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Devra-t-il, pour faire vivre les siens, étouffer sa pensée et renier son langage ? Endiguer le flot torrentiel qui a porté Moby Dick, puis Pierre en zone interdite ?
Sa pensée restera intacte. Mais une conversion s'opère chez lui pendant la genèse des Contes. Jean-Jacques Mayoux l'a formulé on ne peut mieux : «Il semble que son langage ait intégré le silence et qu'il lui donne une puissance toute nouvelle.»
Voué à la retenue du discours en même temps qu'à l'effacement personnel, il ne se veut plus l'huissier des ambiguïtés qui tissent le monde. Si Bartleby est «un homme au rebut» (tout comme l'auteur de Pierre), est-ce la faute du scribe - plus indéchiffrable qu'Hamlet - ou celle de Wall Street ? À bord du navire esclavagiste, qui furent et qui sont les pires persécuteurs ? Les Contes de la Véranda, souvent plus proches du mythe que de l'allégorie, sont par là même inépuisables.
1995 Editions Gallimard (L'imaginaire)
Langue française | Traduit par Pierre Leyris | 367 pages | ISBN : 9782070740260
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