Je savais que j'avais lu une interview où on avait quelques réponses, et voici donc.
Bon, ça a 3 ans, donc, ne vous étonnez pas de certaines questions dans l'intégralité de l'interview liées aux dates des Intégrales 3 et 4 =)
Nombre de lecteurs du Trône de Fer placent beaucoup d’espoir dans ces version non découpées qu’ils attendent depuis longtemps (j’en fais partie), la plupart abhorrant en effet le découpage assez poussé (jusqu’à 4 tomes pour ASOS) effectué par Pygmalion. Quelles sont les motivations de J’ai Lu à revenir sur sa politique et à éditer les œuvres selon leur découpage original ?Si nous parlons de politique, il faut distinguer Pygmalion et J’ai lu. Pygmalion publiait le TdF bien avant l’arrivée de l’équipe actuelle. Quand celle-ci a pris ses fonctions, elle a en quelque sorte suivi la tendance de découpage précédemment initiée. Lorsque je suis moi-même arrivé (au tome 10 en grand format), les choses étaient trop avancées pour changer quoi que ce soit. Pour le prochain tome, il ne faut pas rêver : il sera énorme, donc impliquera un coût de traduction faramineux. La publication en un tome, dans la formule actuelle, est donc exclue, ce serait un suicide financier. Nous réfléchissons cependant à une formule (dont je ne peux dévoiler les détails) qui nous permettrait de ne pas couper ou, au pire, de ne couper qu’en deux parties.
Concernant J’ai lu, la politique dépend directement de la publication grand format, en première édition poche, du moins. L’idée de faire ces « intégrales » est née de l’échec de ces mêmes intégrales chez Pygmalion, que nous imputons principalement au prix de vente. En outre, je trouvais vraiment dommage que les tomes 3 et 4 ne sortent pas. D’où la solution de faire une belle édition en semi poche, avec des prix tirés au cordeau et des couvertures plus sexy.
Les images des couvertures dévoilées présentent comme titre « l’intégrale 1″ et « l’intégrale 2″, pourquoi ne pas avoir choisi de traduire les titres originels des romans (« A Game of Thrones », « A Clash of Kings », etc…) ?Qu’on aime ou pas ce titre, l’œuvre est connue en France sous le titre Le Trône de Fer. Or, en fantasy, on retient le nom d’un cycle, plus rarement celui des volumes qui le composent (et là, je pense en particulier aux libraires). Le message nous a paru plus clair que si nous avions donné de nouveaux noms, qui auraient brouillé les pistes.
La grosse vilaine question qui fâche N°1 : Le découpage. Pourquoi dans un premier temps Pygmalion et J’ai Lu ont-ils choisi de découper les tomes américains en plusieurs volumes ? Pygmalion jouit d’une très mauvaise réputation uniquement à cause de ça, alors qu’ils proposent par ailleurs des œuvres d’une grande qualité, variées et donnant une bonne image de la Fantasy en France.Encore une fois, cette histoire de découpage a commencé bien avant mon arrivée, et avant l’arrivée de l’équipe actuelle, mais je peux supposer ce qui l’a alors justifié. Le fait est que les livres de George R.R. Martin sont particulièrement gros, et donc leur traduction très onéreuse. En un tome ? Impossible. Rappelez-vous qu’à l’époque, Pygmalion n’était pas un éditeur de fantasy à proprement parler. Le TdF s’apparentait plus à un coup de cœur, sans aucune garantie de succès commercial (et encore une fois, même aujourd’hui le succès en grand format est assez limité). Il fallait donc rentabiliser l’opération. C’est après que sont venues les dérives, quand les tomes ont commencé à être coupés en 3, puis en 4.
Pour tout vous dire, étant des deux côtés de la barrière, je comprends les uns et les autres : en tant que lecteur, cela m’horripile tout autant que vous de devoir attendre et payer plus cher. En tant qu’éditeur, je ne peux pas dire que je n’en bénéficie pas aussi un peu. Soyons francs, les éditions découpées rapportent beaucoup plus d’argent que si elles ne l’étaient pas. Si cet argent ne servait qu’à engraisser un actionnaire, ce serait effectivement scandaleux. En l’occurrence, beaucoup d’autres livres de fantasy n’auraient pas vu le jour chez Pygmalion sans la manne financière générée par Robin Hobb et, dans une moindre mesure, George R.R. Martin. C’est parce qu’un jour, un décideur s’est penché sur les comptes de Pygmalion et a dit « dites donc, la fantasy ça rapporte beaucoup, faites en plus ! », qu’ont pu être publiés Lynn Flewelling, David B. Coe, Elizabeth Haydon, ou plus récemment Steve Cockayne, Pamela Freeman, Stephen Deas, Glenda Larke et bientôt Joe Abercrombie. Au passage, vous noterez que les cinq derniers auteurs cités ne sont pas découpés. Étrangement, ça on n’en parle pas…
J'ai pris les passages qui nous intéressent le plus, mais si ça vous intéresse, voici pour l'intégralité de l'interview :
http://www.lagardedenuit.com/blog/2009/ … -questions