#105 24 Juin 2010 21:38:25
je vous l'ai dit : la fascination pour le corps, ce fut très tôt. et l'idée que je m'en faisais, inédite, aussi.
l'élément qui a déclenché l'envie de l'écrire, ce fut mon parcours médical et en qq sorte personnel.
J'ai travaillé dans deux services qui m'ont marqué à vie, je peux le dire : la psychothérapie infantile, puis la cancérologie pédiatrique.
je ne peux pas vous décrire ce que j'ai éprouvé. un mélange de foi furieuse, de désespoir profond, de honte en voyant le courage de ces enfants, de bonheur quand on servait à qq chose, bref... Un (triste) jour j'en suis rentré dévasté par la mort d'un enfant qui comptait infiniment, et je me suis assis. j'ai fait le bilan de ce qu'allait être ma médecine, et là, cela m'est apparu comme une évidence : je ne pouvais pas me dire que j'allais passer ma vie à prescrire des examens ou des chimio, et continuer à voir des enfants effrayés par le corps. je me suis juré de travailler en amont, à ma petite mesure, en posant ma toute petite pierre à l'édifice : je voulais leur offrir un corps désacralisé, faire en sorte qu'ils n'en aient plus peur, qu'ils se sentent bien avec ce corps (sans se croire invincible mais quand on n'a plus peur, une partie du chemin est faite, vous savez) . Pour que toute la vie on se sente mieux, parce qu'adulte encore on traîne les casseroles et les terreurs de l'enfance.
Oscar était né.
voilà, pardon si c'est brouillon, je ne peux jamais en parler sans émotion, je n'en parle pas à la presse, parce que c'est très intime, même si ça paraît idiot de réagir comme ça. et pardon de plomber la discussion ! MAis je n'ai pas voulu d'un oscar triste ou sombre, non ! au contraire...