#69 29 Septembre 2010 22:33:30
Pour Audubon, Payot n'y est pour rien. Le texte a d'abord été traduit (par moi, donc) pour les Editions de la Table Ronde... Payot l'a repris ultérieurement.
La traduction serait-elle exorbitante ? Il ne faut pas éxagérer. Un traducteur de roman policier qui touche actuellement dans les 20 ou 21 € le feuillet de quinze cents signes (langue d'arrivée) n'a pas, s'il travaille sérieusement, les moyens de payer un loyer sur Paris. Il doit faire du rendement. Si l'éditeur, pour faire du best-seller, se sent obligé d'acheter des livres qui marchent (Mary Higgins Clark par exemple) c'est sûr que ça va lui coûter cher, mais cela va dans la poche des auteurs ou des agents littéraires, pas des traducteurs. Ce métier, s'il est fait avec tous le respect dû à l'auteur, n'est rentable que si l'on est génial (levez la main ceux qui le sont) ou si on dispose de revenu extérieurs. Dont l'enseignement dont je ne sais qui parlait tout à l'heure. C'est vrai qu'à ce moment-là, on peut prendre davantage son temps et pousser plus loin les recherches. Il doit bien y avoir quelques rentiers aussi, mais pas beaucoup.
L'argent touché par le traducteur est un à-valoir. Il faut ensuite que le livre, par ses ventes, rembourse cet à-valoir (en poche, il doit falloir dans les 30 000 exemplaires minimum, en grand format, vers 17 ou 18 000 mais cela dépend bien sûr du prix de vente. Après, si le livre continue à se vendre, le traducteur touchera un pourcentage supplémentaire qui en général ne dépasse pas... 2 pour cent (O,5 pour cent la plupart du temps pour les éditions de poche. Harry Potter, bien sûr rapporte au traducteur. Mais si vous connaissez les chiffres de ventes de l'édition en France, vous verrez que ce cas de figure est tout à fait exceptionnel.
Merci à tous ceux qui doivent partir. Sachez que pour moi, c'est un grand plaisir d'avoir discuté avec vious, merci pour l'accueil, merci pour la variété des questions, et s'il y en a encore, continuons, peut-être même que s'il n'y en a plus je vais me mettre à déblatérer tout seul. Tiens, je vais essayer le truc de Nathalie avec cmd. R, on va voir.
Pour Shakespeare, il faut ajouter (lisez Hamlet attentivement, par exemple) que les allusions très grivoises on été soit coupées, soit incomprises du traducteur dans la majeure partie des traductions. Mais pour traduire Shakespeare, il faut être quelqu'un d'exceptionnel, ou un charlatan. J'ai entendu dire que Markovic (j'espère que je n'écorche pas son nom), après avoir retraduit tout Dostoievski, se serait mis à Shakespeare. J'ai envie de hurler à l'imposture tout en me disant que s'il est génial (ce que je n'ai pas réussi à savoir pour
Dostoievski car je ne connais personne qui connaisse parfaitement le français, parfaitement le russe et qui ait lu les deux traductions.
Shakespeare, c'est une langue sublime, ce n'est pas moi qui l'abîmerai. Connaître ses limites, ce n'est pas mauvais.
Les noms propres ? J'ai un texte là-dessus que j'avais mis sur mon fond d'écran au cas où j'arriverais à faire un couper coller en direct. Une seconde, j'essaye
Re: Les traducteurs ont la parole (notamment Polo, tant mieu
de pierre bondil le Ven 16 Avr 2010 07:47
Deepo, pour moi, il n'y a pas de règle applicable systématiquement en traduction. Ce serait de la paresse intellectuelle, un refus de réfléchir. Et lorsqu'on a un texte d'écrivain en responsabilité, si on ne réfléchit pas, c'est qu'on n'est pas compétrent (note bien que ce n'est parce qu'on réfléchit qu'on l'est, mais au moins, on fait l'effort). Un seul exemple : les noms de lieux (géographiques) aux USA, je ne traduis pas Yellowstone mais je traduis Hogback. Je traduis peut-être la Red River, cela dépendra du livre et du contexte, mais sûrement pas la Snake River. Je traduirai certains noms de magasins, d'autres pas, certains noms de personnages (navajo) d'autres pas (navajo), pour certaines plantes, je prendrai le nom français, pour d'autres le nom américain traduit en français, pour d'autres le nom navajo, ou mexicain...
Rien de systématique, il faut douter et se remettre en cause. D'un autre côté, pour paraphraser Malraux, "le livre est une industrie", et pour revenir sur Jean-Paul Gratias et son histoire de chèque, ainsi que sur la (les) question(s) de looser... j'y reviendrai dès que j'aurai un peu de temps, là, je retourne à Westlake, savoir comment je traduis "The canyon is many canyons" : si je ne me pose pas la question, je vais arriver à quelque chose comme rendre "she started crying" par "une larme perla à ses paupières." (Authentique. Pour moi, c'est un bubon.)
Pierre Bondil
Ouaou ! Génial !
Bon, je n'ai pas eu le temps, en rentrant du boulot, de relire ce texte paru dans un forum. J'espère qu'il convient (si oui, nous gagnons du temps et je peux essayer de répondre à plus de questions)
Je traduis certains noms propres, d'autres pas. Pour moi, en traduction, pas de règle absolue. On s'adapte à la situation. Chez Hillerman, j'ai traduit certains noms de famille, pas les autres.
J'ai l'impression que j'ai mis la réponse concernant Shakespeare plus haut dans "mon" texte. La hâte. Je n'avais pas vu que je n'étais pas tout en bas. Harry Potter, je n'ai pas lu ni en français ni en anglais, je ne me permettrais donc pas de jugement.