[Suivi lecture] Errant

Elle est les ténèbres tome 2 de Glen Cook


Cet opus de l’addictive saga de la Compagnie noire est comme une transition, une période d’indécision, de chaos, de fragmentations où on se demande quelle direction tout cela va bien prendre. . . jusqu’à la toute fin qui nous laisse suspendus, littéralement, au-dessus d’un précipice. Bien sûr, il y a quelques escarmouches avec les ombres, des développements technologiques du côté des armes et les habituels râlements au sein de l’état-major. Mais ce sont les fréquents voyages de Murgen dans le monde spectral qui retiennent l’attention, ses rencontres dangereuses, les informations qu’il en retire. Sa relation avec les corbeaux n’est pas sans intérêt non plus.

Mais la grande question qui hante tout le volume a trait à l’identité de celle “qui est ténèbres”. La dame, la déesse, Volesprit ou bien une nouvelle protagoniste encore inconnue? En plus de mettre en scène des personnages atypiques et attachants, cette immense saga a comme avantage de prendre son temps, de mélanger savamment action, dynamique de groupe et éléments paranormaux, tout cela dans un univers aussi crédible que racoleur. Je déguste.

@ Triskeliga Non pas celle-là.


Sur la route, le rouleau original de Jack Kérouac

Parfois des bouquins mythiques déçoivent. Pour moi celui-ci en est un. Au-delà d’une traduction indigeste, surtout perceptible dans les passages consacrés à la musique, les pérégrinations de l’auteur ne m’ont pas touché, je n’ai pas non plus trouvé que l’espèce de fièvre de la Beat generation n’a bien été illustrée. J’ai y plutôt vu un ramassis de tribulations sans queue ni tête, bâti autour d’un personnage excentrique, tellement en fait qu’il n’est pas crédible, en plus d’être un casse-pied monumental.

L’errance de ces jeunes désœuvrés m’a plutôt semblé pathétique, leur mépris des femmes, objets consommables et facilement jetables, même lorsqu’il s’agit de la mère de leurs enfants, encore plus. Je me demande encore ce qui a fait la réputation de ce livre. Bien sûr il y a quelques instants lumineux, une sympathique complicité entre Kerouac et sa mère, mais pour le reste beaucoup de millage dans des autos douteuses, de l’alcool à flot, les délires de Neal; et puis après? Le comble c’est cette fin reconstituée par Cunnel parce que le chien a mangé la fin du rouleau; vraiment! Esprit de liberté, je veux bien, mais est-ce que ces débordements effrénés s’en approchent seulement?

Le colosse de Maroussi de Henry Miller

Tombé sur ce livre grâce à un club de lecture, ce fut une heureuse surprise. Car bien loin d’un simple carnet de voyage, Miller nous relate ici sa passion des hommes et de la terre de ce pays, lieu mythique où les dieux ont fréquenté les hommes, des relents de leur passage embaumant encore les rochers et le cœur de ses habitants. Il nous fait visiter plusieurs endroits, mais au-delà de leur description factuelle, il nous partage également ses états d’âme que lui inspirent ces lieux, les réflexions qui lui viennent, la sérénité qui l’envahit, les révélations qui lui tombent dessus.

Ses rencontres, que se soit celles avec les Grecs ou avec les visiteurs comme lui, sont tout sauf ennuyantes, autant les meilleures comme les pires, au fil du livre on comprend qu’il est profondément déçu de la civilisation moderne et amer envers son pays d’origine, ces deux éléments faisant l’objet de nombreuses allusions. Ce séjour en Grèce a profondément transformé l’auteur, il est le premier à le reconnaître et en être reconnaissant. Il réussit bien à illustrer l’ampleur du choc vécu et à nous rendre complices de ses découvertes à l’aide d’une prose qui coule de source et suinte l’authenticité. Une belle découverte.

Non pas des nouvelles, on le suit pendant un an. Plutôt un roman autobiographique.

L'épreuve du silence de Patricia Briggs

Isolée en Europe, privée de liens avec sa meute, en butte aux plans indéchiffrables d’un puissant vampire, Mercy devra puiser dans ses réserves d’énergie, faire preuve d’audace et de subtilité pour survivre. Un tel scénario en soi est prometteur auquel, tel un bonus, il faut ajouter un bien curieux équipage qui tente de voler à son secours. Notre coyote préférée se montrera déterminée et résiliente à souhait, pour notre plus grand plaisir.

En direct continuité avec le tome précédent de la saga, cet opus fait largement place aux stratégies et manigances plutôt qu’aux affrontements directs, bien qu’il en faille tout de même un tantinet. . . Sauf qu’ici le terrain de jeu est intercontinental plutôt que d’être circonscrit aux Tri Cities. Cela apporte un aspect nouveau à la série dont il faut bien être au fait pour saisir tous les aspects de l’épisode. Bref différent dans un sens tout en cadrant parfaitement dans la série, ce qui ne déçoit pas du tout, bien au contraire.