Merci
Delkinger pour ton message, je note
Les années, et je pense que mon prochain d'
Annie Ernaux sera
La place (sur son père), qui est le pendant d'
Une femme (sur sa mère).
Je n'avais lu d'elle que
La femme gelée. Quand j'ai découvert ce livre dans la bibliothèque que j'ai récupérée de Tante Isabelle
(cf mon petit mot sur La bibliothécaire, 3ème article de la page 9 de mon suivi), j'ai lu le synopsis (c'est le même que celui de la
fiche BBM) :
"Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un " cadre ", mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition " normale " d'une femme."
Je n'avais pas d'enfants à l'époque, mais ces phrases m'ont touchées. J'ai ouvert le livre, et je l'ai lu d'une traite. L'écriture d'
Annie Ernaux opère magiquement sur moi, elle me happe, je me suis plongée littéralement dans son livre. Que d'émotions quand elle décrit son enfance au début surtout. Ses parents avec des personnalités très contrastées, très atypiques, sont tellement forts qu'ils sortent du livre pour moi, j'avais le coeur qui battait à chaque page ! Devenue maman, je l'ai conseillé récemment à une amie, et cela n'a pas loupé, je me le suis relu d'une traite encore. Je le relirai sans doute régulièrement, juste pour me rappeler de ne pas devenir une femme gelée, quelque soient mes choix.
<image>Alors quand j'ai lu sur Livraddict qu'elle avait écrit un livre sur sa mère, dont la personnalité semble hors normes, je me suis procuré vite
Une femme, et encore une fois, je l'ai dévoré d'une traite. Ce livre me fait réfléchir. Il me laisse un grand froid intérieur. Il me pose des questions : est-ce qu'une belle ascension sociale vaut le sacrifice d'une relation mère-fille ?
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Cette mère si particulière, j'avais l'impression qu'Annie avait une forme de tendresse et d'amour pour elle dans La femme gelée, quand on a l'impression qu'il n'y a que froideur, incompréhension et mépris pour elle dans Une femme. C'est comme si elles s'étaient manquées, devenues trop différentes avec leurs vies. Dans La femme gelée, je ressentais comme un grand questionnement intérieur d'Annie Ernaux par rapport à son changement de statut social, sa petite maison bourgeoise par rapport à la jeunesse campagnarde. Et c'est comme si tous ces doutes n'existaient plus à la mort de sa mère. De l'eau a passé sous les ponts depuis Une femme gelée, qui marque son début dans l'écriture je crois. C'est comme si la bourgeoise et l'écrivain connue avaient balayé ce qui restait de la petit fille pleine de vie de la campagne. Ces mots et ses ressentis me laissent pensive, et au fond, triste.
Voilà mon avis, merci
Maman bouquine pour ton message et ton intérêt pour le suivi de mes lectures, ça me fait bien plaisir !