#11 15 Mars 2010 20:20:02
Je crois que, malheureusement, la petite édition ne pourra pas se passer longtemps de « financements externes ». Je crois simplement qu’il faut qu’existe une césure claire entre l’œuvre littéraire elle-même et cette publicité éventuelle. Aujourd’hui la couverture assume déjà une fonction publicitaire, tout est minutieusement étudié et elle est souvent déconnectée d’ailleurs de l’œuvre elle-même. Dans le jargon, le texte de la 4e est appelé un « argumentaire »… de vente. On ne peut pas être plus clair. Elle doit donc faire vendre. Comment la presse écrite pourrait-elle vivre aujourd’hui sans publicité ? Le journal Le Monde vent-il son âme pour autant ? Regardez la situation dramatique de la très petite édition : nous sommes tous au bord du gouffre. Regardez également du côté des blogs et je vous le dit avec amitié tant votre communauté m’est sympathique mais le fait d’afficher sur la home page de Livraddict, par exemple, des thèmes publicitaires (même pour des livres de partenaires comme un template Percy Jackson) peut aussi prêter à confusion. Je reviendrai aussi sur le thème de l’affiliation tout à l’heure, en vous parlant des problèmes que nous rencontrons avec Amazon par exemple. Et je ne parle pas encore des « adwords » de Google, ces petites publicités – « liens commerciaux » incontournables que l’on retrouve sur 80 % des blogs littéraires et qui mettent en avant – à l’insu des bloggeurs bien sûr - de véritables escrocs, c'est-à-dire des éditeurs prestataires de services qui se présentent comme des éditeurs mais ne pratiquent de l’édition qu’à compte d’auteur et promettent la gloire à tous. Vous voyez donc que le problème est complexe et que c’est pourquoi il nous faut tous rester vigilants. Je précise pour Valérie, en forme de clin d’œil bien évidemment, qu’il ne s’agit pas ici d’une leçon de morale… Nous vivons dans un monde remplie de communication publicitaire, elle fait partie aujourd’hui de notre quotidien, de notre respiration. Je pense qu’il faut plutôt apprendre à l’apprivoiser que vouloir la combattre frontalement. Dans un monde idéal, je voudrai que les artistes, les écrivains par exemple, puissent être financés par la collectivité. Mais, malheureusement, nous ne sommes pas dans ce monde là et pour faire connaitre une œuvre, pour soutenir le travail d’un artiste, il faut de l’argent, beaucoup d’argent même. Utiliser les faiblesses d’un système qui fonctionne sur un mode presque exclusif de consommation ne me parait donc pas hérétique, c’est l’utiliser pour une cause qui, sinon, ne pourrait pas voir le jour. Pour revenir à l’Autre éditions, c’est donc un choix, difficile je vous demande de me croire, que je continuerai à assumer. Et, je vous le dit honnêtement, si un jour cela doit me permettre de faire vivre des œuvres littéraires, si cela peut m’empêcher le dépôt de bilan, si je n’ai pas l’impression de vendre mon âme au diable, alors oui, je n’hésiterai pas à tenter de monétiser ces deux pages. Croyez que j’en suis désolé El Jc, mais jouer le rôle du martyr de la littérature ne m’intéresse absolument pas.