#477 27 Mai 2022 19:16:19
Offrandes musicales de Michel Tremblay
L'auteur nous raconte une quinzaine de rencontres avec la musique, qu'il s'agisse de récitals, de spectacles ou même d'écoute en solo chez lui. Parfois tristes, parfois hilarantes ces occasions éveillent toutes une émotion particulière chez Tremblay, qui sait si bien nous transmettre en toute simplicité. Il n'y a pas une once de tentative d'analyse musicale ici, juste le partage d'un ressenti. Ce petit aparté autobiographique ne sera certainement pas un jalon marquant de son œuvre mais reste bien sympathique, sans prétention, très accessible. Pour qui suit sa carrière c'est aussi une nouvelle facette à la fois de son immense talent mais aussi de sa personnalité d'un charme désarmant.
Ils vivent la nuit de Dennis Lehane
Peut-on devenir et rester chef mafieux tout en affichant une certaine conscience et afficher des réticences face aux meurtres gratuits ? C'est la question de fond qui ressort en dernière analyse de ce roman noir très réussi. Car le parcours du héros, le fils déviant d'un très haut gradé de la police, est pour le moins atypique; trahi par un ami, laissé en pâture aux flics vengeurs par son propre père, son séjour en prison sera instructif et il ressortira moins naif qu'à son entrée . . . La suite se transforme en une ascension digne du Parrain !
Mais au-delà du milieu criminel très réalistement mis en scène ici, ce sont les valeurs incarnés par Joe qui donnent une couleur spéciale à ce livre. Les notions de pardon et de réelle loyauté sont plutôt étrangères au monde interlope, alors qu'ici elles modulent de façon parfois surprenante l'action. Non pas qu'il soit un ange, les moyens qu'il prend pour brasser des affaires en témoignent, mais la violence n'est jamais, ou en tout cas, rarement, gratuite. Pire il fait presque de la formule gagnant-gagnant son modus operandi. Évidemment cette approche a des limites qui apparaitront éventuellement . . . Ce deuxième tome de la saga Coughlin, qui peut se lire indépendamment des autres, est excellent par son ambiance, l'évolution des situations et le comportement des ses acteurs principaux.
La marque de Cain de Anne Perry
Le canevas général de ce sixième épisode de la série consacrée à William Monk ressemble beaucoup aux précédents: un appel à l'aide, Monk enquête et piétine, Hester et Rathbone le dépanne, procès à l'issue incertaine suivi in extremis d'un dénouement heureux. En avançant dans ma lecture je me disais que ce scénario répétitif manquait d'originalité, d'autant plus que cette fois-ci la clé de l'énigme pointait son nez assez rapidement. L'intérêt de la série repose notamment sur le passé de Monk et sur sa relations avec Hester; or dans les deux cas on fait du sur place dans ce tome . . .
Du coté positif on en apprend un peu plus sur l'époque victorienne particulièrement les conditions sanitaires déplorables qui permettaient l'éclosion de fièvre typhoïde et sur le climat de violence généralisée prévalant dans les bas-fonds de Londres. Est-ce suffisant ? Je n'en suis plus certain et si rien ne débloque dans le prochain épisode ce sera tout pour moi malgré mon attachement aux personnages principaux.
Les brumes d'Avalon de Marion Zimmer Bradley
La légende arthurienne peut être revisitée de bien des façons, ici l'accent est mis sur le rôle des femmes. Comme ce tome fait partie de la trilogie “Les dames du Lac” et que je n'ai pas lu les deux autres épisodes j'hésite à dire si ce point de vue apporte vraiment une dose d'originalité qui enrichirait significativement la légende. Car ici on retrouve les personnages connus mais seuls Arthur et Lancelot y occupent réellement la scène alors qu'Ygerne, Morgane, Morgause et Guenièvre sont omniprésentes. Forcément les histoires d'amour prennent le pas sur les aspects politiques et guerriers, ce qui n'est pas déplaisant en soi puisque Bradley sait y faire dans cet aspect. Par contre le rôle très timide de Merlin m'a laissé un impression de manque tellement sa contribution me semble centrale dans ce récit.
Étant friand du thème et appréciant le style de l'autrice, je lirai certainement les autres tomes de toute la saga d'Avalon puisque ce tome est plus légèrement déconcertant que décevant car il réveille des sensibilités d'un autre ordre que les romans d'aventure typiques. Ce qui n'est pas pour me déplaire. Mais parfois il faut considérer toutes les parties d'un tout pour l'apprécier à sa juste valeur . . .