Bonjour,
Je viens de mettre un point final au bout de 54% d'avancement dans ma lecture qui se solde donc par un abandon.
Voici mon retour détaillé qui explique pourquoi cette décision :
<image>Chien 51 – Laurent Gaudél y a des lectures qui désarçonnent, non pas parce qu’elles sont mauvaises, mais parce que notre esprit de s'ouvre pas.
Chien 51 en fait partie.
Dans ce roman d’anticipation, Laurent Gaudé imagine un futur où les multinationales ont supplanté les États. La Grèce, exsangue, a été littéralement rachetée par une entreprise tentaculaire, GoldTex. Les citoyens ne sont plus que des ressources humaines reléguées dans une société ultra-hiérarchisée, divisée en trois zones, où la dignité. L’intrigue suit Morse, un ancien flic devenu "Chien" (comprendre : exécutant docile), qui enquête sur un meurtre dans un monde qui a oublié jusqu’au sens du mot "justice". Est-il juste de nommer ces personnes chien ? De les rabaisser sans cesse, de leur dire : bon toutou, ramène, va chercher, c'est choquant, révoltant, et l'auteur a su appuyé là où ça fait mal.
Le contexte géopolitique – fascinant sur le papier – m’a pourtant semblé sous-exploité. Trop diffus, trop en arrière-plan. L’univers est dense, mais il reste flou, comme vu à travers un brouillard : on évoque des îles, des zones, un passé grec déchu… sans jamais réellement s’ancrer quelque part. J’ai souvent eu l’impression d’avancer sans carte, entre flashbacks et utopie, sans point fixe où m’accrocher.
C’est sans doute voulu – ce flou contribue à la sensation d’étrangeté, de dépossession, de déshumanisation que subit Morse. Et en cela, l'auteur réussit une vraie ambiance, presque oppressante. J'ai beaucoup pensé à Barjavel, et notamment à
La Nuit des temps, dans cette manière de créer une SF poétique, grave, parfois dérangeante. Le Love Day, par exemple, évoque cette scène au pied du ménisque dans
La Nuit des temps, un basculement où l’humain se laisse absorber par un idéal qui l’écrase le reste du temps. Un jour de plaisir pour oublier les autres en esclaves.
Mais malgré ces qualités indéniables, je suis restée en dehors. L’enquête m’a semblé lente, les personnages distants, presque indifférents à eux-mêmes – et moi à eux. J’ai abandonné ce livre, frustrée de ne pas trouver le fil, le fond, le souffle auquel j’aurais voulu me raccrocher.
Chien 51 est un roman pour ceux qui aiment être bousculés, projetés hors de leur zone de confort, dans une science-fiction plus conceptuelle que narrative. Une lecture exigeante, peut-être trop pour moi à ce moment-là. Une expérience, mais pas un voyage.