#23 31 Mai 2023 09:47:52
Coucou !
Je suis désolée de passer si tard pour partager avec vous mes impressions sur ce livre. Deux visites imprévues (mais extrèmement bienvenues) coup sur coup ont reporté ma participation.
Avant de commencer, je précise que je n'avais voté ni pour ce thème, ni même pour ce livre au moment du choix de la lecture pour le BC. Toutefois, ayant déjà lu deux romans de Tahar Ben Jelloun sans avoir été emportée mais suffisamment intéressée pour vouloir pousser plus loin avec cet auteur, c'était la bonne occasion ! Mais je n'avais aucune attente particulière pour ce texte, j'y suis allé très détachée du résultat.
D'abord, je dois dire que je vous retrouve sur un certain nombre de remarques. Pardon par contre de ne pas rendre à César ce qui est à César, je n'ai pas pris le temps de noter qui à écrit quoi... En effet, le format recueil de contes fait que les textes sont assez répétitifs. Personnellement, dès que j'ai un recueil, je lis une histoire par jour et je complète mon temps de lecture par un roman en parallèle qui me permet de digérer entre temps. Ca a très bien marché cette fois aussi. Je pensais aussi que nous aurions une "transposition plus complète" (@Grominou, je crois). Au final, l'orientalisation n'est qu'une colorisation, un joli cadre. Ca m'a suffit une fois que je l'ai compris. D'autant plus que l'écriture est agréable. Rien de transcendant mais tout à fait efficace pour passer un bon moment. Il me semble que c'est @Julie qui évoque l'avant propos. Je l'ai bien apprécié également. C'est peut-être même la partie la plus intéressante de tout l'ouvrage ! Ben Jelloun fait sans doute de la fausse modestie quand il affirme ne pas avoir donné de morale à ces contes mais j'aime comment il aborde l'universalité des contes en général.
Ensuite, il y a quelque chose qui me questionne dans vos remarques. Personnellement, pour moi, la violence fait partie du genre du conte et ne me choque pas du tout, même pour des tout jeunes. Alors certes, je ne mettrais pas mes élèves (et les petits-bouts qui m'entourent) devant certaines formes de violence et il y a des manières de les aborder mais qu'un conte ait un aspect sombre de me dérange pas du tout. Même une fin dure. Peut-être parce qu'on en croise souvent dans le conte traditionnel breton et que j'y suis donc habituée ? Je suis de celleux qui pense qu'on peut parler de tout avec les enfants, quand on y met les formes. Peut-être, il est vrai, que les formes ne sont pas toujours là dans ce recueil. De plus, concernant les dénonciations (mysoginie, racisme, ...), s'il ne les considère pas toutes à chaque fois, c'est aussi parce qu'un conte à un schéma particulier, surtout quand on adapte de manière aussi proche les classiques. Des classiques qui ont vu le jour à une époque reculée et où les mentalités étaient conditionnées de manière peu attachantes. A chaque conte, l'auteur aborde un sujet,propose une situation qu'il interroge. Il n'empêche qu'il reste d'autres aspects sur lequel il ne peut s'étendre à moins d'écrire un roman pour chaque histoire et ce n'est pas l'objectif de l'exercice ici. Je tique quand même sur cette corélation beauté/bonté, hélas typique de ces écrits...
Enfin, avant de faire des remarques en vrac conte par contre, je suis super contente de voir que cet échange a donné envie à des lectrices de redonner sa chance au recueil. Ca c'est un BC qui marche !
1. La belle au bois dormant : Le moment avec la baguette de sommeil qui ne fonctionne plus m'a fait sourire, ainsi que le petit hommage à Perrault. La scène du baiser m'a interloquer sur deux points. C'est sympa qu'il ne s'agisse pas d'un simple réveil mais le côté "source d'eau" avait une symbolique assez particulière --' et le changement de couleur de peau était forcé. Par la suite, j'ai aimé que le conte ne s'arrête pas au réveil de Jawhara et surtout, son envie d'agir qui est mise en valeur, mais la seconde partie m'a tout de même parue assez plate.
2. La petite à la burqa rouge : Ma préférée sans aucun doute. Une réécriture comme je les aime, ancrée dans nos nouvelles réalités et qui met particulièrement bien en valeur l'idée que l'homme agit "en homme pour l'homme" défendue par Tahar Ben Jelloun dans son avant-propos et dans laquelle je me reconnais assez. Effectivement, je ne présenterai pas ce conte là aux plus jeunes pour le coup.
3. Barbe bleue : La mysoginie en premier plan mais questionne aussi l'arbitraire d'Etat et l'esclavage. Pas mal.
4. Le Chat Botté : Amusant, surtout grâce à la personnalité pétillante du chat. Cette petite critique du marché avec la botte de qualité chinoise était savoureuse !
5. Les fées : Le début m'a vraiment fait penser à une structure de conte breton sans pouvoir en cité un précisément... Je ne connaissais pas la version originale de ce conte. J'ai aimé l'idée de la nécessité de se séparer des mauvais souvenirs, du poison qu'il peuvent représenter dans nos vies.
6. Cendrillon : Celui-ci m'a surtout donné envie d'aller lire l'oeuvre originale et j'en sors surtout avec des questions. Cendrillon à l'origine du remariage ? Une idée intéressante qui mériterait d'être creusée. Cette version m'a semblé comme un appel aux jeunes filles pour agir afin d'être maîtresse de leur destin mais ça manquait de corps et de force dans le propos. Peu convainquant.
7. Hakim à la houppe : Je me rappelle très peu du conte original et cette version m'a perdue. Le message de tolérance qu'il est sensé faire passer est perdue dans beaucoup d'approximation ou de références peut-être que je n'ai pas.
8. Le Petit Poucet : Impression très proche du précédent.
9. Peau d'âne : C'est la conclusion surtout qui m'a bien plu.
10. Les souhaits inutiles : Un nouveau clin d'oeil sympa à Perrault. Un conte qui incite à trouver sa propre force en soi. Pourquoi pas.
En conclusion, je me rends compte que si j'ai passé un agréable moment de lecture avec ce recueil, aucun conte ne m'aura laissé un souvenir impérissable. C'est sympa mais on pourrait en souhaiter quelque chose de plus abouti. Seul La petite à la burqa rouge sort vraiment du lot.
Voilà pour moi !