#45 29 Septembre 2010 21:39:02
Du ccoup, grand silence. J'espère que je n'ai vexé personne. Je ne suis pas le seul à le penser et à le dire. Cela n'enlève rien au succès de ces livres, mais si la qualité de la traduction avait été un ton au dessus, vous imaginez le plaisir ?
OK El JC, et si vous allez manger, buvez un apéro à ma santé.
Tenez, voilà une chose qui est difficile à traduire : la nourriture. Les Américains ne mangent pas la même chose que nous. Franciser ? Jamais. Il faut respecter cette différence, ça fait partie de la culture. Doc ce sont des problèmes permanents. La gamme chromatique est différente, nous ne voyons pas les bleus, les verts et surtout les marron(s) comme eux. Alors la couleur des cheveux pose tout de suite problème. Ne parlons pas de leur culture TV (notamment au niveau des amuseurs, des présentateurs télé, des vedettes du petit écran là-bas) dont nous n'avons aucune conscience.
Il n'y a pas de livre facile à traduire. Chacun recèle ses difficultés (ça y est, en l'absence de questions je deviens pontifiant). Je e tais. Je vous écoute.
Je réponds à Sita. Ça va être long, mais détaillé. Et n'engage que moi. Chaque traducteur a sa méthode de travail. Si c'est trop long j'enverrai ça en plusieurs parties.
D'abord, je lis le texte qu'on me propose et je décide si je vais le faire ou si je suis capable de le faire.
Je commence, au traitement de texte bien sûr, et je traduis au kilomètre. Je fais les recherches mais je n'approfondis pas trop (je ne reste pas une heure sur la même phrase). Et s'il y a un mot qui ne me plait pas ou quelque chose qui est inabouti, je mets un repère dans mon texte (pour moi, c'est AAA). En ce moment je suis sur un premier passage de traduction, un ken Bruen, et j'ai des AAA partout. J'arrangerai ça plus tard. L'important c'est que ça avance. Je suis un anxieux notoire et même si les délais qu'on me donne sont plus longs que nécessaire (parce que je le demande) j'ai besoin de savoir que le trvail avance et que ce sera prêt AVANT la date de remise.
Quand le premier passage est terminé, je le relis AVEC le texte anglais, pour faire surgir de nouvelles idées, régler de nombreux problèmes, traquer les mots oubliés, lus trop vite et mal compris, les erreurs qui consistent à sauter une ligne ou une réplique. Je fais ça sur un tirage papier (j'en suis déjà à quatre lectures minimum).
Après je rentre ces modifs en machine (les modifs sont au stylo rouge, le même avec lequel je corrige le travail de mes étudiants).
Je fais un nouveau tirage et je relis toute ma traduction. Cela rajoute plein de rouge. A chaque fois je pense que ça ira plus vite et je découvre que je fais vraiment du très mauvais travail.
Bon, je rentre les modifs en machine.
Si c'est un texte facile, je fais la relecture suivante à l'ordinateur. Il arrive qu'elle me paraisse bonne, mais c'est rare. Ce qui est sûr c'est qu'arrivé ce point-là, j'ai pris les décisions quant au style à utiliser (et encore une fois en collant le plus possible à celui de l'écrivain).
Il y aura des modifications encore puis dernière relecture avant remise à l'éditeur. Avec Hillerman, ça suffisait
Avec Bruen par exemple j'en fais une de plus.