#787 11 Août 2024 20:38:12
Un intérêt particulier pour les morts de Ann Granger
Avec ce livre, l’autrice entame une série d’une dizaine de tomes consacrés à Lizzie Martin, jeune célibataire désargentée et, accessoirement, à Ben Ross, inspecteur à Scotland Yard. Quant à moi, cette introduction annonce de belles choses. D’abord, l’intrigue proposée est intéressante, l’enquête se développe lentement avec son lot de rebondissements, sa conclusion plausible. Les personnages secondaires sont assez fouillés, crédibles. Le rythme est bon, soutenu sans être trépidant; on se laisse bercer plutôt que de se sentir bousculé.
La personnalité de Lizzie vole la vedette; intelligence vive, impétueuse tout en connaissant les limites à ne pas dépasser vu son statut précaire, de solides valeurs humanitaires. Obligée par la force des choses d’être dame de compagnie, on la sent destinée à beaucoup mieux, ce qu’elle désire par ailleurs. L’inspecteur Ross, quoique plus réservé, est aussi intéressant puisqu’à force de ténacité et d’efforts soutenus, il a réussi assez tôt, malgré ses origines modestes, à parvenir à une position enviable. D’emblée, il sera estomaqué par Lizzie, la fille du médecin de son village natal, devenue une femme pétillante. . . et libre! Tous les ingrédients sont là pour une série captivante, sans mièvrerie, avec un ton un peu bon enfant malgré crimes crapuleux et sombres sires.
La curiosité est un péché mortel de Ann Granger
Dans ce deuxième épisode, Lizzie est expédiée a la campagne pour tenir compagnie a une très jeune mère dont le bébé est mort à deux jours. Or celle-ci le croit toujours vivant, envers et contre tous. Curieusement, un psychiatre est aussi envoyé à cette demeure pour des raisons obscures. Un meurtre ayant été commis, quelle belle excuse pour faire venir l'inspecteur Ross et les pièces du puzzle sont toutes présentes.
L'autrice a tissé une toile assez serrée, laissant le lecteur dans le doute sur plusieurs aspects étrangers au meurtre. La santé mentale de la mère est mise en question, les motifs réels de la présence de Lizzie également. On sent qu'il y a anguille sous roche, mais de quoi s'agit-il exactement? Au-delà de cette intrigue captivante, Granger fait évoluer la relation entre Lizzie et Ben où ce dernier devra respecter les hésitations de la première. J'aime les deux facettes de cet opus où les deux personnages principaux, malgré leurs origines populaires et leurs statuts modestes, s'affirment dans le milieu de la haute où les apparences priment parfois sur la vérité . . . Un deuxième tome qui livre la marchandise et incite a explorer la suite.
Un assassinat de qualité de Ann Granger
On retrouve ici Lizzie et Ben mariés, installés dans une petite maison, avec Bessie comme bonne à tout faire, personnage coloré qui injecte une dose d'humour et de sympathie dans ce bouquin. Un spectre meurtrier et un prédicateur louche occuperont les deux héros dans cet épisode qui se déroule d'une part dans les quartiers mal famés de Londres et d'autre part au sein de la haute bourgeoisie. Les deux intrigues sont intéressantes et, pour une du moins, le dénouement est surprenant.
On voit Ben faire preuve d'empathie envers les prostituées, les considérer comme des êtres humains plutôt que comme des catins et, contrairement aux coutumes du temps, s'en préoccuper comme citoyennes plutôt que de simplement les ignorer. Cette incursion dans les rives de la Tamise et les interventions de Bessie, elle-même issue des bas-fond, nous plonge dans le Londres obscur de l'époque victorienne, ce qui contribue grandement a l'attrait de ce livre que j'ai bien apprécié.