[Suivi lecture] Errant

 
  • Errant

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    #631 09 Octobre 2023 13:12:06

    Bonjour,

    Skin de Mo Hayder

    Dans cet épisode de la saga Jack Caffery, celui-ci tente d'enquêter, malgré la hiérarchie qui a une autre priorité, sur des suicides qui lui paraissent suspects. Le déroulement de cette partie du roman est plutôt classique, sans grande surprise, moyennement intéressant à mon avis. Il y a beaucoup plus de mouvement du coté du sergent Flea qui, en tentant de camoufler une bourde de son frère, s'attire des ennuis familiaux et prend des risques insensés quant à sa carrière. Cette partie est captivante à suivre mais on frôle de justesse le manque de crédibilité tellement ces actions sont extrêmes et cadrent mal avec l'image du flic honnête et consciencieuse qu'elle dégageait. Reste que ces deux-là finiront par se croiser et que l'on comprend mieux la dynamique de leur relation, ce qu'on pouvait voir venir d'assez loin d'ailleurs. Comme à l'habitude, Hayder nous concocte quelques scènes plutôt glauques, ici sur des corps dont la décomposition est très avancée, mais sans trop s'appesantir. Au total cette lecture a été une légère déception, mais pas au point d'interrompre cette saga qui, jusqu'ici, m'avait vraiment accroché.


    Judy et ses nains de Stuart Kaminsky

    Cette série mettant en vedette Toby Peters, un ancien flic devenu détective privé, se déroule à Hollywood. L'auteur tricotte des intrigues autour des vedettes de l'époque; ici c'est Judy Garland qui fait appel à Peters pour résoudre, discrètement, le meurtre d'u nain qui faisait partie de la distribution du “Magicien d'Oz”. Le héros est le genre de privé de la vieille école, plus ou moins sur la paille, bourru au cube, très sensible aux charmes féminins, doté d'un bon réseau de contacts dans le milieu, un poil arrogant mais connaissant ses limites. Genre de personnage de romans de gare que j'aime bien à l'occasion. L'insertion de personnages connus, Clarke Gable comme témoin, Raymond Chandler qui fait des recherches terrain pour ses romans etc. ajoute une dimension intéressante puisque l'auteur colle à leur vraie personnalité. Une certaine forme d'humour caustique colore également la narration faite par Peters lui-même qui ne se prend pas trop au sérieux d'ailleurs. Le tout donne une lecture légère et distrayante qui nous plonge dans un univers qui me plait.

    Le trône de diamant de David Eddings

    J'ai de très lointains mais bons souvenirs de “La belgariade” et autres écrits de cet auteur. Aussi, une trentaine d'années plus tard, j'avais de grandes attentes quant à ces retrouvailles. Sans être une déception totale, il faut avouer que soit mes goûts ont changé, soit je suis devenu plus exigeant au fil des ans, soit ce début de trilogie n'est pas un des meilleurs de cet auteur. Toujours est-il que le héros, Émouchet, m'a semblé classique, prévisible, sans trait particulier qui le rendrait attachant, presque mécanique en quelque sorte. La trame principale annonce pourtant une quête d'envergure où se côtoient camaraderie, éléments magiques bien dosés, méchants à la hauteur et univers solidement campé. Mais il manque à ces ingrédients habituels une petite étincelle qui transformerait un récit correct en aventure captivante. Reste que cela se lit facilement et soutient l'intérêt. Assez pour poursuivre la trilogie ? Pas dans mon cas, il y a trop de bons crus  à découvrir en fantasy.


    Jimmy the kid de Donald Westlake

    Une bande voleurs, déjà pas très douée, se convertit, le temps d'un épisode de cette série sur Dortmunder, au kidnapping. Connaissant la troupe, on se doute déjà que les résultats ne seront pas mirobolants; reste à savoir comment ils réussiront à rater, encore une fois, leur coup. La dynamique de cette bande, qu'on apprivoise mieux d'opus en opus, est à la fois désolante et suave; ce sont des ratés mais ils ont du coeur et en deviennent sympathiques malgré le chimérisme de leurs rêves. On rencontre dans cet épisode un petit futé qui exploitera leur coté naif à l'aide de stratégies aussi alambiquées que remarquables. Certaines scènes sont hilarante, notamment celles des dialogues entre ravisseurs et le père de la victime. Je m'attache de plus en plus à ce gang de survivants, un peu débonnaire, qui garde la foi malgré tout, mais surtout doté dun humour dont il ne doit même pas soupçonner l'existence !

