[La guerre de Troie n'aura pas lieu - Déc. 2023] - Parlons du livre

  • Alhweder

    Restaurateur de livres

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    #21 23 Décembre 2023 15:17:17

    Julie27 a écrit

    J'ai hésité, justement, mais comme c'était sa première apparition, après nous l'avoir montrée assez superficielle, je l'ai prise pour de l'idiotie.
    C'est après que mon avis a un peu évolué... mais je reste avec l'image d'un personnage assez "simple" et égocentrique :chaispas:


    Et moi c'est par la suite qu'elle m'a ennuyée XD Je trouvais qu'elle avait perdu du mordant.

  • terrystad

    Passionné du papier

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    #22 23 Décembre 2023 16:24:52

    Bonjour, bonjour,

    Moi j'ai plutôt aimé la pièce de théâtre.

    Je n'avais jamais lu Giraudoux, alors avec ce Club, c'était la bonne excuse.

    j'ai beaucoup aimé cette phrase et je cite: "Auparavant ceux que j’allais tuer me semblaient le contraire de moi-même. Cette fois j’étais agenouillé sur un miroir."

    J'ai bien aimé aussi les clins d'oeil entre cette guerre mythique de l'antiquité et celles de la 1ere guerre mondiale, que l'auteur a connu. En la remettant dans un contexte de l'antiquité, il a peut-être voulu montrer l'aspect "ancien" et ridicule de ces guerres d'Europe. Ainsi, on ridiculise et simplifie les raisons de la guerre à des aspects plutôt frivoles: Hélène, etc.

    Je comprend l'auteur de mettre en lumière le ridicule des guerres. Toutefois, il ne remet pas en question les aspects des disparités socio-économiques entre les 2 peuples cités (d'une part dans l'antiquité, d'autre part celles sous-entendus entre la France et l'Allemagne, notamment).

    N'importe, à part cela, j'ai bien aimé l'utilisation de l'antiquité comme base pour raconter et s'exprimer.

    Merci pour vos impressions et partages.

    A+
  • Grominou

    Administratrice

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    #23 23 Décembre 2023 20:36:04

    Concernant Hélène, comme je l'ai dit dans mon premier post, je ne l'ai pas trouvée bête mais seulement égocentrique -- elle refuse de retourner en Grèce même si cela permettrait d'éviter une guerre...  Bon cela dit, peut-être que cela ne l'éviterait pas, car les fauteurs de guerre trouveraient un autre prétexte, c'est justement l'argument principal de la pièce.  Donc au fond elle a peut-être raison de refuser ce sacrifice?

    Par contre, je n'ai pas compris son jeu de séduction avec l'adolescent Troïlus, quelqu'un a une idée là-dessus?
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #24 23 Décembre 2023 20:58:00

    Moi je ne la trouve pas égocentrique, elle accepte même de rentrer, je pense qu'elle imagine bien que ce qu'elle fait ou non maintenant ne fera pas de différence.
    Par contre je suis d'accord avec toi, je n'ai RIEN compris à cette histoire d'adolescent :grat:
  • Vinushka

    Puits de lecture

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    #25 23 Décembre 2023 23:17:03

    Pour ma part, j’ai terminé le livre hier soir et j’ai bien aimé dans l’ensemble. Mais pas "bien aimé" tout du long, c’est plutôt une moyenne. J’ai beaucoup aimé certains passages alors que d’autres m’ont paru longs.

    Je l’ai trouvé dans une édition lycée, j’ai lu un bout de préface sur l’auteur et c’est intéressant pour remettre la pièce dans le contexte. C’est la première fois que je lis Jean Giraudoux. Certaines notes étaient éclairantes.

    J’ai beaucoup aimé le personnage d’Hector, qui a déjà fait la guerre et est pacifiste.

    « Cette mort que j’allais donner, c’était un petit suicide » (Hector, Acte I, scène 3)

    J’ai aussi aimé tout le passage avec le juriste qui illustre les débats internationaux.

    « Mon cher Busiris, nous savons tous ici que le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité » (Hector, Acte II, scène 5)

    J’ai aussi beaucoup aimé le discours, toujours dans la scène 5. Mais les paroles plus longues dans les scènes suivantes m’ont parfois ennuyée. Je préfère les dialogues plus courts qui retiennent mon attention aux longues tirades.

