#546 21 Décembre 2022 18:32:45
La symphonie du hasard 2 de Douglas Kennedy
Dans ce deuxième tome, Alice est à Dublin, on la suit dans son intégration à son nouveau milieu, dans ses démêlés familiaux et sentimentaux. Le coté historique du récit est encore présent mais dans une moindre mesure que dans l'épisode précédent. Ce pourquoi je l'ai un peu moins aimé, cet aspect étant un atout du premier tome. L'auteur insiste aussi beaucoup dans la première partie sur la présentation de la ville et insère de nombreux extraits de poème; les deux me semble contribuer bien peu au récit principal.
Par contre lorsqu'il revient aux incompréhensions de la famille Burns ou aux retombées des troubles en Irlande du nord et du scandale du Watergate l'intérêt renait. L'évolution en tant que jeune femme d'Alice est aussi captivante, ses remises en question pertinentes. Kennedy ménage ses effets; quand il en sort, ils frappent ! C'est pourquoi je lirai sans faute la conclusion de cette trilogie.
Maple de David Goudreault
L'auteur est un magicien des formules chocs, manie les énoncés lapidaires et caustiques avec un rare talent, le tout avec un sens rythme enviable. On le savait déjà de par ses écrits antérieurs et il en donne à nouveau la preuve ici. Pour le style et la forme, ce “Maple” m'a paru remarquable. Par contre, autant j'avais pris plaisir à haïr le personnage de “La bête” de la trilogie éponyme, autant cette héroïne m'a laissé de marbre tellement elle est trop, trop tout !
Goudreault fait une mise en garde préalable quant au contenu pouvant être choquant, wokisme oblige je suppose; rien ne m'a dérangé de ce coté. Mais l'écriture sous stéroïde, ou à la meth c'est selon, m'a achalé, surtout au début ; à la limite ça sentait le cabotinage à force d'en rajouter, de mettre la pédale au fond, de beurrer plus épais qu'épais, bref d'exagérer et de multiplier les effets de toge. Par la suite, même si la trépidation demeure, ça se calme un poil, j'ai pu entrer dans le jeu, car c'en est un nul doute, et apprécier cette histoire rocambolesque tout en ne lisant que quelques pages à la fois pour éviter l'effet de saturation. Comme le dit un slogan bien connu de notre Société des alcools, la modération a parfois meilleur goût . . . Et je prend à rêver que Goudreault prête la prochaine fois son immense talent à un récit moins déjanté. Chose certaine, quel qu'il soit, je le lirai !
Allez tous vous faire foutre de Aidan Trohen
Un caïd de la vente de cocaïne est injustement tabassé et ne le prend pas du tout. Ce roman est l'histoire de sa vengeance qui gagnera en intensité face à la résistance des agresseurs. Le titre est approprié dans la mesure où rien n'arrête le narrateur qui se pose comme victime et s'arroge tous les droits de riposte , même les plus tordus et extrêmes. Le récit nous fait voyager dans le monde interlope, celui des jackers de haut vol et des organisations criminelles internationales.
J'ai dévoré ce livre car le récit vogue de rebondissements en surprises et présente une vendetta originale. Le ton employé par le personnage qui raconte sa colère et ses ruses contribue grandement au plaisir de la lecture. Bien sûr il ne fait pas dans la dentelle, a sa morale bien à lui et affiche un cynisme plutôt machiavélique; chose sûre,il ne plaira pas à tous. De là le titre.
L'épée noire de Michael Moorcock
Ce livre est en fait un recueil de quatre histoires dont seules les deux premières sont liées et où Elric n'apparait même pas dans la quatrième. Reste que cette dernière est captivante , étoffée, démontre la richesse de l'imaginaire de l'auteur. Pour en revenir au héros de la série, il aspire maintenant à la tranquillité avec sa nouvelle flamme et remet en question son lien symbiotique avec Stormbringer. Le naturel reviendra-t-il au galop ?
J'aime la dimension un peu philosophique que prend la saga. Par contre c'est ici que l'assemblage de diverses aventures plutôt qu'un roman construit de A à Z montre ses limites. Mais Elric est tellement exceptionnel comme personnage qu'il exerce sur moi une certaine attraction dont je n'ai absolument pas le goût de me défaire; son vague à l'âme perpétuel, la résurgence occasionnelle de ses plus bas instincts et ses questions existentielles forment un cocktail fascinant.