[Suivi Lectures] Aealo

 
  • Mana_

    Administratrice

    Hors ligne

    #1801 05 Avril 2022 18:25:30

    Rhalala, tu découvres seulement Woodkid ! :P Je crois que je le mets en boucle depuis des années (et je le conseille en concert, un des meilleurs que j'ai fait en terme d'ambiance et de visuels !). La musique de Woodkid est aussi le meilleur passage dans la série Netflix Arcane (mais je suis peut-être trop chauvine :D )).

    Sinon il me tarde d'attaquer Les Maîtres enlumineurs, l'univers a l'air vraiment génial !

    j'espère que tu finiras par bien plus apprécier Les Livres de la Terre fracturée. Je sais que c'est une série où ça passe ou ça casse, mais c'est toujours mieux quand ça passe ;)

    Bonnes lectures !
  • Melody Pond

    Lecteur-express

    Hors ligne

    #1802 06 Avril 2022 11:24:02

    Hello @Aealo !

    Ce n'est pas moi qui dirait quoi que ce soit concernant les avis lectures non rédigés...  :sifflote:
    Mais je serai contente de lire ton avis (je vais lire en diagonale quand même parce qu'il m'intéresse énormément et que je veux garder quelques surprises) sur Les maîtres enlumineurs.

    Mais est-ce que tu comptes également rédiger un avis pour Watership Down ? Siltipléééé :heart:

    Oh ben Woodkid j'aime encore assez bien son premier album. Il y a ce live aussi que j'aime beaucoup. Et pour l'avoir vu en concert, je rejoins ce que dit @Mana_, c'est une sacrée ambiance !
    Si tu aimes Woodkid, tu risques fortement d'aimer l'album The Lone Furrow de Rome, ce n'est pas tout à fait la même chose mais il y a des similitudes, dans le rythme notamment.

    Ah ben je ne savais pas que Scorpions avait sorti un nouvel album. J'ai été bercée par ce groupe (et d'autres du même style) grâce à mes parents mais je n'en suis pas devenu fan. Disons que de temps en temps, ça passe. :D
    Pour Stromae je passe mon tour, ce n'est pas ma came DU TOUT.

    Pour Les livres de la Terre fracturée, je peux comprendre que tu as du mal avec cette lecture, c'est particulier. J'ai moi-même mis du temps à m'immerger dans le récit mais ça a été plus facile pour moi que pour toi. Peut-être parce que je suis plus habituée à lire de la Fantasy (sans vouloir paraitre snob).

    Non mais je n'écoute pas que du Metal, ce n'est pas le souci (mais je me doute que tu t'en doutes). Et j'aime les flageolets aussi. On va tout savoir ici. XD

    J'ai lu Watership Down il y a deux ou trois ans. Mais j'ai encore certains passages en tête, ça m'avait vraiment marqué.

    Je note pour Zeal & Ardor, pourquoi pas les voir en live effectivement ! Mais je n'ai toujours pas écouté l'album. =D

    Haha, babache, c'est le noooord (de la France). Comme j'habite tout près de la frontière française, j'ai les expressions belges et françaises, méga combo.  XD

    Je te souhaite une bonne fin de semaine (on n'en est qu'au milieu mais ça me fait plaisir de penser qu'on arrive à la fin :D)
    A bientôt ! :)

  • Bouledechat

    Passionné du papier

    Hors ligne

    #1803 06 Avril 2022 11:35:05

    Coucou !!

    Oh là là, tu as publié de très très beaux avis dernièrement... C'est toujours un régal de te lire ! :heart: Quand bien même le roman en lui-même ne m'inspire pas forcément.

    Merci pour ton avis sur The Crow, qui malgré ton enthousiasme, m'a permis... de le retirer de ma WL ! Pas fan du tout du noir et blanc ni des visuels dont tu as mis des extraits. Je vais rester sur le film et puis voilà ! En plus ça m'arrange, il est difficile à trouver. Mais je suis ravie que tu ais passé un bon moment par contre !

    Je suis ravie que tu accroches à Watership Down, décidément plus le temps passe et plus je me rends compte à quel point cette lecture m'a marquée, alors que je me sentais beaucoup plus mitigée en refermant le livre à l'époque !

    Et pour Les livres de la terre fracturée, ah, on est d'accord ! Je me rends compte que tu m'avais posé la question de pourquoi mon abandon et que je ne t'ai jamais répondu, j'en suis navrée... oops Eh bien pour les mêmes raisons que toi, la narration n'est pas passée DU TOUT avec moi, et l'univers ne me disait rien. Quand il fallait que je m'y remette je n'avais pas du tout envie d'ouvrir le livre ni de savoir ce qui allait se passer. Dommage, j'y allais les yeux fermés au départ. J'espère quand même que tu vas t'accrocher, certaines personnes ont apparemment adoré !

    Pour Les oiseaux du temps, je vais guetter ton avis.

    Et sinon j'ai suivi tes conseils et tenté de regarder Tick tick boom... J'ai lâché au bout de 20 minutes, musicalement ça ne me parlait absolument pas et je me suis ennuyée dés les premières minutes ! Comme quoi, les goûts et les couleurs... =D

    Bonnes lectures et à bientôt ! :)
  • Cervus

    Lecteur fou

    Hors ligne

    #1804 11 Avril 2022 16:17:44

    Comme d'habitude, je vous réponds un peu plus tard. ;)



    À la frontière des sous-genres


    Toute innovation qui accorde davantage de pouvoir aux individus finit inévitablement par en accorder beaucoup, beaucoup plus aux puissants.


    <image>

    Je me souviens encore avoir acheté Les maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett dés que je l’ai vu passer alors que je n’en avais encore jamais entendu parler. Mais comme d’habitude quand la pàl est trop grande (qui a dit que c’était mon cas ? :angel:), certaines lectures sont mises de côté à contre-cœur.
    Mais vu le niveau de mes lectures de ce début d'année, je ne peux que me féliciter de m’être imposé une "liste de mes plus grandes envies à lire dans l’année", quelle excellente idée ! :pink:

    Alors si on décortique les enluminures du quatrième de couverture (qui, pour une fois, est intelligemment fait je trouve car il en dit assez pour donner envie mais ne rien dévoiler d'important), pour ceux qui le souhaiteraient (sinon sautez cette étape ;)) :
    Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés.

    Avant toute chose, j’insiste sur 2 points.
    Le premier c’est que, comme toujours, je vais écrire mon avis pour ne rien divulgâcher pour ceux qui souhaiteraient garder le maximum de mystères. Ce que je ne peux que comprendre car c’est ainsi que j’ai attaqué ma propre lecture.
    Le second c’est qu’il est clair que je n’ai certainement pas « l’expérience » et les connaissances d’autres lecteurs/rices en matière de Fantasy, et j’en ai conscience. (je dis ça parce qu’avec le titre vous aurez compris que je vais quand même un peu parler « étiquettes » et « classification »).

    Mais de toute façon, quel que soit mon niveau en Fantasy, je n’en ai pas besoin pour résumer mon avis en 4 mots : Bon sang quel pied !
    Voilà merci d’être venu, avis suivant.


    <image>

    Toute chose a son prix. Parfois, on le paye en écus ; parfois en temps et en sueur. Et il arrive qu'on le paye en sang. Le sang est, semble-t-il, la monnaie préférée du genre humain. Et nous ne regardons jamais à la dépense, hormis lorsqu'il s'agit du nôtre.


    Je pense qu’un des éléments importants par lesquels commencer est que Robert Jackson Bennett aime prendre son temps pour installer le début de son histoire. Attention, ça ne veut pas dire qu’il ne se passe rien ! Non ici il n’est pas question de blabla en mode "explication, contemplation et compagnie" ! Bien au contraire ! On a les deux pieds dedans pour ainsi dire immédiatement. L’action est bien là.
    Mais celle-ci va avancer crescendo avant de prendre une tournure plus exponentielle, en effet boule de neige en quelque sorte.

    Il faut dire que Robert Jackson Bennett a tout un univers et un système de magie à nous faire comprendre avant de pouvoir tout lancer. Donc d’une certaine manière (que je n’ai absolument pas trouvée gênante), il va prendre son temps. D’autant que c’est à juste titre et que ça en vaut la peine !
    Mais lorsqu'il est certain que le lectorat a compris l’univers et le fonctionnement magique, alors le festival des actions prend une toute autre vitesse.



    "- La justice... Seigneur. Pourquoi vous faites tout ça ? Pourquoi risquer votre vie ?
    - Le désir de justice vous paraît si étrange que ça ?
    - La justice est un luxe.
    - Non, coupa Gregor. Aucunement. C'est un droit. Et un droit qui nous a longtemps été refusé."


    Alors qu’en est-il de cet univers ? Et bien je n’en dirai pas grand-chose. Si ce n’est que Robert Jackson Bennett fait preuve d’une intelligence rare dans l’élaboration du moindre détail de son univers. Il va même jusqu’à aborder des thématiques intéressantes mais rares en Fantasy à ma connaissance.
    L’univers-monde construit ici peut sembler avoir des relents d’Italie notamment par la consonance des noms des personnages et la présence de nombreux canaux dans Tevanne (même le nom de cette ville sonne italien je trouve !). Mais si on ajoute à ça, le côté « effervescence technologique » des enluminures. Il est difficile de ne pas songer, au moins de loin, à la Renaissance italienne même si ce n’est pas une référence clairement affichée.
    Qui plus est, l’univers possède des légendes, des histoires et des rumeurs bien particulières.
    Mais même sous la torture je n’en dirai pas plus.



    <image>

    Toute innovation – technologique, sociologique ou autre – naît sous la forme d’une croisade, puis s’organise à l’instar d’une entreprise pratique et enfin, avec le temps, se dégrade pour virer à l’exploitation ordinaire. Tel est, simplement, le cycle vital de l’ingéniosité humaine telle qu’elle se manifeste dans le monde matériel. Ce que l’on oublie, cependant, c’est que ceux qui participent de ce système subissent une transformation similaire : autrui, initialement, est vu tel un égal, un camarade et un citoyen, puis il devient une ressource, un bien et enfin, à mesure que son utilité change ou se dégrade, un fardeau qui doit être géré de manière adéquate.


    Dans le même état d’esprit, il faut quand même que j’évoque sans expliquer (pour ne rien gâcher de votre lecture à venir) le fameux système magique donc tout le monde parle.
    Pour moi, il a réussi à mettre en place un système que je trouve non seulement abouti mais surtout qui est plus que cohérent. Il est d’autant plus épatant que c’est impossible de ne pas y voir un parallèle avec notre monde « technologique ».
    Pour nous en parler, il procède d’une manière que j’apprécie beaucoup chez certains auteurs : il ne nous prend pas par la main. Il a confiance en son lectorat. On échappe donc au coup des « Viens on fait une pause dans l’histoire pour ouvrir une case encyclopédie de l’univers que je n’ai pas réussi à placer autrement ».
    Sans prendre par la main, mais sans jamais nous perdre, le fonctionnement va nous être dévoilé petit à petit.
    Donc les mots de vocabulaire ne seront peut-être pas expliqués dés leur première apparition. Ce n’est pas grave, le contexte sera toujours là pour donner une idée, même vague, et vous seront développés plus loin de manière scénaristiquement plus « naturelle et fluide ».
    Oui oui ces "parenthèses explicatives" sont des choses qui parfois ont l'art de me bassinent selon leur importance et leur lourdeur dans certaines lectures imaginaires... :angel:



    Tomas Ziani était richissime et avait la réputation d’être un négociant rusé – mais aucunement un enlumineur. En matière de sceaux, il n’aurait pas fait la différence entre son propre cul et un trou dans le sol.


    <image>

    Pour mon plus grand bonheur, ça ne s’est pas limité à ça.
    Même si c'est déjà pas mal me direz-vous. Mais pourquoi faire bien quand on peut faire mieux? Je n'ai pas encore abordé ceux que nous allons suivre!
    J’ai beaucoup aimé Sancia, notre personnage principal, qui est forte et nuancée. Mais surtout elle n’est pas toute seule (je n’en dirai pas plus à ce propos) et parmi les personnages qui l’accompagnent il s’en trouve quelques-uns que j’ai particulièrement aimés et qui me marqueront longtemps. Je les trouve même en décalage avec certains clichés (pas tous).
    Par la même occasion, on évite la case « manichéisme pur et dur » ! Ce qui fait toujours plaisir !
    D’ailleurs, je tiens à souligner les dialogues que j’ai trouvés particulièrement réussis.
    Mais un élément qui m’a beaucoup plus et qu’on n’a pas souvent, même s'il n’est pas donné directement. C'est cette sensation que la ville est pour ainsi dire un personnage du livre à part entière. Sensation que je trouve toujours très agréable.



    Je dois admettre, glissa Gio, qu’à l’échelle de nos projets, c’est de plus en plus dur de distinguer une connerie mystique d’une autre.


    Plusieurs thématiques intéressantes sont abordées mais je ne les développerai pas ici. Ces thématiques ont la force d'apporter questions et réflexions, ce que j'adore, surtout en SFFF.
    D'ailleurs, comme je le disais plus haut, impossible de ne pas faire de comparaison entre le système de magie mis en place par Robert Jackson Bennett et la technologie que nous connaissons.
    Et par là, il pose pour nous une réflexion sur celle-ci : où est la limite de l’utilité à ne pas dépasser ? Quand va-t-on plus loin que nécessaire ? « Trop loin » ? Quelle est sa participation de à la fracture sociale entre les classes ?
    C’est par ce genre de choses et par la présence de certains « critères » que je comprends ceux qui finiraient par y voir des notions de « cyberpunk/steampunk » au sein de ce roman.
    Mais de là à lui mettre cette étiquette (comme sur le site d’Albin Michel Imaginaire par exemple) : non. C’est bel et bien de la Fantasy que nous avons ici, mais avec des petits brins de SF.
    Mine de rien, Robert Jackson Bennett a peut-être bien écrit ici un livre pouvant faire au moins partiellement le lien entre plusieurs sous genres de la SFFF. Donc de la Fantasy certes mais de la Fantasy qui joue avec les frontières « traditionnelles » des sous-genres.

    Vous ne me croyez pas ? Dans ce cas, il ne vous reste plus qu’à vous plonger dedans. ;)

    Dernière modification par Aealo (14 Avril 2022 20:38:49)

  • LaurentVo

    Dompteur de pages

    Hors ligne

    #1805 11 Avril 2022 16:54:42

    Merci pour ce texte bien étayer. J'avais ce livre dans ma whislist et il va vitre remonter car cette série m'intrigue de plus en plus. Au départ c'est la couverture qui m'avait tapé dans l'oeil. Je la trouve foutrement bien réussie.
  • Bouledechat

    Passionné du papier

    Hors ligne

    #1806 12 Avril 2022 09:28:41

    Hop, en wishlist ! :-)
    La couverture me plaisait bien déjà mais comme toutes les sorties récentes, j'attendais des retours avant de me précipiter.
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

    Hors ligne

    #1807 14 Avril 2022 20:30:17

    Curieusement, Les maitres enlumineurs ne m'attire pas du tout… et ton avis renforce cette non-envie pour l'instant ; en même temps, j'ai déjà tellement de choses à lire que ce n'est pas grave.
    A côte de cela, je trouve encore une fois que c'est fort bien argumenté ;)

    Bonne fin de semaine !
  • Cervus

    Lecteur fou

    Hors ligne

    #1808 17 Avril 2022 00:06:26

    Je vous réponds très probablement demain. ;)



    Des lapins bien plus malins que crétins


    La Terre tout entière sera ton ennemie, Prince-aux-mille-ennemies, chaque fois qu'ils t'attraperont, ils te tueront. Mais d'abord, ils devront t'attraper... Toi qui creuses, toi qui écoutes, toi qui cours, prince prompt à donner l'alerte. Sois ruse et malice, et ton peuple ne sera jamais exterminé.


    <image>

    Je ne sais absolument plus comment j’ai entendu parler de Watership down de Richard Adams car il a traîné dans ma wishlist pendant un paquet de temps avec sa précédente couverture des éditions Monsieur Toussaint Louverture, un peu chelou certes mais très intrigante (perso j’aimais beaucoup). Et puis sont arrivé ces nouvelles éditions qui ont commencé à faire parler d’elles, c’est là qu’on m’a abondamment reparlé de ce livre. Alors avec un tel appel à répétition, j’ai craqué. Et puis, comment ne pas être attiré par ces superbes couvertures ?
    Mais le début ne fut pas simple puisque j’avais déjà fait un premier essai de lecture qui n’avait pas pris, disons même plutôt que cette fois-là je ne lui ai même pas véritablement donné sa chance. Du coup, je me le suis fixé dans ma « liste des 60 livres à lire cette année », c’est là que @Catysprint m’a tendu la main en me proposant une LC. Quelle excellente idée !

    Et puisqu’il n’y a pas de quatrième de couverture sur cette édition, le voici :
    C'est parfois dans les collines verdoyantes et idylliques que se terrent les plus terrifiantes menaces. C'est là aussi que va se dérouler cette vibrante épopée de courage, de loyauté et de survie. Menés par le valeureux Hazel, une poignée de braves choisit de fuir l'inéluctable destruction de leur foyer. Prémonitions, ruses, légendes vont aider ces héros face à mille ennemis et les guider jusqu'à leur terre promise, Watership Down.

    Alors oui, la première fois qu’on vous parle d’aventures, de long voyages périlleux fait par des animaux vers une terre promise et inconnue, vous entendrez sans doute une part de vous dire « Eh ça va ! Je ne suis plus en âge de lire Les animaux du bois de Quat’sous ! ». Et bien vous feriez bien de la faire taire cette petite voix...

    En effet, Richard Adams ne raconte pas ici la bienveillance improbable d’animaux qui devraient plutôt se bouffer les uns autres. Non. Ici, il ne nous parle que de lapins avec toute la réalité qu’il y a à « être un lapin » (mais je vais y revenir).
    En d’autres mots, ce qui du point de vue humain pourrait sembler n’être que « des animaux en vadrouille » va se révéler être, du point de vue lecture, une odyssée épique vers une terre promise.



    Depuis cinquante ans, le silence des campagnes a peu à peu disparu. Mais là-haut, sur la colline de Watership Down, le murmure du jour était presque imperceptible.


    Oui ce sont des lapins, mais cela n’empêche pas de se retrouver face à des personnages attachants.
    Oui ce sont des lapins, mais cela n’empêche pas d’avoir nos personnages préférés comme n’importe dans quelle œuvre littéraire.
    Oui ce sont des lapins, mais cela n’empêche pas d’avoir peur pour eux.
    Oui ce sont des lapins, mais cela n’empêche pas de transir lorsque l’un d’entre semble sur le point de  « s’arrêter de courir » (leur terme pour parler de la mort).
    Oui ce sont des lapins, mais cela n’empêche pas de voir des parallèles entre certains d’entre eux et d’autres personnages plus connus.
    Oui ce sont des lapins, mais cela n’empêche pas d’avoir eu cette sensation de commencer en lisant Les animaux du bois de Quat’sous mais de continuer avec celle de L’Odyssée d’Homère (comment ne pas voir en Hazel un Ulysse à grandes oreilles) ou encore La Grande Evasion.
    Seul petit bémol concernant nos lapins c’est que j’aurais aimé pouvoir me les représenter plus clairement. Certaines descriptions de nos lapins sont superficielles voire absentes, ce qui est dommage. Mais cela n’empêche en rien de s’y attacher.



    <image>

    "Les bêtes, a t-il-dit, ne se comportent pas comme les hommes. S'il faut se battre, elles se battent ; s'il faut tuer, elles tuent. Elles ne passent pas leur temps à inventer des moyens d'empoisonner l'existence des autres créatures ou de leur faire du mal. Elles sont pétries de bestialité et de dignité."


    Comment peut-on s’attacher à des lapins ?
    C’est ici une des plus belles prouesses de la plume de Richard Adams selon moi : absolument tout dans ce livre nous est présenté et donc vécu par le prisme de « ce que c’est d’être un lapin ».
    Les très rares fois où Richard Adams nous extrait de cet univers aux grandes oreilles, il le fait de manière très tranchée et éphémère, histoire que la coupure soit nette et sans bavure. Une méthode qui est très intelligente et bien gérée.
    Sinon en dehors de ces exceptionnels chapitres, l’immersion dans la peau de Roger Rabbit de nos lapins est complète. On sent que bons nombres d’informations et d’observations ont été accumulées pour en arriver là.
    Tout a été pensé pour nous mettre en condition. On prend extrêmement vite conscience du danger omniprésent (prédateurs multiples, l’homme et ses appareillages), des obstacles difficilement surmontables voire inconnus pour certains (routes, cours d’eau), des nécessités essentiels (nourriture) et importantes (terrier), des différences d’échelles, des différences de milieux, des différences de perceptions de l’inconnu...
    Et comment contredire que tout est un danger pour les lapins de garennes, puisque 50 ans après la sortie de ce livre le statut mondial de cet animal en apparence commun est « espèce en danger ».
    Donc très vite les lecteurs/rices adoptent les yeux et les oreilles des lapins pour vivre ce périple à leur taille et avec leurs craintes.



    Les hommes pensent qu'il ne pleut jamais qu'à verse. Ce qui, en fin de compte, ne s'avère que rarement vrai. Les lapins sont plus pragmatiques. Ils ont un proverbe, par exemple, qui dit que "les nuages n'aiment pas la solitude", si on en voit un, c'est généralement le premier d'une vaste cohorte qui s'apprêtent à envahir le ciel.


    Comme tout groupe social qui essaie de survivre, les lapins ont leurs propres contes et légendes. Toute la mythologie que nous découvrons petit à petit, au fur et à mesure des histoires qu’ils se racontent pour se rassurer ou pour occuper les fins de journées et les mauvais temps.
    L’idée n’est pas de vous la développer ici mais cette brillante idée développée dans le récit est d’un charme qui m’a de suite conquit. Nous apprendrons les histoires de Shraavilshâ le Dieu-lapin qui a sauvé son peuple de diverses manières et dont chacune des aventures raconte/explique une des facettes de la vie de nos petites bêtes poilues. Un plus très riche à la lecture.
    De même que, ne connaissant pas tout et ayant leur propre vision du monde, nos héros ont leur propre vocabulaire sur certains points que je vous laisserai découvrir. Là encore, c’est une belle idée qui enrichit l’univers de ce livre !



    <image>

    Les créatures qui n'ont ni heure ni minute sont aussi sensibles aux secrets du temps qui passe qu'à ceux du temps qu'il fait ; elles savent également parfaitement s'orienter, comme en témoignent leurs extraordinaires migrations. Un lapin est capable de percevoir les changements de température et d'humidité du sol, la baisse d'intensité de la lumière, les variations du mouvement des feuilles dans la brise, ainsi que la direction et la force des courants d'air au ras du sol.


    Vous aurez donc compris qu’une fois dans la peau de ces petits mammifères, nous avançons avec eux, comme-ci nous faisions partie de cette troupe aux allures improbables. Avec tous les charmes que cela comporte mais surtout avec toutes craintes que cela génère !
    Une fois cette appartenance éprouvée, vous n’aurez de cesse de ressentir cette épée de Damoclès continuellement : le danger partout. Même lorsque tout va bien, on ne peut s’empêcher de rester sur ses gardes... La mort peut venir de partout et personne ne veut rencontrer le lapin de Inlè...
    Jusqu’au bout, je n’ai eu de cesse de penser qu’il allait encore arriver quelque chose. Ce n’est que le dernier chapitre qui a pu m’apporter le repos de ces craintes.

    Pour ne rien divulgâcher, je ne développerai pas le voyage et ses étapes. Mais j’avoue avoir été surpris par celles-ci. Je soupçonnerai même Richard Adams d'avoir eu quelques références. Je n’en suis pas certains mais certaines m’ont fait penser à plusieurs autres œuvres.
    De plus, chacune de ses étapes a ses spécificités, chaque obstacle est à abattre sans jamais donner la sensation de répétition. Tout est neuf et tout est à résoudre, voire affronter car n’allez pas imaginer que les lapins ne savent pas se battre...



    <image>

    L'hiver reste pour les lapins ce qu'il était pour les hommes du Moyen Âge : une saison rude mais supportable quand on a l'esprit imaginatif, avec cependant toujours quelques petits désagréments.


    Même s’il prétend que ce n’est pas son but, difficile de ne pas voir dans Watership down une sorte de parabole tant les thèmes qu’il aborde sont universels. Sans les développer on trouve ici une critique non-seulement du système hiérarchique social et politique mais également des actions et activités humaines ainsi que de leurs conséquences et part là d’écologie.



    Tant il est vrai qu’on éprouve parfois autant d’angoisse à voir une créature menacée qu’à affronter soi-même le danger.


    Watership down est donc une odyssée épique par réalisée des héros littéraires atypiques que Richard Adams, véritable amoureux de la Nature, a eu l’intelligence de conserver au statut animalier pour nous permettre de nous mettre à leur place le temps d’une aventure sans véritable équivalence dans la littérature à ma connaissance.

  • Grominou

    Administratrice

    En ligne

    #1809 17 Avril 2022 05:14:28

    Je suis toujours contente quand je vois un lecteur de plus apprécier cette œuvre magnifique! :heart:
  • Mypianocanta

    Gardien du savoir

    Hors ligne

    #1810 18 Avril 2022 13:59:19

    Il est dans ma wish depuis un moment, ton avis me conforte dans mon envie de le lire :)
    Bonne semaine !