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    #581 23 Février 2023 13:11:14

    Les portes de l'interdit de Frank Tallis

    Une expérience de mort imminente peut-elle mener à une possession démoniaque ? Et si oui comment s'en sortir ? Et comment Dieu peut-il permettre tant de souffrances sur la terre ? Si ces questions vous intéressent, ce livre est pour vous sinon j'en suis moins certain. Globalement j'ai trouvé ce bouquin très inégal. Autant les tourments intérieurs du narrateur m'ont intéressé, autant les discussions théologiques m'ont ennuyé. Les parties plus historiques concernant les travaux de Charcot et autres s'intègrent plus ou moins bien avec le récit principal. Par contre les séances d'exorcisme m'ont captivé même si elles sont plutôt classiques.

    Même si je sors de cette lecture plus ou moins convaincu, il y a un aspect que je peine à cerner qui m'a accroché. Peut-être le mélange des genres entre le coté scientifique et le dimension plus ésotérique. Les débats internes du héros m'ont aussi fait forte impression. C'est la première fois que je lis cet auteur et, malgré les défauts que je trouvé à ce livre, j'ai l'intention d'explorer autre chose de lui car il y a définitivement là un aspect qui titille ma curiosité.
  • Livrepoche.fr (Nicolas)

    Guide touristique des librairies

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    #582 23 Février 2023 18:35:18

    C'est noté dans le coin de la tête.
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    #583 28 Février 2023 13:57:59

    Dérive sanglante de William G. Tapply

    Un homme a-t-il droit à sa tranquillité ? C'est à quoi aspire Stoney Calhoun, retiré dans les bois avec son chien, travaillant comme guide de pêche suite à un accident dont il ne se souvient même pas. Confronté à la mort suspecte d'un ami, il devra s'investir pour que la lumière soit faite. Jusqu'ici la trame n'est pas nouvelle mais l'habillage que lui donne Tapply lui confère plusieurs attraits. D'abord le milieu dans lequel il place l'action; une petite communauté tissée serrée où tout le monde ou presque se connait, ou croit se connaître. Ces amateurs de nature sauvage ont leur propre code que connait et respecte le shérif du coin . . .

    Ensuite le personnage du héros dont le passé intrigue, d'autant plus qu'il se découvre en cours de route des capacités insoupçonnées et qu'il fait l'objet d'une surveillance ouverte mais sympathique de la part d'un curieux agent qui ne dévoile rien; bonjour spéculations !
    La relation que Calhoun entretient avec sa patronne est aussi hors norme et ajoute une dimension humaine supplémentaire. En somme un très bon polar sur fond d'une communauté isolée où la nature est aussi mise en vedette. Et il y a une valeur ajoutée pour les amateurs de pêche.



    Chinook de Pete Fromm

    Ce recueil de nouvelles contient de nombreux situations disparates: accident de la route, infidélité conjugale, retour aux sources, pères frustrés etc. Mais au delà des contextes, il y a au fil des ces récits, des thèmes récurrents qui se dégagent. On y parle beaucoup d'espoirs déçus que ce soit quant aux aspirations professionnelles ou conjugales. À l'inverse, on y retrouve aussi la réaffirmation de la confiance en l'avenir de la famille, en projet de maternité, en l'amour parental. Les épisodes plus légers compensent les plus dramatiques ce qui allège le fardeau émotif de la lecture. Souvent les protagonistes sont tentés par l'exploration de nouveaux horizons, au propre comme au figuré; il y a de la recherche d'air frais, de grands espaces dans ces aspirations.

    L'écriture de Fromm est dépouillée, sonne toujours juste dans les différents registres, évite les effets de toge tout en étant évocatrice et, d'une certaine façon, pudique. Sur le fond, l'auteur laisse le libre arbitre à ses personnages sans jamais indiquer une morale ou suggérer une voie privilégiée; au lecteur de se faire une tête. Les textes portent à réflexion, comportent une charge émotive indéniable et sont plaisants à lire. Que demander de mieux ?
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    #584 09 Mars 2023 13:10:56

    Éveil à Kitchike la saignée des possibles de Louis-Karl Picard-Sioui

    Il s'en passe des choses en marge du grand pow-wow de la réserve de Kitchike, des vertes et des pas mûres en fait ! Mais au-delà des divers incidents, magouilles, confrontations et élans de solidarité, l'auteur continue de tisser, après “Les chroniques de Kitchike”, un portrait de la vie tumultueuse de cette petite communauté. Pour ce faire. il s'attache à une dizaine de  personnages, assez bien campés, confrontés à des enjeux de gouvernance, d'écologie et de violence sexuelle.

