#575 18 Février 2023 13:17:08
Mascarade de Ray Celestin
Chicago dans les année 20 est la toile de fond, et même un peu plus, qu'utilise Celestin pour camper son deuxième opus de sa saga “Michael Talbot et Ida Davies”. L'atmosphère folle de la cité est parfaitement restituée en cette période de prohibition et d'émergence du jazz, tout cela dans un contexte de racisme omniprésent. Bâti autour d'acteurs réels de l'époque tels que Al Capone, Louis Armstrong, Jack Dempsey et autres, le récit aborde certains faits réels légèrement modifiés pour mieux se fondre dans le roman comme l'explique l'auteur dans la postface.
Le coté policier alterne entre trois groupes: Pinkerton, l'Organisation (lire la mafia) et un duo policier et photographe judiciaire. Les enquêtes de tout ce beau monde se croiseront, certaines débouchant sur de surprenantes avenues. Le rythme est excellent, les intrigues complexes mais étonnamment faciles à suivre, les personnages bien campés. Le duo de détectives vedettes est fascinant à voir évoluer, l'époque est recréée avec brio et et les points d'intérêt ne manquent pas. C'est un tour de force d'avoir ainsi réuni ces différents aspects en un tout cohérent et à ce point évocateur. Une réussite sur toute la ligne.
Cold Gotha de Guillaume Lebeau
Van Hellsing est un acteur intéressant dans la mouvance vampirienne mais malheureusement ce n'est pas dans ce court roman qu'on peut approfondir le personnage. Il ne manque pas d'action ici, même qu'il n'y a pratiquement que cela au détriment d'une intrigue réelle ou de protagonistes le moindrement consistants. Au contraire, je les ai trouvé stéréotypés, confinés à des rôles convenus, prévisibles. L'auteur attache une grande importance à des données techniques qui m'ont laissé froid; que l'arbalète déploie une pression de tant, que la balle du glock sorte à telle vitesse, que telle voiture développe tant de chevaux etc. n'apporte rien d”important pour l'histoire. Ici et là ça passe mais quand cela devient systématique, il y a abus. Condenser le récit en 24 heures était une bonne idée, mais la faire correspondre à une catastrophe historique sans établir de lien laisse perplexe. Bref une lecture décevante.
Le lac de nulle part de Pete Fromm
J'ai été comblé par cet espèce de huis-clos dans les grands espaces. Féru de dynamiques familiales atypiques, j'ai dégusté chaque page de cette aventure, goûté chaque dialogue, rêvé éveillé à ces étendues sauvages. Souvent les livres à grande réputation me font un peu peur car , veut veut pas, mes attentes augmentent en conséquence. Or ici la magie a opéré du début à la fin; quelque soit l'aspect auquel je songe, l'auteur a trouvé le ton juste, une balance entre révélations troublantes et défis de survie. Sur cette dernière dimension d'ailleurs, on sent que l'auteur a du millage dans le corps; rien ne détonne dans les gestes quotidiens de cette excursion en canot.
Là où mes souvenirs risquent de perdurer le plus longtemps c'est la complicité, la connivence entre Al et son frère jumeau autant dans le décodage familial que dans leur confrontation à une nature déchainée. La mère n'est pas tellement présente dans le récit mais son importance n'est pas à négliger pour bien saisir le drame qui se joue. Quant au père les allusions et non-dits laissent au lecteur un éventail d'options pour de faire une tête entre réalité , fantasmes et fiction. Je découvre peu à peu cet auteur mais ce livre a des airs de révélation !