    Dernière modification par Errant (09 Octobre 2023 15:26:13)

  • Livrepoche.fr (Nicolas)

    Guide touristique des librairies

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    #632 09 Octobre 2023 20:06:12

    Haaaaa,  Jimmy the kid, quel bon souvenir. Ça me fait penser qu'il va falloir que j'avance d'un cran dans cette série.
  • Errant

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    #633 11 Octobre 2023 12:23:22

    Cadillac de Biz

    À L'aube de la trentaine le grand-père d'une homme décède, sa conjointe devient enceinte et il  découvre des liens généalogiques avec le fondateur de Détroit, ville où ses rêves de hockeyeur professionnel se sont éteints suite à une blessure majeure. Le cumul de ses évènements l'entraînera dans une visite de cette ville, sorte de pèlerinage. L'idée est bonne, les questions qu'aborde l'auteur sont pertinentes, l'écriture est vivante. Mais sur le fond, le traitement ne me semble pas à la hauteur. D'abord j'ai cru pendant plusieurs pages lire un dépliant touristique sur Détroit. Mais surtout, Biz a voulu mettre trop de choses dans un si court roman, à peine 92 pages. C'est peu pour aborder une remise en question majeure d'un jeune adulte, explorer les aléas des liens familiaux, réfléchir à la paternité, illustrer le racisme aux États-Unis, mettre en évidence la contribution des Français à la découverte de l'Amérique, déplorer les effets du colonialisme et  aborder la place des francophones sur ce continent. Tout n'est qu'effleuré, rien n'est développé. Dommage car ce sont tous des sujets d'intérêt et l'auteur nous a prouvé ailleurs qu'il pouvait élaborer beaucoup mieux sa vision du monde qui est aussi percutante que bien campée.
  • Errant

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    #634 14 Octobre 2023 11:59:47

    Elle est les ténèbres 1ère partie de Glen Cook

    Huitième opus de la saga “Les annales de la compagnie noire”, ce livre n'est que la première partie de l'original, les éditeurs français ayant adopté ce curieux découpage. On y voit donc poindre l'émergence d'une nouvelle protagoniste majeure sans toutefois appréhender pleinement sa contribution à l'histoire; ce sera pour le prochain tome. Cet épisode n'est pas dénué d'intérêt pour autant. L'action ne manque pas avec des mouvements de troupe spectaculaires, des stratégies militaires surprenantes et des coups de force audacieux.

    Les pérégrinations de Murgen, l'annaliste narrateur et aussi porte-étendard de la compagnie, sont captivantes à suivre, de même que les variations de son caractère bougon et ses coups de gueule bien envoyés. La zizanie règne du coté de l'Ombre, les egos s'affrontent et on devient curieux de voir ce qui va en sortir, même chose pour la relation entre la Dame et Toubib. Bref, sur tous les plans, cette série, maintenant rendu à son deux-tiers, continue de m'enchanter par les curieux personnages qu'elle contient, par les développements d'envergure qu'elle propose et par l'atmosphère grognonne qu'elle entretient.
  • Errant

    Lecteur glouton

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    #635 20 Octobre 2023 12:09:57

    Dans la forêt de Jean Hegland

    Deux jeunes filles peuvent-elles survivre seules dans la forêt alors qu'une épidémie a décimé les humains et que toute les technologies modernes se sont écroulées ? Il semble que oui, mais à quel prix ? Il y a un coté survivaliste à ce roman qui n'est pas pour me déplaire. La découverte graduelle de ce que la nature peut fournir en nourriture et médicaments, la ténacité et l'endurance nécessaires pour jardiner, bûcher, réparer, inventer, sont illustrées avec finesse et réalisme.

    Mais c'est l'aspect psychologique qui a le plus retenu mon attention; comment ces deux soeurs allaient-elles redéfinir leur existence, donner un sens à leurs vies alors que leurs perspectives et ambitions avaient soudainement foutu le camps. Cette lente prise de conscience, et  l'entreprise de reconstruction qui s'ensuit, s'élaborent parfois à travers cris et déchirements, espoir et découragement, parfois s'accélère soudainement suite à des évènements imprévus. Malgré certains revirements, on est loin cependant d'un thriller, le rythme est plutôt lent, comme les jours qui s'étirent, les semaines qui s'égrainent. Ce récit de l'humain désemparé suite à la perte de repères, de résilience de femmes et d'ode à la nature m'a charmé.