    J'aime bien cette critique sociale qui dépasse l'approche manichéenne trop souvent rencontrée du méchant  blanc contre le bon autochtone. Certains passages sont carrément hilarants, d'autres plus dramatiques mais l'intérêt reste constant. J'ai été un peu surpris et décontenancé devant l'ampleur et la longueur de l'espèce de voyage astral que se tape Pierre Wabush, mais cette incursion dans une fantasy délirante est bien exploitée par la suite pour nous amener à un dénouement satisfaisant. Une note spéciale aussi pour les images de femmes fortes et solidaires qui prennent les choses en mains. En somme j'ai apprécié mon incursion à Kitchike et espère que l'auteur n'a pas fini de nous y promener.


    Jusqu'à plus soif de Yvan Cliche

    Le pétrole a mauvaise presse, avec raison, mais on est encore bien loin de pouvoir s'en passer malgré les préoccupations environnementales grandissantes et l'émergence des énergies renouvelables. C'est en gros le message de cet essai fort bien documenté qui retrace l'évolution de l'utilisation des sources d'énergies par l'homme et ses enjeux géopolitiques. La charbon, le pétrole, le gaz, l'électricité, le solaire et l'éolien ne sont pas également répartis, ni ne posent les mêmes problèmes de production et de transport et n'ont pas non plus les mêmes perpectives d'avenir. En conséquence les politiques nationales d'approvisionnement, de sécurisation et de stockage varient grandement d'un pays à l'autre mais aussi à travers le temps.

    Malgré son caractère didactique parfois rébarbatif et l'abondance de données, j'ai trouvé ce livre très instructif et d'une lecture relativement aisée.


    La rivière de Peter Heller

    J'ai fait beaucoup de canot camping dans ma jeunesse aussi me suis-je reconnu au début de cette chouette expédition qu'entament Jack et Wynn au début du récit. Mais je n'ai jamais connu tellement d'adversité dans mes randonnées, ni n'ai été confronté à un environnement aussi reculé et sauvage. Tout cela pour dire qu'en plus d'avoir apprécié l'exactitude des aspects techniques du roman, j'ai ressenti intensément les émotions induites par un tel voyage, que se soit les moments zen, la complicité des partenaires, les inquiétudes quant à la sécurité ou bien l'humilité devant les forces de la nature.

    L'histoire monte lentement en suspense pour culminer éventuellement en thriller haletant. Le dénouement et la finale sont à la hauteur du reste. Les personnages principaux, peu nombreux, sont esquissés à grands traits,  crédibles et attachants à la fois. Mais la véritable vedette de ce roman reste la nature, implacable et magnifique à la fois; qui d'y frotte peut se piquer comme atteindre le nirvana . . . Un livre que je n'oublierai pas de sitôt !
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    #585 12 Mars 2023 13:19:36

    La terre de Émile Zola

    Il y a dans ce roman un souffle qui me faisait parfois penser à Germinal: les passions exacerbées, des conditions de travail explorées à fond, une lutte sourde entre petit peuple et nantis, des rivalités malsaines au cube etc. J'ai lu avec avidité cette brique digne d'un thriller. Les descriptions de cette Beauce, ses paysages et sa terre, ne m'ont pas ennuyé du tout, au contraire, j'y ai trouvé un puissant pouvoir d'évocation qui me transportait, preuve de la qualité de l'écriture. De même que pour les dialogues, incisifs, durs, à l'image des personnages. J'ai aussi apprécié l'image de cette communauté rurale avec ses divisions, ses ambiguités, ses rêves perdus noyés dans l'alcool. Voilà pour les cotés positifs.

