#519 04 Février 2019 13:09:16
Bonjour,
ca y est, je l'ai terminé. Au lieu de lui tourner autours, j'ai décidé d'arrêter de me voiler la face : Non, il n'y aurait pas de bon moment pour finir livre. J'avais du temps devant moi, je me suis posée dans le canapé et je ne regrette pas. Voici donc L'art français de la guerre d'Alexis Jenni (Fiche BBM). Enfin.
Avis : Je veux commencer en disant qu'à mon avis, il s'agit d'un très bon livre. Il ne se laisse pas maîtriser facilement à cause du style qui paraît embrumé mais qui, je le pense maintenant en refermant la dernière page, est en réalité parfaitement maîtrisé pour créer une atmosphère qui imprègne le lecteur.
<image>Je ne connaissais absolument pas l'auteur et je crois bien qu'il faisait parti de ces livres que j'achetais parce que "Quand même, Alhweder, il faudrait que tu lises des prix littéraires !". Il a obtenu le Prix Goncourt 2011. Je ne sais pas trop pourquoi je pensais ça et à vrai dire, c'est une réflexion qui revient de temps en temps. Il n'a donc pas été acheté pour les bonnes raisons, mais surtout même pas été commencé pour les bonnes raisons non plus : j'avais besoin d'un auteur en J pour l'ABC organisé par @nanet. Celui de l'année dernière... Ainsi, au final, il m'a pris tellement de temps à la lecture, que je ne l'ai même pas utilisé pour ce challenge.
Pourtant, je le répète, je pense sincèrement qu'il s'agit d'un très bon livre. Il est dense c'est sûr mais il traite du sujet d'un sujet complexe et il le fait sans raccourcis. Certes, il semble parfois se perdre en circonvolutions ou digressions, mais pour peu qu'on ne décroche pas trop tôt, on découvre qu'elles ont toujours un sens. Personnellement, une fois que j'ai compris le fonctionnement et la portée du roman (ça m'a bien pris plus d'une centaine de page tout de même), l'auteur ne me perdait plus que quand il partait sur l'art de peindre et les émotions que cela lui procure. Mais c'est un manque d'intérêt personnel et peut-être que d'autres auraient apprécié plus que moi ces passages là.
Le narrateur s'étale sur sa vie mais raconte, narre, surtout celle de Salagnon, jeune résistant à la fin de la seconde Guerre Mondiale qui fit ensuite, par défaut presque, es guerre d'Indochine et d'Algérie.
La première remarque que je me suis faite finalement, c'est que notre génération (peut-être même les autres) ont tendance à considérer que la France n'a plus fait de guerre depuis 1945. Or c'est faux. La France en guerre perdura encore presque 20 ans. Seulement, elle était loin et c'était plus facile à ignorer.
J'avais déjà lu des bricoles sur la guerre d'Algérie (bien que pas assez pour bien la comprendre) mais j'étais très ignorante de celle d'Indochine. Pourtant mon grand père y avait participé et les rares fois où j'ai pu le voir l'évoquer, c'est avec une émotion inouïe. Cette partie-là du roman m'a beaucoup marquée, ce qui a été découplée par le fait que mon grand-père était mort au début de l'année et je ne pouvais m'empêcher de penser à tout ce qu'il avait pu y vivre et que c'était maintenant trop tard pour entendre son témoignage. Le roman en général et celui-là en particulier à cette force d'évoquer la réalité.
D'un point de vue moins personnel, l'intérêt de cet ouvrage, c'est sa capacité à démontrer à la fois l'horreur et l’imbécillité de la guerre sans émettre de jugement hâtif sur ses participants. La question du pourquoi est évidemment posée avec donc une réflexion sur l'identité, ou plutôt les identités. Il y a un moment que j'aurais voulu partager ici mais je n'arrive pas à trouver une citation qui résume clairement l'idée développée. Il faudrait que je recopie une page et demi, presque. Peut-être ces quelques mots : "Comme nous ne savons plus qui nous sommes, nous allons nous débarrasser de ceux qui ne nous ressemblent pas. Nous saurons alors qui nous sommes puisque nous serons entre ressemblants". Cette idée fausse que l'autre dénature. Je suis réellement frustrée de ne pas mieux retransmettre ce passage.
En bref, c'est un roman qui parle de nous, des conséquences des actions de nos pères (un peu nos mères aussi sans doute mais bon, elles avaient pas trop le droit à la parole de ce temps-là...) sur notre présent. Il tente d'invoquer un futur qui ne reproduise pas les schémas stériles du passé.
Voilà ! A vous de voir si vous voulez tenter la lecture. Je sais personnellement que je relirai ce livre maintenant qu'il ne m'impressionne plus.
Je passe plus librement à d'autres livres :)
Bonnes lectures à tou.te.s!
Avancée du challenge perso : 43 / 100 (retour à 0 : 1 ; retour à 25 : 0)
Dernière modification par Alhweder (10 Février 2019 17:25:32)