#667 08 Avril 2020 10:48:19
Bonjour bonjour !
@Cendre : J'ai tendance à ne pas trop faire confiance aux moyennes LA car je me positionne régulièrement à contre courant. Toutefois, pour Grimpow, il y avait un indice comme tu dis. Je l'avais pris à la boîte à lire sans doute plus de surprise d'y voir ce genre. Généralement, j'ai surtout droit à des romances, des policiers médiocre et toute la gamme des romans de terroir XD
Concernant Le prophète, je ne parlerais vraiment pas de "Développement Personnel". J'avoue que je fuis ces livres sensés vous donner 10 leçons pour sauver son couple ou vous dire comment ranger vos chaussettes pour sortir de la dépression... Le prophète se rapproche plus d'une lecture comme le Tao Te King de Lao-Tseu.
@Grominou : C'est vrai qu'il y a un petit côté Da Vinci Code dans Grimpow mais Dan Brown rythme beaucoup mieux son histoire !
@isallysun : Le tout c'est de s'en rendre compte XD J'avoue que je ne savais pas du tout où je mettais les pieds quand je l'ai trouvé dans ma bibliothèque.
Retournons à nos moutons, je n'avais pas fini hier de vous présenter mes dernières lectures.
<image>D'abord : L'hibiscus pourpre de Chimamanda Ngozi Adichie (Fiche BBM). Devinez quoi ? C'est @Nounyxx qui me l'a choisi pour le challenge Pioche dans ma PAL :D
Avis : Je suis contente de découvrir Chimamanda Ngozi Adichie avec son premier roman. Et quelle entrée en matière ! J'ai été complètement transportée au Nigeria. Je crois qu'en dehors du fait que l'histoire soit bonne et bien écrite, c'est le voyage lui-même qui fit la moitié de mon engouement. Cela fait un moment que le continent africain m'attire et, à défaut d'avoir les moyens de voyager (et de trouver quelqu'un pour m'y accompagner), je suis toujours heureuse de le faire par le biais des livres. Pour le coup, le dépaysement est là. Le récit est ponctué de mots et expressions ibo. Les traditions se mêlent à la vie quotidienne (qu'est-ce qu'on est riche en Europe...). J'ai vraiment eu l'impression d'un bain culturel que j'ai envie de qualifier d'essentiel.
Toutefois, la qualité de ce roman ne se limite pas à ça. L'histoire est portée par des personnages d'une grande justesse. L'héroïne bien sûr, prisonnière à l'intérieur d'elle-même. Elle répète souvent qu'elle regrettai alors de ne pas avoir dit ou fait cela. Je souffrais avec elle par expérience et ne pouvais m'empêcher d'espérer qu'elle sorte à temps de ce cercle vicieux. Avant d'être passée à côté de trop de choses. Et puis le Père évidemment. La majuscule s'impose. Cet homme admirable par bien des aspects (convictions politiques, éthique journalistique, générosité) et méprisable, détestable par tant d'autres (fanatisme religieux qui le conduit à la cruauté). Ce personnage est très intelligemment construit.
Je dois terminer en précisant que c'est élégamment, délicatement écrit et que les pages s'enchaînent toute seule. J'ai été un peu moins conquise par la fin mais je crois surtout que je ne voulais pas de fin et rester dans l'histoire. Elle était donc forcément malvenue. Il y a beaucoup de thèmes qui sont abordés (pauvreté, régime autoritaire - pour rester polie, corruption, exil...), des thèmes durs. Pourtant, je garde le souvenir d'un roman lumineux. J'ai hâte de découvrir d'autres livres de l'auteur. On m'a bien sûr parlé de Nous sommes tous des féministes mais, surtout, j'ai Americanah dans ma PAL.
<image>Ensuite, j'ai lu La mort est mon métier de Robert Merle (Fiche BBM) sans le cadre d'une Lecture commune (en cours si cela vous intéresse) faisant suite à ma proposition pour le thème du Book Club de mars 2020 Le. héros est.sont le.s méchant.s de l'histoire qui n'avait pas été retenue (au profit du Parfum de Süskind).
