre un jour, ce qui est le cas ici. C'est dire qu'il y a beaucoup à gratter sous la surface.

    Je remercie les éditions Triptyque et le site Babelio pour m'avoir fait parvenir un exemplaire de ce texte dans le cadre de l'opération Masse critique Québec.



    Carnaval de Ray Celestin

    Un flic honnête, la mafia,  une détective privée très amateure, un musicien de jazz qui deviendra célèbre, autant de monde à la recherche du “tueur à la hache”, le surnom donnant une idée du mode opératoire . . . Cela aurait pu donner un thriller parmi d'autre, une course  entremêlée de jambettes entre poursuivants, avec un vainqueur in extremis. C'est sans compter sur le talent de Celestin. D'abord l'intrigue est bien plantée, suffisamment complexe pour ne pas voir venir sa conclusion, elle-même fort crédible. Les personnages sont assez développés pour que le lecteur en saisisse bien les motivations et émotions, ce qui les rend sympathiques, enfin pour la plupart.

    Mais c'est surtout l'omniprésente Nouvelle-Orléans qui donne une couleur savoureuse à ce roman policier. La musique n'est jamais loin, que ce soit le jazz qui en est à ses débuts, le blues qui perdure ou ces indéfinissables airs qui accompagnent les marches funéraires. Les tensions raciales et ethniques ont aussi exploitées à fond, de même que le décor typique du bayou, des odeurs de bouffe créole, la corruption galopante etc. Il résulte de cet amalgame un lecture enivrante, aussi évocatrice que captivante. Et comme ce n'est que le début d'une trilogie, c'est aussi la promesse de d'autres beaux moments.
  • Errant

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    #529 10 Novembre 2022 11:35:00

    Ellesmere de Marie Desjardins

    Il y a parfois des livres avec lesquels on ne se découvre aucune affinité, pire, qu'on a envie d'abandonner après une cinquantaine de pages. C'est ce que j'aurais fait sans hésitation si cette lecture n'avait pas fait partie d'un défi. D'abord parce que toute l'emphase, particulièrement sur le quatrième de couverture et en introduction, mise sur le déplacement forcé d'autochtones frise la fraude tellement cet aspect n'occupe qu'une place négligeable dans le roman. Ensuite par ce que l'autrice suggère d'abord la relation entre sa soeur et son frère ainé, y revient, insiste, ne lâche pas, la présente à nouveau et  reprend le thème ad nauseam; on avait compris. On tourne en rond longtemps et cette lourdeur m'a indisposé. Finalement on voit venir des milles à la ronde le supposé punch final. Pour être honnête la dynamique familiale, quand elle concerne le père et la mère vis-à-vis leurs enfants, présente de l'intérêt mais jamais assez pour réchapper tout le reste . . .
  • Grominou

    Modératrice

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    #530 10 Novembre 2022 21:51:57

    Ah ben c'est décevant, c'est justement cette histoire de déplacement d'autochtones qui m'attirait quand j'ai vu ce livre dans tes «en cours»...  Du coup je ne le note pas en WL!:goutte: