Hello!
Double post parce que je n'aime pas mélanger les affaires! Parlons beau temps, parlons de déconfinement (enfin! Vivement le retour de ma coiffeuse!), mais surtout, parlons livres!
J'ai terminé
Un mariage de convenance de Kathleen E. Woodiwiss. Pour celleux avec qui je partage des challenges, vouss aurez peut-être lu ma chronique. Je la recopie dans son intégralité
parce que je suis lâche parce que je veux tout de suite passer à une réflexion personnelle.
C'était si mauvais! La dernière fois que j'ai lu une romance doit dater d'il y a dix ans, et je ne suis pas prête d'en relire. J'ai trouvé les personnages stéréotypés et peu crédibles. L'intrigue, sur fond de drama (mais que de drama!) et de morale catholique déplacée, remâchait les vieux clichés de ces gens trop beaux, trop parfaits, qui se rencontrent, qui se nient l'un l'autre pour ensuite se jurer fidélité et amour jusqu'à la mort. Je n'ai pas pu m'identifier aux personnages, que je trouvaient superficiels et égoïstes. La beauté physique apparaît comme la chose la plus importante chez une personne et fonder une famille, le but ultime.
Malgré le peu de mérite que j'accorde à ce récit, la construction stéréotypée de l'intrigue m'a quand même fait réfléchir. Il y a quelques jours, je suis tombée sur un post sur r/askmen, sur reddit, où la personne disait ne pas comprendre pourquoi les femmes aimaient généralement jouer les difficiles (playing hard to get, je traduis pire qu'une doublure de film de série B). La personne en question affirmait que ça la décourageait, qu'elle ne voulait pas jouer ce jeu et que si la femme était intéressée, elle devrait l'affirmer plutôt que le nier et entretenir une espèce de jeu de chat et souris.
C'est sûr que l'idée sociale qu'une fille qui dit oui trop vite est une fille facile m'a effleuré l'esprit. Mais je me demande si les représentations fictives des relations hommes/femmes n'auraient pas un impact sur la manière dont on se conduit face à l'autre sexe, notamment lors d'un flirt. Ce roman de Woodiwiss met en scène une fille qui nie ses émotions pour son prétendant et qui se montre froide envers lui lorsqu'il lui fait des avances. Au lieu de passer à la suivante, notre charmant héros se voit excité par l'attitude de la fille: elle représente un défi un objet de conquête beaucoup plus valorisant qu'une «fille facile». Donc, plus elle le rejette, plus il la convoite.
Ce genre de clichés pullule dans les oeuvres de fiction. Dans les films de héros, c'est toujours l'homme qui doit sauver la femme, rarement le contraire. L'homme est souvent montré comme devant faire tout le travail, alors que la fille n'a qu'à être belle ou charmante. Elle n'a pas d'effort à faire, sinon celui d'être attirante.
Je me demande si toutes ces représentations n'ont pas forgé la manière dont on se comporte. Justement parce qu'à force de trop voir ces comportements, on se dit que c'est comme ça que ça fonctionne (un peu comme le préado qui regarde de la porn pour faire son éducation sexuelle).
Je suis consciente qu'avec la maturité, on apprend que la vie n'a rien d'un roman ou d'un film de Marvel, et j'imagine que ce genre de conceptions basées sur des stéréotyps s'estompe au profit de relations plus saines. Vous en pensez quoi, vous?
Sinon, j'ai enfin terminé The Lonely Hearts Hotel de Heather O'Neil. Ça m'aura pris du temps, le roman étant difficile à lire par ses thèmes. On y trouve de la violence, de la prostitution, du viol, de la dorgue, du crime organisé, alouette. Je l'ai donc mis sur pause un certain moment avant de le reprendre. Je n'ai pas été déçue. La plus de O'Neil est belle. Certaines phrases, je me suis arrêtée pour les relire. Ses mots sont souvent percutants, très crus aussi, avec des vérités qui font mal, mais le tout adouci dans une certaines poésie. Je vous en offre quelques unes.
Childhood is such a perverse injustice, I don't know how anyone survives it without going crazy.
«I think she's sad because she never fell in love. Except she needn't worry, because love doesn't exist.» «How do you know that?» Rose wiped a large snowflake from her eyelash and raised her head to try to catch one with her tongue. Pierrot put his hands out to catch some. «I read it in a Russian novel», she said, looking at Pierrot again. «The Russians have figured everything out because their winters are so long.»
She felt so unlike herself that she didn't feel like a person anymore.
And the best we can hope from life is that it is a wonderful depression.
Ce n'est pas rose. Mais c'est beau. C'est l'histoire de deux enfants qui se promettent l'amour, que la vie sépare et qu'elle fait se retrouver. C'est une histoire de violence, celle qu'on subit, qu'on s'inflige. Celle à laquelle on soumet l'autre. C'est une histoire de cirque et de merveilleux sur un fond de Montréal en pleine Dépression. Étant de nature mélancolique, je me suis sentie interpelée par certaines réflexions que suscite le roman. Parce que la vie fait mal, on ne peut qu'espérer souffrir d'une douleur merveilleuse.
Mais je ne vais pas assombrir votre journée, qui je l'espère est très belle, avec mes pensées arrosées. L'annonce d'un déconfinement progressif me fait espérer qu'on pourra profiter de l'été. Les jours se réchauffent, le Vieux-Montréal se fait moins désert et mes pas plus légers.
Je vous embrasse à 2m de distance et vous souhaite beaucoup de douceur.