[Suivi lecture] Emmani

Hello !

Je prends enfin le temps de vous parler de L'ours et le rossignol, mais c'est difficile.
J'espère vous donner envie parce que c'est une petite pépite :) !
Et puis j'enchaîne avec un autre livre que j'ai adoré, clairement pas pour tout le monde, mais j'ai très envie d'en parler pour que ceux à qui il pourrait plaire le repère !
Du coup je fais péter les couvertures en plus gros que d'habitude et les avis plus longs, parce qu'ils méritent haha

<image>* L'ours et le rossignol, Katherine Arden

On suit la famille de Vassia dans la Rus', une sorte de Russie fictive au XIVème (mais inspirée du monde réel). La dernière-née de la famille, Vassilia, a hérité des pouvoirs de sa grand-mère : elle peut voir les esprits comme la roussalka qui rôde autour du lac, le domovoï qui veille et protège le foyer, ou la vazila qui veille sur l'étable et les chevaux. Ces personnages tirés des histoires de sa nourrice la fascine. Mais ce ne sont pas les seuls entités mises en avant par les légendes : Dounia raconte aussi les histoires de Morosko, démon du gel et de la mort et Medved, l'ours borgne. Au plein cœur de l'hiver, ces monstres-là se réveillent peu à peu et menacent la tranquillité du village de Vassia.

Un univers captivant ! J'ai adoré découvrir ce folklore totalement inconnu, ces légendes, croyances et esprits. La mise en place de la Rus' médiévale, cette société aux coutumes et façons de vivre différentes accentuait l'exotisme de l'histoire. Bien sûr les inégalités entre hommes et femmes font rage dans cette société, mais cela ne fait que ressortir d’impétuosité de l’héroïne. L'autrice insiste sur la nature, la forêt, l'hiver avec brio : on est captivés par ce monde, complètement happés, là, au cœur de la glace. Les légendes prennent vie sous sa plume, on se prend d'affection pour ces créatures malignes et on veut en savoir plus, toujours plus. On a toujours l’impression d’être sous la brume, entourés d’une ambiance mystérieuse délicieuse, sans qu’elle n’en soit étouffante. Tout du long je me suis dit « wow, c’est juste FA-SCI-NANT ». Une pure réussite de ce point-là.

Côté style, là aussi, je n'ai rien à redire. C'est touffu et élaboré sans jamais être trop, sans jamais être lourd. Imagé et rythmé, la plume participe à l’ambiance avec force. Certains pourront peut-être être gêné par le jargon russe : des mots comme devotchka (jeune fille), batiouchka (prêtre), boyard (seigneur grosso modo), dotchka (fille), doura (simple d’esprit), dvor (cour) etc. Si tel est le cas, franchement accrochez-vous parce que moi j’ai pas trouvé ça gênant on s’y fait très vite, et bon on le repère pas forcément aussitôt mais il y a un glossaire pour s’y repérer et dès qu’on l’a vu déjà ben tout devient on ne peut plus clair. J’ai trouvé que cela rajoutait à la création de cet univers russe et nous aidait à nous y émerger.

Les personnages sont très attachants, que ce soit Vassilia avec sa fougue et son caractère, son frère avec sa loyauté et sa compréhension, les esprits avec leur malice. Ils sont tous très cohérents dans leurs actions, leurs désirs, leurs pensées. Très humains, somme toute. Je pense par exemple au personnage du prêtre mais aussi d'Anna.

Un coup de cœur pour ma part, qu’il est difficile d'en parler tellement on se retrouve plongé dans une atmosphère unique et… indescriptible. Je vous le conseille vivement en espérant que la magie fonctionne également pour vous !

<image>* La papeterie Tsubaki, Ito Ogawa :

Mon premier roman japonais. A vrai dire, un jour où j’errais sur Livraddict (un moment parmi tant d’autre quoi, vous connaissez la chanson), je suis tombée sur ce livre. Comment ? Je ne sais pas, je me demande bien ce que je cherchais… Toujours est-il que je me rappelle m’être dit « Ah, il a des bonnes notes, j’aimerai bien essayer de la littérature japonaise… pis une papèterie, écriture tout ça, ça peut être chouette ». Ni une ni deux, je regarde s’il est à la biblio, je vois que oui et je me le note dans la fameuse liste « A emprunter à la bibliothèque ». Et pis deux mois plus tard, je me promène sans but dans la bibliothèque, sans chercher quoi que ce soit (un moment parmi tant d’autre oui), et le voilà qui est mis en avant. Un signe du destin.