    Il y a une phrase qui m’a interpellée et résonne à la fin de la pièce :

    « DEMOKOS : Qu’as-tu à me regarder ainsi ? Tu as l’air de détester autant la poésie que la guerre.
    HECTOR : Va ! Ce sont les deux sœurs »
    (Acte 1, scène 7)

    Je n’ai pas grand-chose à dire de plus. Hector est le personnage qui m’a le plus marqué, mais c’est toujours mon personnage préféré lorsqu’il apparait (dans un film, une pièce).^^ J’aime beaucoup Hécube et Andromaque également (pour les mêmes raisons que @Livresovore) . J’ai trouvé le personnage d’Hélène… chiant mais pas idiote. Elle plutôt froide et certains de ses passages sont drôles car absurdes. Je pense qu’une relecture ne serait pas de trop pour apprécier les réflexions de l’auteur et l'humour de la pièce (il m'arrivait d'hésiter sur ce qui était ou non ironique par moment). Je suis passée à côté de certaines choses. D'ailleurs @Grominou, pour ta question, je donne ma langue au chat !

    Je n’ai pas assez aimé pour faire cette relecture, mais c’est une pièce intéressante.

    Malgré le contexte particulier, les réflexions peuvent s’étendre à des guerres actuelles ce qui en fait un texte encore d’actualité.

  • pontdeslivres

    Lecteur assidu

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    #26 24 Décembre 2023 08:29:42

    Grominou a écrit

    Par contre, je n'ai pas compris son jeu de séduction avec l'adolescent Troïlus, quelqu'un a une idée là-dessus?


    Pour moi - mais après ce n'est que ma façon d'analyser hein en littérature on peut faire des thèses des analyses de passages XD - Giraudoux joue avec ses caractéristiques traditionnelles. Elle est un personnage superficiel et séductrice. Elle a tout quitté pour être avec Paris qui est tout autant superficiel qu'elle. Troïlus est un personnage qui résiste à son charme tout en étant fasciné ce qui fait qu'elle veut le faire céder comme tous les troyens qui sont déjà à ses pieds. Hélène est supposée être la raison officielle de la guerre, en charmant tout le monde, elle maintient cette raison. Mais si elle échoue à concaincre, son personnage - de belle ingénue frivolante - n'a plus aucun sens. Finalement, elle a la même fonction que la propagande dans ce passage ! (Après ce n'est que mon interprétation, j'insiste ^^)

    C'est pour cette raison que le personnage d'Hélène me semble intéressant car il a bien plus de dimensions que dans certaines représentations...

    Dernière modification par pontdeslivres (24 Décembre 2023 08:30:59)

  • Ichmagbücher

    Cauchemar des auteurs

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    #27 24 Décembre 2023 09:52:35

    Bonjour, je n'ai ni aimé, ni pas aimé cette pièce. Ca se lit bien, mais je n'en garderai pas un souvenir impérissable. Cependant, la lecture n'a pas été fluide, car on est interrompu à tout bout de champ par des notes de bas-de-pages, qui n'apporte la moitié du temps rien du tout, et parfois même m'embrouillait plus qu'autre chose.

    Au début, tout le monde parle de la beauté d'Helene à Hector, on l'encense tellement que c'était agaçant, et surtout une fois devant elle, Hector ne fait pas mention de son physique, ni dans un sens ni dans l'autre, mais peut-être qu'il aime tellement Andromaque que les autres lui sont indifférentes.

    Je ne pense pas non plus qu'elle soit idiote, je rejoins quelqu'un qui dit qu'elle est plutôt égocentrique. Hector est le personnage central, il revient à peine de la guerre, on comprend qu'il n'en veuille plus et j'ai trouvé intéressant également son point de vue là-dessus, le passage où il parle de ses adversaires / ennemis en particulier. La symbolique de la porte de la guerre m'a plu aussi.

    Je suis d'accord également sur le personnage de Ulysse, qui est un peu ambivalent, on ne connaît pas vraiment son avis personnel, mais c'est un émissaire et j'ai eu aussi l'impression que quoi qu'il veuille ou décide, cela n'aura pas d'impact sur la décision des rois.
  • Claire C

    Passionné du papier

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    #28 24 Décembre 2023 14:49:39

    pontdeslivres a écrit

    Finalement, elle a la même fonction que la propagande dans ce passage ! (Après ce n'est que mon interprétation, j'insiste ^^)


    Super intéressante ton interprétation, moi ça me convainc ! Merci pour le partage !

  • Grominou

    Administratrice

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    #29 24 Décembre 2023 20:55:33

    pontdeslivres a écrit
    Grominou a écrit

    Par contre, je n'ai pas compris son jeu de séduction avec l'adolescent Troïlus, quelqu'un a une idée là-dessus?


    Pour moi - mais après ce n'est que ma façon d'analyser hein en littérature on peut faire des thèses des analyses de passages XD - Giraudoux joue avec ses caractéristiques traditionnelles. Elle est un personnage superficiel et séductrice. Elle a tout quitté pour être avec Paris qui est tout autant superficiel qu'elle. Troïlus est un personnage qui résiste à son charme tout en étant fasciné ce qui fait qu'elle veut le faire céder comme tous les troyens qui sont déjà à ses pieds. Hélène est supposée être la raison officielle de la guerre, en charmant tout le monde, elle maintient cette raison. Mais si elle échoue à concaincre, son personnage - de belle ingénue frivolante - n'a plus aucun sens. Finalement, elle a la même fonction que la propagande dans ce passage ! (Après ce n'est que mon interprétation, j'insiste ^^)

    C'est pour cette raison que le personnage d'Hélène me semble intéressant car il a bien plus de dimensions que dans certaines représentations...


    Ah oui, ça se tient! :ok: Merci pour ton interprétation!


    Ichmagbücher a écrit

    Au début, tout le monde parle de la beauté d'Helene à Hector, on l'encense tellement que c'était agaçant, et surtout une fois devant elle, Hector ne fait pas mention de son physique, ni dans un sens ni dans l'autre, mais peut-être qu'il aime tellement Andromaque que les autres lui sont indifférentes.


    Ou bien simplement parce qu'elle est l'amante de son frère, donc il ne se permet pas ce regard?  Ou bien il s'est complètement fermé à sa beauté car il veut qu'elle retourne en Grèce coûte que coûte pour éviter la guerre?

  • FluR

    Néophyte de la lecture

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    #30 25 Décembre 2023 01:04:04

    J’arrive après la bataille (je recevais ma famille en cette période de fin d’année) et vos échanges sont déjà très riches sur la pièce.

    J’ai apprécié cette lecture, courte et concise, très différente de la plupart des livres proposés par le groupe.
    Je ne l’avais jamais lue et cela a été l’occasion.

    J’ai de suite resitué ce livre dans son époque.
    Je trouve qu’il apporte une impression assez impertinente sur l’absurdité de la guerre, à un moment où celle-ci pointait son nez dans une époque qui perdait son sens (en référence, je pense au livre « Le monde d’hier, souvenir d’un Européen » de Stefan Zweig).
    Les personnages sont assez conceptuels. Ils reprennent bien la mythologie, mais sortent des images « sérieuses » qu’on en a souvent pour leur donner de la légèreté, de la sagesse ou de l’absurdité.

    Certains ont une vision du bien-être du groupe. D’autres sont surtout préoccupés par eux-mêmes et leurs intérêts propres.
    C’est de cette manière que j’ai appréhendé les personnages d’Hector et d’Hélène. C’est sûrement réducteur, mais j’aurais pu penser ainsi dans un contexte de pré-guerre.
    Oser sortir cette pièce à une période où une prise de position politique sur la guerre pouvait engendrer une arrestation voire une condamnation à plus ou moins long terme est pour moi un acte courageux.
    Bien-sûr, pour nous qui sommes une génération sans guerre directe (et restons-le), cela paraît un peu suranné, mais à un moment où nos vies auraient été en péril sur la décision de quelques-uns, je pense que j’aurais ressenti cette pièce avec beaucoup plus d’intensité.