    Mais quel gang de vindicatifs, toujours à s'entredéchirer, chérissant leurs rancoeurs, jouissant des prises de becs ! À la longue cette violence continuelle m'a fatigué; seuls Delhomme et Jean détonnent parmi ces obsédés de la confrontation. La fixation des acteurs sur l'argent devient également lassante. Quant au sort réservé aux femmes il est loin d'être enviable, sans doute une réalité de l'époque, mais quand Françoise se fait violer par son beau-frère, aidé de sa soeur en plus, et que Zola lui fait aimer cela, j'ai quelque peu décroché . . . Il y a des passages déchirants dans ce roman, notamment tout ce qui a trait à la déchéance du père Fouan et des sévices que lui infligent ses enfants. Les hymnes à la terre devancent presque aussi le courant actuel de nature writing. Mais au total d'autres éléments laissent un goût amer qui teinte mon appréciation.





    Waswanipi de Jean-Yves Soucy

    À l'aube de la vingtaine, l'auteur est appelé à travailler pendant deux mois près d'une réserve indienne où il fréquente quotidiennement deux guides de la nation Cri. Cinquante ans plus tard, il écrit sur cette expérience, mais la mort le rattrape avant qu'il puisse terminer. Publié à titre posthume, ce court roman n'en est pas moins intéressant malgré ses allures d'inachevé.

    C'est avec un soif d'apprendre et une grande ouverture d'esprit que Soucy aborde les Cris. Ceux-ci, en constatant le respect qu'il leur voue, s'ouvrent peu à peu sur leur culture et croyances. Sans mettre d'étiquettes, on peut dire que de ces deux guides, l'un était plutôt traditionnaliste alors que l'autre était plutôt partisan d'une adaptation graduelle à la modernité tout en voulant aussi farouchement conserver son héritage culturel. Ces deux points de vues enrichissent le texte et incitent le lecteur à la réflexion. Depuis 1963 la réalité des réserves a bien changé mais le texte reste d'actualité, notamment quant à l'infantilisation qu'entretenait la loi fédérale sur les Indiens. C'est bien écrit, instructif, facile à lire mais on ne peut que regretter que l'auteur n'ait pas eu le temps d'étoffer encore plus son récit.
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    #586 16 Mars 2023 12:30:05

    L'indien blanc de Graig Johnson

    La fille du shérif Longmire est agressée alors qu'il est à Philadelphie pour lui rendre visite. C'est le début d'une enquête qui aura de nombreux rebondissements et où plusieurs malfrats apprendront que, même loin de son  Wyoming habituel, vaut mieux ne pas embêter Longmire, surtout lorsqu'il est accompagné par son ami Henry Standing Bear. L'action ne manque pas, les écheveaux sont complexes à dénouer, les conclusions surprenantes. De ce coté, c'est déjà un bon épisode de la série.

    Mais j'ai trouvé que le force de ce roman repose encore plus sur les relations entre les personnages récurrents que nous apprenons à connaître sous un nouveau jour. Ainsi la tendresse de Walt envers sa fille blessée, la sollicitude de Henry envers un Longmire parfois désemparé, parfois envahi d'une haine irrépressible, le dévouement de toute le famille Moretti et la transformation soudaine de l'intrigante adjointe Vic sont autant de points forts qui, non seulement enrichissent cet opus, mais ouvrent aussi de belles perspectives pour les suivants. Et la puissance de la nation cheyenne n'est pas à sous-estimer, même dans ce milieu urbain ! Bref, un épisode pleinement réussi même si les grands espaces m'ont quelque peu manqué.





    Randonnée mortelle de M.C. Beaton

    De retour à Carseley après un contrat de six mois à Londres, Agatha doit reprendre ses repères dans son village d'adoption. Heureux hasard, un décès suspect a lieu dans un village voisin; belle occasion de reprendre du service comme enquêtrice, surtout comme agent infiltré en compagnie du super voisin Lacey . . . L'intrigue n'est pas mal avec comme arrière-plan les droits de passages des randonneurs sur des terres privées. Les personnages secondaires sont peints à traits grossiers mais présentent une belle variété. L'enquête comme telle et le dénouement sont corrects, l'humour sous-jacent toujours présent.