Et quel plaisir ! On suit Popo qui est écrivain public, c’est-à-dire qu’elle écrit des lettres sur demande de ses clients qui ne parviennent pas à mettre leur sentiment sur papier, un peu à la Violet Evergarden, si vous avez vu l’anime sur Netflix (magnifique visuellement, une animation au top, des belles musiques, un scénario plus lent et contemplatif mais perso j’ai adoré malgré les quelques reproches qu’on peut faire à l’intrigue parfois, voilà c’est placé au passage). J’avais pas imaginé ça quand j’avais lu « écrivain public » sur le résumé mais ma foi c’était pour mon plus grand plaisir.

Car on suit la jeune Popo qui s’intègre dans ce petit village, confrontée à des demandes plus farfelues ou belles les unes que les autres. Là encore, la force de ce roman c’est l’ambiance dans laquelle il vous plonge : vous êtes là à Kamakura, au milieu de vos amis, à transmettre les sentiments des autres, entouré de papiers, pinceaux, enveloppes, encre, calligraphie etc. L’intrigue était assez contemplative et très feel good. Une douceur inimitable.

S’ajoute à cela un exotisme non dissimulé. La traductrice a pris le parti de ce qu’on appelle le verre coloré : elle laisse transparaître l’étrangéité du roman, la culture japonaise, sans jamais la gommer. On vous parle d’hiragana, de kanji, de traits de caractères, de certains caractères très précis sans vous le transposer dans la culture française. Et ma foi, je voyais bien parfois que la traduction avait été très pénible à transposer : quand on parle de langue a proprement parlé, ça passe difficilement à la traduction. Alors chapeau bas pour cette traduction qui transmet à merveille la culture japonaise ! J’ai adoré découvrir pleins de coutumes, de croyances du Japon, ressentir à travers ce livre leur façon d’être, de penser, de vivre. J’ai appris des choses autant que j’ai voyagé.

Je pense honnêtement que le livre s’adresse à un public qui s’intéresse un minimum au Japon. Quand on vous parle d’hiragana par exemple, on ne vous explique pas ce que c’est. Quand on s’y intéresse un peu, soit on sait déjà que ce sont les caractères japonais, en opposition aux kanjis qui proviennent du chinois (j’ai adoré les retrouver d’ailleurs, ah les doux souvenirs de mes cours de chinois), soit on cherche. J’aime bien aussi cette idée-là, mais peut-être que du coup ce n’est pas pour tout le monde. De même, pour ceux qui n’aiment pas les intrigues un peu contemplatives/feel good, il faut passer son chemin. Mais queeeelle douceur et merveille.

En bref, j’ai adoré ! Je relirai avec plaisir l’auteur, et je vais lire d’autres romans de la littérature japonaise pour découvrir un peu plus cette littérature totalement inconnue pour moi. D’ailleurs si vous en avez à conseiller, n’hésitez pas !

Voilà pour mes dernières lectures !

JE LIS

Ce soir, j'attaque le tome 1 des Salauds gentilshommes, Les mensonges de Locke Lamora. J'attends beaucoup de ce livre, une booktubeuse que j'aime bien en parle tout le temps, et ça a l'air d'être complètement le genre de livres que j'adore. Faut que je prenne un peu de recul au cas où j'apprécie pas tant que cela, parce que je vais tomber de haut.
J'ai vu quelque part que c'était un peu lent au début à démarrer, mais ça a l'air tellement mon style que je m'accrocherai sans soucis en me disant que ça ira mieux ensuite.
Je croise les doigts pour que ça me plaise !

Holà ! L'ours et le rossignol c'est le livre du BC du mois de novembre ! Après, même si le livre me tente particulièrement il y a la LC sur Circé qui me tente encore plus :D

Les Salauds gentilhommes, j'ai eu beaucoup de mal parce que le début est d'une lenteur effrayante pour moi et ça demandait beaucoup de concentration. Au moment où je l'avais ouvert, je n'avais pas cette concentration à donner.

Par contre, La papeterie Tsubaki me tente bien ! Je connais trop peu d'auteur.ices japonais.es. :D

Bonne lecture !