Je connaissais Clara Dupont-Monod depuis un petit temps par ses chroniques radio. Je dois bien avouer que le personnage ne me dérangeait pas et je savais qu'elle écrivait. Je me disais à l'occasion il faudra que j'essaie un de ses livres, j'étais pas plus pressé que ça. Puis à l'occasion du thème Historique pour le Cercle de lecture, son livre La révolte m'est tombé dans les mains du coup, je me suis dis pourquoi pas... Et grand bien m'en a pris! ^^
<image>Je connaissais également le personnage central de ce livre : Aliénor d'Aquitaine. Disosn que j'avais déjà eu l'occasion de lire certaines choses à son propos. J'ai par exemple un très bon souvenir de la saga BD Les reines de sang : Aliénor : La légende noire. Mais en dehors de ça, je ne suis absolument pas connaisseur du personnage et encore moins de cette période historique où j'ai tendance à confondre un peu tout le monde... :emb:
Mais avec un titre comme celui de cette saga BD, vous comprendrai que l'image que je m'étais faite d'Aliénor n'était pas des plus tendre!
Nous sommes donc dans la deuxième partie de la vie d'Aliénor (la première partie a été contée par Clara Dupont-Monod dans un autre livre). Elle est mère, elle a été trahie, elle tient à divorcer, elle veut laver son honneur, elle veut sauvegarder son Aquitaine bien-aimée et c'est pourquoi elle va demander à ses fils de s'associer ensemble avec elle pour affronter leur père, son (ex)mari, roi d'Angleterre.
Sa robe caresse le sol. À cet instant, nous sommes comme les pierres des voûtes, immobiles et sans souffle. Mais ce qui raidit mes frères, ce n’est pas l’indifférence, car ils sont habitués à ne pas être regardés ; ni non plus la solennité de l’entretien – tout ce qui touche à Aliénor est solennel. Non, ce qui nous fige, à cet instant-là, c’est sa voix. Car c’est d’une voix douce, pleine de menaces, que ma mère ordonne d’aller renverser notre père.
Déjà rien que là, vous l'aurez compris : de un, Aliénor n'est pas n'importe qui et de deux, ce récit va être haut en couleur voire épique par moment.
Plutôt que de céder à la faciliter, Clara Dupont-Monod nous raconte une majeure partie de cette histoire du point de vue, non pas de'Aliénor mais de son fils, son préféré : Richard Coeur de Lion.
Dans les yeux de ma mère, je vois des choses qui me terrassent. Je vois d'immenses conquêtes, des maisons vides et des armures. Elle porte en elle une colère qui me condamne et m'oblige à être meilleur.
Les bonnes âmes s’émeuvent de ce qu’un guerrier s’éloigne des humains pour s’approcher de l’animal, en réalité il en emprunte la part la plus noble, l’instinct. Cette tension muette, invisible aux profanes, qui convoque des réflexes splendides : bien sûr que la proximité du règne animal élève l’homme au lieu de l’abaisser. Cette logique échappe aux donneurs de leçons.
Bon sang! Quelle lecture! Toute l'image que je m'étais faite d'Aliénor, cette dureté, cette froideur, cette rage... Tout ça n'est pas contredit ici, bien au contraire! Mais il fallait bien le point de vue d'un fils aimé pour pouvoir le nuancé et l'agrémenter de vérités que seul un fils peut dire, et ça change le point de vue que j'avais sur elle. Pas du tout au tout mais assez que pour me sentir de son côté lors de la lecture, pour comprendre certains de ses actes, de ses silences, de ses passions, de ses moments difficiles. Riche idée que ce point de vue de Richard Coeur de Lion!
La plume de Clara Dupont-Monod est un vrai plaisir, elle a une franchise et tournure qui font tourner les pages avec aisance! Elle glisse toute seule à la lecture.
Une très bonne lecture que je recommande! Et pas qu'aux amateurs du genre car je pense que c'est le type d'ouvrage qui peut faire aimer l'Histoire. Personnellement, ce livre m'a embarqué! Je suis conquis!
J'apprivoise la mémoire. Elle devient une alliée. La mémoire vient à bout du regret, car, au fond, le chagrin d'une chose disparue est moins fort que son souvenir.