#616 21 Septembre 2023 15:29:32
Bonjour,
Enfants de poussière de Craig Johnson
Walt Longmire a combattu au Vietnam et cet épisode de la série nous promène entre une enquête actuelle et ses souvenirs de guerre. Dans les deux cas les intrigues sont intéressantes, les pistes nombreuses et les résolutions plausibles. Les personnages de Walt et de la nation cheyenne sont toujours aussi attachants, leur flegme admirable, de même que leur détermination à trouver le fin mot des histoires dans lesquelles ils sont impliqués. Le titre fait référence aux nombreux enfants nés de père américain et de mère vietnamienne, dont le sort n'est pas toujours rose. Mais les enquêtes mèneront à des découvertes qui dépassent nettement cette problématique, pour le pire malheureusement. Un opus à la hauteur des précédents qui donne envie de poursuivre au plus tôt !
La vie rêvée des grille-pain de Heather O'neill
Ce recueil de conte étonne et dépayse pour le plus grand bonheur du lecteur, du moins ce fut le cas pour moi. Les idées sont souvent farfelues, brillamment développées et généralement moins innocentes qu'elles semblent au départ. Chose certaines l'autrice ne manque pas d'imagination, a une plume alerte et nuancée, tout en restant simple et accessible. Notons d'ailleurs, qu'à ses propres dire, elle dipose en Dominique Fortier d'une traductrice hors-pair, ce qui ne nuit surement pas. Le conte est un genre qui semble susciter de nos jours plus de réécritures que de productions originales et, à cet égard, c'est un vent de fraicheur que nous propose ici O'neill, une autrice qui m'a vraiment impressionné; parfait il y a d'autres romans d'elle à explorer !
C'est pour mieux t'aimer mon enfant de Chrystine Brouillet
Meurtre d'un enfant, amnésie réelle ou feinte d'un témoin important, un tueur qui se croit plus malin que tout le monde, la pédophilie décortiquée de l'intérieur, plusieurs ingrédients y sont pour faire de ce roman un bon cru. En autant qu'on n'attende pas un page turner,ce polar remplit ses promesses; on connaît rapidement coupable et vérité sur toute l'affaire mais reste à voir si et comment les enquêteurs parviendront à la résoudre. Comme d'habitude dans cette série consacrée à l'inspectrice Maud Graham, l'autrice prend le temps de bien développer ses personnages, fait des apartés sur la vie privée de son héroine et accorde assez d'importance aux personnages secondaires. Ce n'est pas nécessairement pour plaire à tous, mais dans mon cas cela fonctionne !
Le manoir des Immortels de Ambre Dubois
Que se passe-t-il lorsqu'une sorcière est mordue et devient aussi une vampire ? Cela donne un curieux assemblage qui porte ici le nom de Stella, chargée par le maître vamprique de Londres d'espionner une riche famille oû pourrait résider rien de moins que Jack l'éventreur ! En ajoutant une certaine bisbille entre vampires, les désirs d'émancipation de Stella et un mystérieux docteur aux facultés étranges on obtient un roman qui, sans passer à l'histoire, se tient, et capte l'attention du lecteur à un point tel qu'il pourrait lui prendre envie de lire éventuellement les autres opus de cette tétralogie. Pourquoi pas, lorsque le goût nous prend de fréquenter quelques heures une sympathique vampirette ?
L'horizon des évènements de Biz
Elle est caustique, mais nuancée, cette critique de la modernité actuelle dans l'univers universitaire québécois. Vu de la lorgnette d'un prof de littérature, spécialisé dans Céline, et accessoirement aussi par trois de ses collègues blancs submergés dans leur département par les incontournables de nos jours: féministes, personnes racisées, autochtones, minorités sexuelles etc. On est toutefois loin d'un livre de dinosaures qui s'ennuient du bon vieux temps, sauf, bien sûr, lors de leurs discussions de tavernes . . .
En quelques deux cents pages l'auteur aborde avec lucidité et humour des thèmes aussi variés que le wokisme, la dictature des minorités, l'évolution sociale extrêmement rapide, les changements du paradigme universitaire etc. Ces enjeux sociologiques sont contre balancés par l'espèce de renaissance du narrateur dont l'histoire personnelle allège et approfondit à la fois le thème central.
Il y a tellement de références à Louis-Ferdinand Céline que j'ai regretté de ne pas avoir pu me rendre au bout du “Voyage au bout de la nuit” ni n'avoir rien lu d'autre de lui. Car l'auteur apostrophe régulièrement Ferdinand, lui suppose des réactions face aux aberrations qu'il expose, digresse de temps à autre sur son œuvre, bref s'en sert abondamment. Ce n'est pas agaçant mais, à la longue, ça titille la curiosité . . . Au total j'ai adoré, le mot est choisi, ce livre qui non seulement est écrit de façon lumineuse, mais surtout suscite une réflexion sur des débats de société actuels. Une perle.