    Une femme de Annie Ernaux

    Son Nobel ayant braqué les projecteurs sur cette auteure, il me tardait d'explorer son oeuvre. Suite au décès de sa mère, elle en trace un portrait assez parlant, en y glissant  ici et là des fragments de leur relation. Au début, la forme m'a un peu étonné, comme s'il ressortait une impression de froideur de cette écriture très dépouillée. L'évocation est pourtant précise, agrémenté de nombreuses expressions qu'utilisait cette femme, ce qui rend le portrait plus vivant. Puis, peu à peu, des émotions font surface, la distanciation entre la narratrice et son sujet s'atténue et, contrairement au début, on sent bien que c'est une fille qui parle de sa mére et non pas d'une quelconque voisine. J'ai trouvé le dernier tiers très émouvant. L'implacable et lente dégénérescence de cette mère si fière et l'impuissance de sa fille qui y assiste sont rendus avec pudeur et brio. Les deux derniers paragraphes sont à mon avis des pièces d'anthologie. Une écrivaine que je revisiterai certainement.
  • Claire C

    Commis de lecture

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    #636 20 Octobre 2023 15:06:37

    Olala merci pour ton avis, il faut que je lise Une femme ! J'ai beaucoup aimé La femme gelée, je l'ai lu bien avant qu'elle soit prix Nobel. Quand j'ai pris ce livre dans mes mains, j'ai été tellement émue par le synopsis au dos qu'il a fallu que je le lise. En quelques années je l'ai lu deux fois. Et j'y entrevois l'esquisse de sa mère qui est un personnage peu commun.
  • Grominou

    Modératrice

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    #637 21 Octobre 2023 03:14:41

    Annie Ernaux manque à ma culture...

    J'avais beaucoup aimé Dans la forêt quand on l'a lu pour le book club!
  • Rascar Capac

    Magicien des lignes

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    #638 21 Octobre 2023 21:32:22

    Bonjour !
    J'ai lu "La place", elle parle de son père qui ne comprenait pas son style de vie, son goût des livres. J'avais beaucoup aimé, malgré l'écriture peu littéraire.
    Après, je n'aime pas les auteurs militants politiques, je n'ai donc pas été plus loin avec cette auteur.
  • Errant

    Lecteur glouton

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    #639 22 Octobre 2023 06:48:53

    Je veux justement enchainer bientôt avec "La place" qui est le pendant de "Une femme". Pour le reste on verra éventuellement. 

    Un scoop: rien de définitif mais je jongle avec l'idée de me lancer dans "La recherche du temps perdu", je m'étonne moi-même mais ça m'arrive de temps à autre! Après une cinquantaine de pages du premier tome la tentation est toujours là . . .



    Automnal de Daniel Kraus et Chris Shehan

    J'ai lu très peu de romans graphiques, mais s'ils étaient tous de cette trempe j'en ferais un genre favori. J'ai dévoré cette histoire morbide, autant pour le récit en soi que pour les dessins et, surtout, cette coloration qui sied si bien au récit -  et d'actualité en prime puisque je l'ai lu à la mi-octobre, en pleine période des couleurs au Québec. Le caractère fonceur et déterminé de Kat, dont a hérité sa fille, nous change de ces victimes aussi apeurées qu'impuissantes; devant l'adversité  cette mère aimante se battra jusqu'à l'abnégation. L'intrigue est glauque à souhait, les habitants de Comfort Notch effrayants sous leurs dehors accueillants, la part de fantastique juste assez présente. Les illustrations sont tellement riches que juste les faire défiler sans lire le texte est  pleinement satisfaisant. Pour qui l'horreur n'est pas un obstacle ce livre est à découvrir.


    Lady Bang and the Jack de Cécile Duquenne

    Ce début de série m'a paru à cheval entre science-fiction et western, un mélange plutôt réussi pour cette introduction. L'univers est simple, aride à souhait; une planète prison où est envoyée la lie de la société, un monde déprimant et sans espoir au point où même le dirigeant en place veut s'en évader. L'héroine fait badasse, révolvers au poings, déterminée à ne pas s'en faire imposer par les bagnards dont elle doit réprimer les pires excès. Un personnage trouble fait son apparition, juste assez mystérieux pour hameçonner le lecteur vers le deuxième tome. Au final une petite lecture sympathique, si on fait abstraction du sort réservé aux femmes bagnardes, mais qui ne casse rien, ni n'annonce une suite particulièrement transcendantale. Plaisant à lire mais je vais m'arrêter là.

    Dernière modification par Errant (22 Octobre 2023 08:09:52)

  • Grominou

    Modératrice

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    #640 23 Octobre 2023 01:28:54

    Un scoop: rien de définitif mais je jongle avec l'idée de me lancer dans "La recherche du temps perdu", je m'étonne moi-même mais ça m'arrive de temps à autre! Après une cinquantaine de pages du premier tome la tentation est toujours là . . .


    Génial!:heart: