[Suivi Lectures] Aealo

 
  • diablounette

    Dompteur de pages

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    #841 31 Mars 2020 11:51:02

    Je passe par ici et je vois que ça parle de Sylvain Tesson, alors pour l'instant je ne l'ai pas encore lu, mais je l'ai vu en conférence pour la sortie de La panthère des neiges et j'adore l'écouter parler. Je peux comprendre le côté intello qui veut placer ses références et qui agace, mais en même temps, je crois que cela fait vraiment partie de lui. C'est quelqu'un d'excessif, et pas seulement en écriture, en discours, en attitude, il a bien failli y rester à cause de sa manie de grimper partout...
    En tout cas, que l'on adhère ou pas au personnage, il ne laisse pas indifférent, j'espère que je le "supporterai" donc à l'écrit même si je n'ai aucune idée de quand j'attaquerai ses livres (énorme PAL + télétravail en confinement, je gratte donc du temps de lecture sur le trajet en voiture que je n'effectue plus mais ça n'est pas assez pour avancer aussi vite que je le voudrais ;) )
  • Cervus

    Lecteur fou

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    #842 31 Mars 2020 17:49:42

    @Grominou et @diablounette : Je ne sais pas si le "personnage" Tesson est aussi connu que ça en France ou en Belgique (si on ne s'intéresse pas à un certain genre de lecture, je ne sais pas si on le connait, perso je ne le connaissais pas avant d'entendre parler de ces livres). Mais je ne sais même pas si le "personnage" est un problème dans ma lecture car oui je n'étais pas pas fan du gars (ses interviews et autre) mais c'est tout... En effet, j'ai plus de respect pour les gens dont tu sais qu'ils sont cultivés mais qui n'ont pas ce besoin constant de l'étaler. D'autant qu'ici, c'est contre productif. Il est en pleine nature et étale des références "civilisées" à tout va : le meilleur moyen de ne pas ressentir la nature... Il n'est excessif ici, il est exaspérant...
    Mais le problème n'est pas ce que je pensais de lui car ce qu'il m'inspire depuis que je le lis est autrement plus négatif. Avec ce que j'ai encore lu hier, je lui trouve même un côté méprisant et dédaigneux par instant alors qu'il se contredit lui-même à d'autres... Il m'inspire encore d'autres choses mais je ne partirai pas dans de la méchanceté gratuite.
    La beuverie ne me choque pas, disons qu'il s'est mis au rythme du pays, usant des "occupations" et "moyens de se réchauffer" qu'il peut. Ce n'est pas la solution, je vous l'accorde, mais s'en est une (qui correspond plutôt bien au "personnage").

    Courage pour dans vos jobs

    Je vous souhaite de belles lectures entre les coups!
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

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    #843 31 Mars 2020 18:11:28

    Je n'étais déjà pas très attirée par Tesson mais vu ce que tu en dis, je pense qu'il va sortir direct :lol:

    Bonne soirée !
  • Cervus

    Lecteur fou

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    #844 31 Mars 2020 18:57:51

    @Mypianocanta : Je vais quand même essayer d'aller jusqu'au bout. Mais en effet, ce n'est pas moi qui te pousserai vers lui. :goutte:
  • Cervus

    Lecteur fou

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    #845 31 Mars 2020 22:13:05

    Seuls à deux



    <image> Le pourquoi je me suis intéressé à Hiver à Sokcho de Elisa Shua Dusapin est ma foi un peu particulier... J'ai eu l'occasion de lire son deuxième livre, Les billes de pachinko, auquel je n'ai pas accroché malgré une jolie plume, la faute à une histoire qui ne me touchait pas avec des moments de totale incompréhension (je me disais que c'était sans doute la différence culturelle mais d'habitude, je n'ai pas de problème). Bref, de quoi ne jamais en reparler. Mais ce livre m'a trotté en tête les jours suivants malgré tout : c'est là que j'ai eu cette impression étrange comme si ce livre avait une aura... Je ne saurais trop l'expliquer. Mais le seul moyen de le vérifier c'est de lire le premier livre de cette auteure! ^^
    Alors dans quoi nous immerge-t-il?
    À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n’est jamais allée en Europe rencontre un auteur de bande dessinée venu chercher l’inspiration depuis sa Normandie natale. C’est l’hiver, le froid ralentit tout, les poissons peuvent être venimeux, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et l’encre coule sur le papier, implacable : un lien fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes.
    Un livre dont il va être difficile de parler tant j'ai ressenti de choses! Dés les premières pages, les différences entre lui et elle sautent aux yeux tellement elles foisonnent tout en étant pleines de subtilités. C'est comme ça que le livre prend délicatement par la main et je me suis rendu compte que bien plus tard que je suivais Elisa Shua Dusapin là où elle m'emmenait sans même m'être posé la moindre question... Et là est une des forces de sa plume que je retrouvais ici : tout en douceur. Cette douceur empreinte d'une certaine pudeur est assez similaire à celle qu'on le retrouve chez plusieurs auteurs asiatiques, notamment japonais (je pense à Aki Shimazaki par exemple) car je n'ai encore jamais lu d'auteurs sud-coréens. L'auteure est franco-suissesse d'origine sud-coréenne, ce sont ces origines asiatiques qui transparaissent le plus à travers son utilisation des mots.
    C'est cette même pudeur qui lie et éloigne nos deux personnages principaux. Oui il y a quelque chose, on le sent, on le sait : il vient vers elle pour demander de l'aider dans ses démarches et elle le fait tandis qu'elle cherche à en savoir plus sur lui mais ne lui demande rien. Elle a toujours vécu ici à peu de choses près, elle connaît cette ville par cœur mais lui n'est que de passage et ne peut pas comprendre ce qu'est Sokcho. Il parle avec son encre mais ne veut pas montrer ses dessins, elle s'exprime par sa cuisine mais il n'y goûte pas.
    Voilà comment deux êtres qui se côtoient à la fois de près et de loin dans cet océan de solitude qu'est Sokcho en hiver vont vivre une tranche de leur vie en commun.
    La caresse de la plume de Elisa Shua Dusapin n’ôte pas l'amertume de ses presque moments vécus à deux, de ses "il ne manquerait qu'un geste, une parole". C'est tout le parfum de cette histoire. Les différences aussi nombreuses soient-elles peuvent empêcher le début de ce qui ressemble à de l'amour, au moins à une attirance? Comment un amour se vit-il? De la même façon de chaque côté? Certaines questions resteront suspendues dans l'air une fois la dernière page lue mais cette dernière nous donnera un début de réponse, celle de l'auteure en tout cas.
    Elisa Shua Dusapin joue ici un parfait numéro d'équilibriste entre tendresse et rudesse, entre bonheur apparent et tristesse cachée, entre couleur et grisaille, entre chaleur et froideur, entre beauté cachée et laideur apparente.
    En somme, une lecture qui pour moi a plus qu'une aura.


    Ce qui sculpte une image, c'est la lumière.
    En regardant bien, je me suis rendue compte qu'au lieu de l'encre, je ne voyais que l'espace blanc entre deux traits, l'espace de la lumière absorbée par le papier, et la neige éclatait, réelle presque.


    C'était un lieu sans en être un. De ces endroits qui prennent forme à l'instant où l'on y pense puis se dissolvent , un seuil, un passage, là où la neige en tombant rencontre l'écume et qu'une partie du flocon s'évapore quand l'autre rejoint la mer.


    Vos plages, la guerre leur est passée dessus, elles en portent les traces mais la vie continue. Les plages attendent ici la fin d'une guerre qui dure depuis tellement longtemps qu'on finit par croire qu'elle n'est plus là, alors on construit des hôtels, on met des guirlandes mais tout est faux, c'est comme une corde qui s'effile entre deux falaises, on y marche en funambules sans jamais savoir quand elle se brisera, on vit dans un entre-deux, et cet hiver qui n'en finit pas !

    Dernière modification par Aealo (01 Avril 2020 09:45:21)

  • diablounette

    Dompteur de pages

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    #846 01 Avril 2020 11:45:47

    Wow ! ce que tu dis de ce livre me donne envie de le lire :heart; ça a l'air très beau.. j'aime beaucoup le passage que tu as mis sur les plages de Normandie (je suis normande en plus donc je trouve l'idée de départ très intéressante et apparemment très bien exploitée).

    Pour finir avec Tesson, voilà ce qu'il a écrit comme dédicace pour mon amoureux sur Dans les forêts de Sibérie : Vodka et silence = le paradis !
    Bon, ben c'est sympa pour moi hein !! =D
  • Ravan

    Chercheur de mots

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    #847 01 Avril 2020 14:08:13

    Coucou Aealo,

    Je dois t'avouer que ton avis sur ce livre m'a vraiment touché. Tu as vraiment réussi à faire ressentir ton propre ressenti. En tout cas, il s'agit d'une belle lecture douce et poétique. L'amour est toujours un grand sujet, qui peut faire débattre et poser mille questions.
    Je suis ravi que cette lecture ait pu te faire voyager ! J'espère que les autres le feront également !
  • Cervus

    Lecteur fou

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    #848 01 Avril 2020 17:19:52

    @diablounette et @Ravan : Heureux d'être parvenu à faire passer au moins une part de ce que ce livre m'a fait ressentir. Je vous remercie! ^^ Oui si vous avez l'occasion je ne peux que vous conseiller de faire le voyage! :pink:
    (@diablounette : Pour Tesson, c'est à la hauteur du personnage...)
  • Cervus

    Lecteur fou

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    #849 02 Avril 2020 17:54:04

    Documentaire aveugle ou essai caché?



    <image>Il n'y a pas à dire la collection Une Heure Lumière des Editions Le Bélial' à l'art des belles couvertes! L'homme qui mit fin à l'Histoire de Ken Liu est ma première lecture de cette collection. (que je dois à @HyruleRian) Et bon sang! Qu'est-ce que je n'ai pas entendu comme bien de ce livre! Mais les avis peu importe, c'est le titre qui me rendait vraiment curieux et je ne voulais pas en savoir beaucoup plus.
    Futur proche.
    Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l'observateur d'interférer avec l'objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l'histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d'État.
    Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l'Unité 731 se livra à l'expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d'un demi-million de personnes… L'Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d'occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l'Histoire.

    Le livre débute par une présentation "genre interview" avec nom, prénom et métier/titre de la personne interviewée ainsi qu'une description de ce qu'on est "censé voir si on avait l'image" (description physique rapide, comportement voire lieu). Vous "visualisez"? Et c'est ainsi que les "intervenants" s'enchaînent à la suite les uns des autres, entrecoupés de "scènes archives" (de type intervention Comité...). Voilà, vous entamez donc le "visionnage" d'un documentaire fictif : présentation des inventeurs et de l'invention avec les explications scientifiques qui vont avec (cohérentes il faut le dire), difficultés rencontrées, témoignages à propos de l'Unité 731, interviews des opposants etc etc.
    Vous l'aurez compris vous faites ici la lecture des sous-titres d'un documentaire fictif. Et autant le dire tout net, pour moi c'est non. Chez moi, ça n'a pas marché.
    Une idée "originale" ne fait forcément une bonne idée. Parce que oui, quand on voit comment cette idée est justifié scientifiquement c'est une idée originale, (on est loin du TGCM). Mais la forme du texte n'a rien passionnant et accrocheur, surtout si on fait de "simples interviews" (vidéo-écrit : autre support, autres difficultés).
    J'ai plutôt eu la sensation de l'homme qui n'a pas commencé l'histoire. D'autant plus qu'il y a un switch de fin sympathique mais qui ne me parait pas vraiment assumé puisqu'on reste pour ainsi dire là : "switch de fin"! Alors que cette information amenée plus tôt aurait pu tout changer à l'intérêt de "l'histoire" donner un peu de scénario (oui c'est un documentaire je sais...).
    Au delà de la pour ainsi "non-histoire", ce livre n'est pas complètement une question d'Histoire. Oui, dans le fond le livre veut se donner des petits airs "d'essai idéologique sur l'Histoire" mais surtout il veut faire de la dénonciation à propos de l'Unité 731. Alors oui c'est noble mais dans ce cas, il ne faut pas essayer de le "cacher" derrière une autre idée... Du coup, à certains moments, je me suis même demander si ce n'était pas ça le sujet du livre. Au final pour moi c'est le cas.
    Bref l'idée "originale" ne fait pas tout


    La position de Wei, c'est que, sans vraie mémoire, il ne saurait y avoir de vraie réconciliation. Sans vraie mémoire, les individus de chaque nation n'ont pas pu ressentir ni se remémorer la souffrances des victimes. Individualiser le récit que chacun de nous se fait des événements est un prérequis avant de pouvoir s'extirper du piège de l'histoire. Telle était, dès le départ, la nature du projet.


    Sur le plan moral, on peut arguer pour ou contre ce choix - la souffrance des victimes relève-t-elle du domaine privé, ou participe-t-elle de notre histoire collective ?


    Si vous voulez produire de la fiction, allez-y, mais ne prétendez pas qu'il s'agit d'histoire avec un grand H.

  • Invité

    Invité

    #850 02 Avril 2020 20:41:53

    Coucou :3

    Oh. Jusqu'à ce que tu dises que c'était de la lecture de sous-titre de documentaire, j'étais grave hype par ta description. (Et la couverture, bon ok, surtout par la couverture mdr) J'étais prête à me plonger dans ce genre d'histoire parce que ça m'a l'air grave cool ! Mais si l'histoire et le récit sont plats, c'est dommage :/
    C'est surtout pour ce genre d'avis que je stalke les suivis en vrai ! Merci d'avoir expérimenté pour les autres du coup :3

    Et bonne lecture pour la suite ^^ (oui je mélange expression et encouragement)

    PS :: Cet avatar est juste sublime !
    (Le drapoulpe a pris des vacances ? :sifflote: )