Avis : Ce roman m'a complètement happée et je l'ai lu d'une traite dimanche dernier. A l'exception des 20 premières pages la veille au soir avant de me coucher et qui m'avait fait faire la réflexion avant d'éteindre la lumière : "Mais... Mais... Mais... Ils ont le même père !". En effet, bien qu'il s'agisse d'époque et de cultures complètement différentes les personnages principaux de Adichie et Merle ont le même père, cruels de fanatisme. Disons que l'un des personnages s'en sort mieux que l'autre... L'un des deux n'est d'ailleurs pas seulement un personnage dans la mesure où Robert Merle s’appuie sur les entretiens de Rudolf Hoess, dont il change simplement le nom de famille, avec un psychologue américain lors du procès de Nuremberg ainsi que les documents dudit procès concernant "la lente et tâtonnante mise au point de l'Usine de Mort d'Auschwitz" (citation tirée de la très bonne préface).
C'est un récit qu'il faut lire. C'est une expérience de compréhension des mécanismes qui transforme l'homme en outil de barbarie. Il y a un passage dans la jeunesse de Lang/Hoess où il est forcé de travailler comme ouvrier. Tout ce passage montre très bien la déshumanisation du processus industriel, quand l'homme devient un simple rouage dans la chaîne de production. C'est très bien écrit, avec l'image de la machine qui mange, mange, mange, se gave alors que les humains qui la "nourrissent" crèvent, eux, de faim. Ca fait froid dans le dos. Surtout quand on pense que cette déshumanisation est vraiment au cœur de la Solution Finale. Ce n'était pas des individus, des personnes que l'on envoyait dans les camps, mais des "unités". Et les objectifs chiffrés sont affolants... Il n'y a pas une raison qui conduisit Lang/Hoess à devenir le gérant efficace de camp d'extermination mais une multitude de convergences. Elles n'excusent en rien : elles expliquent comment un homme foncièrement honnête devient un SS zélé. Je laisse Robert Merle conclure lui-même : "Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par respect pour l'Etat. Bref, en homme de devoir : et c'est en cela justement qu'il est monstrueux." C'est ce qui arrive quand on remplace un fanatisme par un autre...
<image>Enfin, une BD pour terminer, empruntée à mon frère avant même qu'il ait eu le temps de la lire (n'avait qu'à pas la laisser traîner chez moi ! Na !) : Pyongyang de Guy Delisle (Fiche BBM).
Avis : "Une fenêtre sur la Corée du Nord qui illustre à plusieurs reprise le principe selon lequel la réalité dépasse la fiction. Le cœur se serre devant la destin tragi-comique (mais surtout tragique) de tout un peuple." Comment ça je n'ai fait que copier coller mon commentaire sur la fiche du livre ? Mais euh... je commence à trouver longue cette mise à jour ! Et puis, ça résume assez bien mes impressions. On a envie de rigoler devant les aberrations plus absurdes les unes que les autres du régime Nord-coréen mais les rires s'étranglent parce que ça n'a rien d'une grande blague. C'est la vie de millions de personnes... Je pourrais préciser que j'étais à la limite de trouver l'auteur antipathique à plusieurs reprises mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur le pourquoi alors ce n'est pas très constructif. Peut-être son détachement ? Pourtant, je ne suis pas sûre qu'il y ait d'autre attitude à avoir lors d'un tel séjour... En tout cas, j'ai appris qu'une partie de la production française de dessins animés étaient sous-traités en Corée du Nord et je ne m'y attendais pas. C'est sans doute cette hypocrisie mercantile qui me mettait en colère ; même si l'auteur n'y était lui même pour rien. Il n'est après tout, qu'un rouage du mécanisme...
Pfiou ! Cette fois, je suis vraiment à jour ! A bientôt et bonnes lectures à tou.te.s !
Challenge personnel : 92 / 100 (Retour à 0 : 1 ; retour à 25 : 0, retour à 50 : 2, retour à 75 : 0)
Dernière modification par Alhweder (08 Avril 2020 10:51:16)