Bonjour,
Je valide pour
JUIN - Nouvelle-Zélande (Fantasy)
<image>Je sais ce que dit l'adage ; il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Oui, je savais. C'est pour ça qu'en général, après avoir vu la couverture sur le présentoir d'une librairie et admiré un temps la très belle reliure, je jette un coup d'œil au dos pour savoir si ça vaut le coup d'acheter le livre et si je vais apprécier l'histoire. A force de lire et de
vieillir m'assagir, je suis devenue de plus en plus exigeante avec mes lectures, et donc de plus en plus difficile à satisfaire. Donc quand j'ai vu que ce livre allait parler d'opéra et de confection de costumes, ni une ni deux, j'ai empoché la marchandise. Ce sont deux thèmes qui fonctionnent bien avec moi ; alors les deux ensemble dans une même histoire, imaginez...
Bon, je ressors mitigée de cette lecture. D'une part je reconnais et salue l'inventivité et l'imagination débordantes de l'autrice dont on sent qu'elle s'est vraiment investie pour son univers. Et clairement, chapeau pour ce worldbuiding en béton armé ! Je sais que le pavé atteignait déjà les 630 pages et qu'il fallait un peu réduire la masse du bébé, mais je trouve qu'on aurait pu faire mieux encore en consacrant des pages supplémentaires à la description de l'univers et des talents-fins, car les informations m'ont manqué surtout à la fin pour tout comprendre. Un peu de temps aurait été bien aussi pour façonner davantage les relations entre personnages et leur personnalité : je n'arrivais pas toujours à m'attacher à eux, je me sentais même mise à distance, comme si j'avais toujours conscience qu'ils n'étaient pas réels (ou réalistes ?). Or, j'aurais aimé côtoyer des personnages aussi réels que moi. En plus, le nombre n'a pas aidé : ils sont tellement nombreux qu'il n'y a pas le temps de s'approfondir sur la plupart d'entre eux, c'est dommage. Mais bref, dans l'ensemble, cet univers est incroyablement riche et bien rôdé, la construction de l'histoire bien pensée et bâtie comme un opéra : on sent toute la passion de l'autrice pour cet art du spectacle et probablement aussi pour le métier de costumier.
En revanche, si le worldbuiding est bien, je trouve que l'histoire l'est moins. J'ai eu du mal à m'attacher aux personnages, comme je disais plus haut, car j'avais l'impression que l'autrice n'avait pas consacré suffisamment de temps à leur construction. Alors la plupart d'entre eux m'ont laissée de marbre : les personnages secondaires qu'on ne voit pas beaucoup ou que par à-coups sans prendre le temps de creuser leur personnalité et leur histoire, et même certains personnages principaux qui, pour le coup, étaient vraiment pensés comme des personnages parfaits et inatteignables, à l'image de Roméo et Juliette, Tristan et Iseult... Je ne spoile pas, mais on a en tête tous les couples mythiques des plus grands opéras, beaux, magnifiques, tragiques, etc. Je ne parle pas des relations entre ces personnages, que j'ai eu parfois du mal à trouver authentiques.
L'intrigue est déséquilibrée dans l'ensemble : je me suis ennuyée tout au long du premier acte car il ne se passait pas grand-chose, on prenait trop de temps à installer l'univers. J'ai cette impression après coup que l'autrice a dû utiliser cet acte pour introduire tous les éléments cruciaux à la suite de l'intrigue, mais qu'elle a dû ensuite faire des coupes pour ne pas rendre le tout indigeste et rentrer plus rapidement dans le vif du sujet. Le mieux aurait été peut-être de disséminer ces informations tout au long de l'intrigue pour laisser le temps au lecteur de tout assimiler. Les choses deviennent plus intéressantes à partir de l'acte 2 : il y a bien eu des moments où la tension retombait un peu, mais on a eu tout de même plus de moments d'action.
Je regrette en dernier lieu de ne pas avoir tout compris à l'histoire, car quand les actions s'enchaînent, ça s'enchaîne tellement vite que je ne comprends pas comment on a pu passer d'un moment calme à un basculement de l'intrigue. Ça me donnait cette impression que l'ensemble manquait de cohérence, et il me fallait revenir plusieurs paragraphes voire pages en arrière pour comprendre ce qui s'était passé. Pareil entre les chapitres, l'impression de manquer un épisode à chaque fois, c'est très frustrant et ça me sort de l'histoire. Je ne suis jamais arrivée complètement à rentrer dans l'histoire, et c'est dommage, car il y a de l'idée derrière tout ça.
Pour terminer sur une note positive, tout au long de l'histoire on s'est beaucoup concentré sur l'Opéra Plein-Ciel et tous les ateliers qui l'entourent, le Fort des Hérétiques et le périmètre où se situe l'action, mais j'ai été aussi fascinée par la perspective que l'univers soit bien plus vaste encore. A la fin du récit on a cette suggestion que d'autres mondes peuvent exister, qu'il y a d'autres choses à voir encore... Ça donne envie d'en savoir davantage et de partir en exploration. Et puis l'histoire nous laisse sur notre faim : on se demande qui sont les Génies, s'il en existe d'autres, etc. Peut-être un filon à exploiter pour l'autrice qui pourrait nous écrire des suites voire des spin-offs ?
Ma critique est encore une fois excessivement longue, désolée. Place à la suggestion du mois : un animé japonais que j'ai découvert récemment sur Netflix,
Frieren. Je n'ai pas lu le manga, mais c'est en projet. Je n'étais pas attirée par l'univers à la base, j'avais peur d'y retrouver trop de clichés des univers de fantasy avec les Elfes, les Nains, les prêtres, les chevaliers et les Rois Démons. Mais en fait, quand j'ai enfin décidé de m'y mettre, j'ai été surprise par la douceur et la nostalgie de l'univers, un vrai refuge dans un monde toujours plus agité. J'ai vraiment hâte que la saison 2 sorte et en attendant, quand j'aurai le temps j'essaierai d'aller lire le manga.