J'ai besoin d'écrire tellement ce livre me fait de l'émotion !
*** Les livres, les langues... ou comment remplir sa WL en lisant Zweig ? ***Zweig cite la littérature de son temps, c'est chouette ! Il parle de
Mme Bovary qui aurait été interdit comme obscène par une tribunal français (du coup ça me donne envie de le lire), il parle aussi de
Tess d'Uberville de
Thomas Hardy, un roman qui a travaillé au coeur
Irving puisqu'il est l'ouvrage central qui accompagne toute la
Prière pour Owen, et qui aurait été condamné en Angleterre et en Amérique. L'avez-vous lu ? Je vais le mettre en WL aussi.
Je demande pardon à Zweig de ne pas être capable de le lire dans sa langue. Lui qui maîtrisait 5 langues, dont le français. Lire me donne envie d'apprendre des langues, un jour je lirai ce livre dans le texte, promis ! Cela me permettrait aussi d'apprécier les poètes de langue allemande et autrichienne qu'il cite, et
Goethe, qui semble être une merveille d'écriture ! Et bien sûr il respecte
Tolstoï et
Dostoïevski (il faut absolument que je découvre cet auteur !), qui apportent un regard d'ailleurs et affranchi de certaines convenances.
*** "Hein? Nous y sommes, ne lâchons plus" comme dirait Zola ***Quel point de vue somptueux, quel amour pour l'art et la littérature ! J'ai le sang qui bout quand je lis ces pages, mon coeur se renforce d'amour pour toute la culture, pour la vie, la force et l'audace de la jeunesse. Quelle belle analyse ! Quelle plume (et ce n'est qu'une pâle traduction !) !
Il y a des parallèles forts entre sa jeunesse folle de culture (en dehors des murs de l'école), et celle que j'ai découverte dans l'
Oeuvre entre
Zola et
Cézanne. Eux aussi partaient loin des murs de l'école pour réciter des vers, déclamer du théâtre, lire, dessiner, peindre.
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Zweig : "Comme ces discussions enflammées, cette surenchère acharnée, cette admiration et cette critique mutuelles m'ont de bonne heure exercé la main et les nerfs, quelles perspectives, quelles vues d'ensemble sur le monde spirituelles elles m'ont offertes, comme elles nous ont portés d'un bel envol au-dessus de l'aridité triste et ennuyeuse de notre école !"
*** Du vieil art bourgeois à l'art nouveau jeune ***Spoiler (Cliquez pour afficher)
Il dit aussi quelque chose qui résonne directement avec ce que Zola raconte dans l'Oeuvre : "Dans la génération de nos pères, un poète, un musicien n'acquérait de la considération que quand il avait "fait ses preuves", quand il s'était adapté au goût tranquille et sérieux de la société bourgeoise. Tous les hommes qu'on nous avait appris à respecter se conduisaient et se comportaient en gens respectables".
"Le véritable événement de nos années de jeunesse, c'est que quelque chose de nouveau se préparait dans l'art, quelque chose de plus passionné, de plus problématique, de plus aventureux que ce qui avait satisfait nos parents et notre entourage."
*** Vers un monde nouveau ***Spoiler (Cliquez pour afficher)
"Cependant, fascinés par se seul secteur de de l'existence, nous ne remarquions pas que ces changements dans le domaine de l'esthétique n'étaient que des émanations et les signes avant-coureurs de transformations beaucoup plus amples qui allaient ébranler et finalement anéantir le monde de nos pères, le monde de la sécurité."
D'entrée de jeu, Zweig présente le monde de ses parents comme le monde de la sécurité, pour la joie des assurances et des banquiers, où chacun (à partir d'une certaine classe sociale bien sûr) profite de son petit confort, et fait confiance au progrès. Cela me fait frissonner par rapport au monde d'aujourd'hui. Est-ce que quelque chose d'aussi terrible que les deux guerres va s'abattre sur nous bientôt ? Saura-t-on voir les signaux à temps ? Est-il déjà trop tard ?
"[Nos pères] pensaient sincèrement que les frontières des divergences entre nations et confessions se fondraient peu à peu dans une humanité commune et qu'ainsi la paix et la sécurité, les plus précieux des biens, seraient imparties à tout le genre humain."
***
Merci
Stefan Zweig pour ces pages qui me font vibrer !