    Mais, comme dans les autres tomes de cette série, c'est Agatha elle-même qui est le centre d'intérêt principal; toujours tourmentée, inquiète de son poids, ambivalente face à Lacey, d'une mauvaise foi crasse par moments, capable d'introspection à l'occasion, c'est un plaisir de suivre ses états d'âme en constante évolution. Et la finale nous laisse présager des développements majeurs. Cette série a son charme bien à elle et j'aime bien y retourner de temps à autre.
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    #587 27 Mars 2023 16:31:13

    La symphonie du hasard 3 de Douglas Kennedy

    La vie d'Alice Burns est pour le moins mouvementée mais pas toujours de coté positif de la Force. Dans ce troisième tome de cette série inachevée, elle doit composer avec les séquelles d'un traumatisme majeur, finir sa scolarité et entamer sa vie professionnelle tout en s'adaptant aux remous causés par sa famille hors normes. Son parcours a comme arrière fond une Amérique hésitante où le capitalisme sauvage côtoie les valeurs égalitaires dans un équilibre précaire, ce que le livre rend très bien.

    Mais outre cet aspect sociopolitique, ce sont les tourments d'Alice qui font ce roman. D'où tient-elle cette résilience alors qu'elle a le coeur et le corps en miette ? Ni le déni, ni les compromis bâtards ne seront des solutions à ce vide amoureux, ce trou béant. Les succès universitaires et professionnels peuvent peut-être constituer un refuge réconfortant sans rien régler par ailleurs. Et que dire des problèmes causés par une famille en constants déchirements qui ne font qu'ajouter des embûches à un parcours déjà assez complexe. Beaucoup d'introspection et quelques amitiés indéfectibles tisseront lentement une voie de sortie potentiellement plus lumineuse. L'auteur induit des réflexions sur la quête du bonheur et de la réalisation de soi à travers une histoire joliment racontée, impeccable au point de vue historique et inspirante pour le lecteur. Bref un bon livre.



    Le 210e jour de Natsumé Soseki

    La littérature japonaise a son charme particulier, mais parfois je n'y comprend pas grand chose. C'est le cas ici où ce court roman classique, essentiellement composé de dialogues entre deux amis en vacances, m'a laissé interloqué quant à sa signification réelle. Vagues allusions aux nobles et riches qui tricheraient, nombreuses références à des pans de culture japonaise dont j'ignore tout, nébuleuse expédition vers le sommet d'un volcan, autant d'éléments obscurs, hermétiques au pauvre lecteur occidental que je suis. Pour faire court, je suis passé à coté, mais j'ignore toujours à coté de quoi.


    Le moineau du sanctuaire de Ellis Peters

    Fuyant une foule qui veut le lyncher, un saltimbanque trouve asile à l'abbaye. D'emblée, Cadfael a des doutes sur sa culpabilité et, intuition et compassion aidant, il s'arrange pour prendre part à l'enquête qui sera éventuellement ponctuée d”étranges rebondissements; meurtres, drames familiaux, cupidité exacerbée, coup de foudre, il s'en passe des choses dans ce court roman policier historique.

    Facilité de lecture, intrigues finement ficelées, contexte historique bien campé sont les marques de commerce de cette série et sont présents ici. Le personnage central reste, en toute humilité, un enquêteur doué, sensible aux “petites gens”, épris de justice, la vraie, pas nécessairement celle que souhaiterait les classes dirigeantes. Ce héros et l'époque à laquelle il évolue m'enchantent à chaque opus. La grande humanité de Cadfael fait contrepoint aux agissements répréhensibles des malfrats et c'est réconfortant de le constater tome après tome.
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    #588 29 Mars 2023 13:06:56

    Le bois dont je me chauffe de François Landry

    Difficile de tracer une constante dans cette douzaine d'histoires que nous narre l'auteur, vague mélange de notes autobiographiques et de réflexions sur la modernité en lien avec la nature. Pas inintéressant pour autant, au contraire. Qu'il aborde le déclin de certaines espèces aviaires, l'aménagement de la forêt ou la réalité des petits villages, l'auteur connait son sujet, adopte des positions tranchées qu'il exprime dans une prose précise.

    Ses récits portant sur la nature humaine, suicide, perte amoureuse, arrogance des riches, sont égalements captivants et dénotent une fine observation de notre curieuse race. L'homme en évolution, ses rapports à la nature, les incohérences sociales, les habiletés de survie, autant de sujets de réflexion qui sont proposés de façon sereine et non moralisatrice, même si les opinions de l'auteur sont clairement exprimées, parfois de façon caustique, parfois plutôt versant dans l'ironie. Un auteur que j'ai découvert avec plaisir !


    Le pendu de Louise Penny

    Cette longue nouvelle est une bonne introduction à l'univers de la série  « Armand Gamache enquête” mais pas seulement. Car même si l'enquête est menée un peu trop rondement, les éléments clés de la série y sont et leur charme particulier est déjà perceptible. La faune de Three Pines y est partiellement présentée avec cette fausse nonchalance et cette connivence de tous les instants. Gamache trône et Beauvoir assiste, signe annonciateur d'une trouble mais durable complicité. Si cet avant-goût vous plait, les livres de la série, beaucoup plus approfondis, devraient le faire également. Par contre la série télévisées qui en a été tiré par Prime video ne lui rend pas justice du tout.


    Sukkwan Island de David Vann

    Audacieux projet pour un père et son fils de treize ans que d'habiter pendant un an une île isolée en Alaska. Dès le départ, on sent que la préparation est déficiente, les savoirs essentiels incomplets. L'entreprise capotera-t-elle, si oui de quelle façon et sinon par quel miracle ? J'ai été happé par ce suspense, renversé par un développement majeur inattendu et empathique tout au long pour ces deux êtres qui se débattent dans une confusion de sentiments au sein d'une nature impitoyable.

    Le territoire que peint l'auteur est majestueux, immense, possède ses propres lois immuables, cycliques, ce qui rend que les tentatives d'adaptation de ces deux urbains soudain transplantés dans une nature qu'ils ne comprennent que très peu. L'espèce de huis-clos dans lequel sont confinés le père et le fils provoque lentement une montée de tension entre les deux, mélange d'incompréhension, de problèmes personnels et de la pression de la survie en milieu hostile. Vann maitrise complètement la connaissance de ce milieu et sait nous le rendre avec réalisme. De même la psychologie de ses personnages sonne juste et il nous tarde de savoir comment ils pourraient s'en sortir. J'ai tout aimé dans ce roman dur et marquant.
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    #589 01 Avril 2023 14:32:16

    Et quelquefois j'ai comme une grande idée de Ken Kesey

    Comment oublier le clan Stamper ? Imbue d'elle-même à cause des exploits, réels ou inventés, du patriarche, ainsi que de la réputation de dur-à-cuir de Hank, sa cheville ouvrière,  cette famille règne en quelque sorte sur le comté. Mais son arrogance envers ses concitoyens et un  conflit interne dû au retour au bercail du fils cadet rebrassera les cartes. Ce livre est touffu car l'auteur part dans de multiples directions: mentalité des petites villes, conflit familial complexe,  impact économique et sociologique d'une grève, milieu machiste des bûcherons, légendes indiennes, réalisation des rêves individuels etc. L'omniprésence de la nature comme force implacable avec ses pluies diluviennes , comme baume sur l'âme, comme objet intrinsèque de beauté, comme ressource à exploiter certes, mais aussi à respecter, baigne tout le récit en atténuant parfois des angles, parfois en les accentuant.

    Sur le fond ce livre est puissant, dur au cube, fascinant. Mais sur la forme, quelle galère ! On  passe régulièrement d'un narrateur à l'autre en plein paragraphe sans aucune indication, On suit au moins une dizaine d'histoires, et autant de personnages, empilées dans un fouillis incroyable, l'une s'arrêtant brusquement pour réapparaître quarante plus loin, un peu au hasard la chance. Les chapitres sont inexistants, les itérations entre présent et passé doivent presque être devinées. Bref c'est l'enfer, j'ai dû m'accrocher solide, d'autant plus qu'après une centaine de pages on ne sait toujours pas trop où l'auteur s'en va. Avec le recul, la truculence des personnages, l'ampleur de la fresque présentée, la multiplication des intrigues et le rôle incontournable de la nature valent les efforts consacrés à cette lecture. Mais ils ne sont pas à sous-estimer !
  • Grominou

    Modératrice

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    #590 01 Avril 2023 21:21:55

    Je lis ta critique en diagonale car je pense le lire un jour...  Je garderai en mémoire que ce n'est pas une lecture facile, à réserver à un moment où l'on a le cerveau bien disponible! :lol: