[Suivi lecture] Errant

Je ne suis pas encore certain d'avoir craqué comme tu dis mais très intrigué ça c'est certain.

Comme l'engouement n'a pas encore atteint le Québec je me suis empressé de le commander à la biblio car il n'y a pas beaucoup d'exemplaires, 4 seulement en fait dans tout le réseau Centre du Québec - Lanaudière - Mauricie. Si le mot se répand les listes d'attente vont être longues !

Cocaïne et tralala de Kerry Greenwood

L'autrice nous propose une nouvelle héroïne, Phryne Fisher, une femme délurée, c'est le moins qu'on puisse dire, très fortunée par le plus grand des hasards et qui prend des moyens bien particuliers pour être certaine de ne pas s'ennuyer. Et moi non plus je ne me suis pas ennuyé en lisant ce premier tome d'une série d'une douzaine qui lui est consacrée Situé dans les années folles, le récit expédie Phryne en Australie pour enquêter sur une étrange maladie qui affecte le fille d'un couple d'aristocrates de ses connaissances.

Et c'est là que le plaisir commence ! Non seulement la dame n'a pas froid aux yeux, mais c'est une iconoclaste dans l'âme; pas de tabou pour elle et choquer fait partie de ses divertissements préférés. Mais au-delà de son style flamboyant il ne faut pas croire qu'il n'y a que de vide; que ce soit des trafiquants de cocaïne, des avorteurs bouchers ou de simples goujats, plusieurs goûteront à sa médecine. Son enthousiasme est communicatif, les personnages secondaires bien campés, les intrigues intéressantes et le rythme endiablé, à l'image de cette femme qui m'a définitivement envoûté !


La crue de Michael McDowell

J'aime les sagas familiales et ce premier tome de la série Blackwater en annonce une tordue à souhait avec juste une touche de fantastique pour l'auréoler d'un certain mystère. Le personnage d'Élinor est intrigant; quelles sont ses véritables motivations et sa véritable nature? Tous les Caskey sont intéressants, bien découpés, on les visualise facilement, et forment un clan relativement soudé malgré des différences flagrantes.

Je ne m'attache pas spécialement aux personnages mais les observe de loin, me demandant tout le temps la nature du prochain rebondissement; une remarque acerbe, un indice sur ce qui s'en vient ou un développement majeur ? J'ignore si la série complète saura conserver cet équilibre entre réalité et fantasme, entre les affrontements et solidarité,  je l'espère. Mais ciel que les personnages masculins sont faibles, j'aurais le goût de les brasser par moment !

Pas de pot pour la jardinière de M.C. Beaton

On ne lit pas tellement la série consacrée à Agatha Raisin pour la qualité des intrigues policières, qui semblent à la limite n'être que des prétextes, mais bien pour suivre les tribulations de cette nouvelle retraitée qui peine à se faire à la vie de son village d'adoption. Et aussi à son célibat qui semble lui peser, à chaque fois du moins qu'elle rencontre son voisin . . .

Comme à l'habitude Agatha triche, cette fois pour un concours de jardinage; pas fort si jamais elle est démasquée. Mais elle se ment aussi à elle-même quant à ses sentiments autant vis-à-vis monsieur Lacey que concernant les villageois de Carsely. Parfois drôle, parfois pathétique, toujours hésitante et très souvent de mauvaise foi, notre héroïne passe au travers des ennuis avec la délicatesse d'un bulldozer tout en résolvant avec finesse les meurtres qui semblent se multiplier dans son nouvel environnement. Pour une lecture facile, rigolote par moments, sans prétention autre que de divertir, Agatha est toujours là !



La digue de Michael McDowell

Mon intérêt pour cette série s'est confirmé à la lecture de ce deuxième tome. Sans rien dévoiler de le teneur des développements, on peut dire que le récit progresse sur plusieurs fronts. La dynamique des Caskey évolue, se complexifie et plusieurs développements apparaissent possibles; quelle direction cette saga familiale prendra-t-elle ? Un élément fantastique se précise en même temps qu'un nouveau apparait; coincidence ou sont-ils appelés à se croiser ?

J'ai aussi trouvé qu'un aspect un peu sociologique s'invitait dans l'histoire avec les ouvriers du chantier et les nombreuses allusions à la ségrégation que subissaient les noirs à cette époque. Le coté un peu horrifique fait une courte mais frappante apparition; incident de parcours ou nous prépare-t-on la table pour pire? Bref, plein de bonnes raisons de passer à l'opus suivant !



La maison de Michael McDowell

Ce troisième opus de Blackwater fait une belle place à des personnages émergents tout en maintenant le suspense quant à la trame principale à savoir la réelle raison de la présence d'Elinor à Perdido. Il s'en passe des choses dans ce tome, comme si la rivière avait connu une crue . . . ce qui n'est pas le cas. Un développement majeur m'a complètement pris par surprise, une bonne d'ailleurs, mais me laisse vraiment perplexe quant à la suite des choses.

Ce tome semble amorcer un virage de genre, un petit coté mystère, horreur même, qu'on voyait poindre mais qui s'affirme ici. Reste que la saga des Caskey demeure le point d'intérêt principal, que le clan s'agrandit, que la dynamique des personnages évolue. Il se dégage un charme indéniable qui m'incite à poursuivre au plus tôt. Ce que je vais faire de ce pas !

La sorcière de Salem de Élizabeth Gaskell

Un fait historique raconté par une romancière de grand talent, tel est l'impression générale que je retire de ce très court ouvrage. Je ne connaissais rien en vérité de ce fait réel, sinon que Salem avait été le théâtre d'une chasse aux sorcières. L'auteure illustre pas à pas le mécanisme pervers par lequel de telles aberrations peuvent survenir; un mélange de fanatisme religieux, les puritains d'autrefois me font penser aux talibans d'aujourd'hui, de climat de peur et de méfiance exacerbé par les pasteurs dogmatiques et da présence de quelques personnes mal intentionnées pour mettre le feu aux poudres.

Tout ceci mène à la catastrophe prévisible soit l'exécution ou l'emprisonnement de centaines d'innocents. La reconnaissance de l'erreur une vingtaine d'années plus tard ne sera qu'une piètre consolation pour ceux et celles qui auront souffert de cette folie. Gaskell nous fait vivre le drame de l'intérieur, on sent la tension monter et l'inévitable poindre. Elle a eu la délicatesse de ne pas détailler les méthodes d'interrogatoire. . . J'ai aimé cette lecture d'abord pour en apprendre sur ce drame mais aussi pour découvrir une autrice classique à la plume délicate et fluide.



La fortune de Michael McDowell

Dans cet avant-dernier épisode de Blackwater, deux personnages masculins trouvent leur place dans ce quasi matriarcat des Caskey, enfin oserais-je dire, parce jusqu'ici je trouvais les hommes de l'histoire soit bien fades, soit carrément dégueulasses. Le personnage de Miriam m'amuse et me fascine à la fois, éclipsant presque celui d'Élinor qu'on commence à voir venir de loin . . . Comme dans les autres opus les dernières pages constituent un développement majeur qui ouvre la porte à bien des conjonctures pour la suite des choses.

La balance entre la saga familiale et le coté fantastique est bonne mais je trouve que le dernier aspect devient un tantinet répétitif. Reste que l'auteur maintient un rythme sans temps mort, que les personnages évoluent et que l'histoire prends plusieurs ramifications intéressantes. J'ai bien hâte de voir comment, et si, le dernier tome saura apporter des réponses satisfaisantes à toutes les questions soulevées jusqu'ici !


Sabliers et engrenages de M.V. Fontaine

J'avais gardé un bon souvenir des deux premiers épisodes de cette tétralogie et ce troisième tome ne fait que renforcer mon opinion fort positive. L'univers créé par Fontaine est simple mais pas simpliste, dépouillé en quelque sorte. Les conditions de vie sont rudes, les environnements menaçants, comme si tout contribuait à faire ressortir la résilience des personnages. Et chaque membre de ce curieux équipage emporte avec lui des secrets plus ou moins avouables, parfois même à son insu !

Tout cela permet de mieux cerner chaque acteur de cette aventure, de s'attacher à certains et à en détester d'autres, preuve que l'écriture est efficace. Nombreux sont les livres qui mettent en scène un groupe de personnes menant une quête; celui-ci a le mérite de se démarquer, en balançant bien les contraintes de l'environnement, la psychologie des personnages, la dynamique du groupe et les revirements dus aux forces externes. Autant de bonnes raisons de mettre la main sur la conclusion de l'histoire !


Trafic de haut vol de Kerry Greenwood

Dans ce deuxième tome qui lui est consacré, Phryne Fisher s'est résolument convertie en détective privée et s'occupe d'un meurtre d'une part et d'un enlèvement d'enfant d'autre part. La première affaire lui permettra de mettre ses capacités d'analyse et de déduction à l'épreuve alors que la deuxième fera plutôt appel à son ingéniosité dans la traque des ravisseurs. En soi les deux intrigues sont bien pensées et dignes de n'importe quel bon roman policier.

Le piment de ce bouquin reste la personnalité excentrique et irrévérencieuse de Phryne elle-même; elle mène sa vie tambour battant, fait preuve de compréhension et générosité envers les victimes et les démunis tout en en étant impitoyable avec les malfrats, se garde toujours un amant à la hauteur sous la main et batifole à qui mieux mieux dans la haute société. Elle développe aussi un réseau d'amis et de contacts qui annonce bien pour le futur de la série. J'ai souvent un sourire en coin en la voyant évoluer, éprouve de l'admiration pour sa détermination et m'incline devant ses brillantes capacités. Bref, quelle femme !

Résonnances de Patrick Senécal

Plus j'avançais dans ce bouquin plus je trouvais que l'auteur était en train de réussir un certain virage qu'il avait annoncé en entrevue. On reconnait facilement cet as de la surenchère, son rythme trépidant, ici pontué d'ellipses qui calment un peu le jeu, son humour caustique, ici dirigé principalement contre les wokes. Quant au propos, le thème ambigu,  volontairement intriguant, le flou perpétuel savamment entretenu, le bordel ambiant, le désarroi grandissant de son héros sont autant d'éléments qui m'ont rivé à mon siège. C'était parti pour un méchant tour de manège !

Mais quelle fin décevante, je me demande même si on peut appeler cela une fin. C'est comme si l'auteur avait été dépassé par son personnage et ne savait plus trop quoi en faire. Alors au lecteur de se dépatouiller. Je me suis senti trahi par l'écrivain qui avait si bien construit son labyrinthe. Tout cela pour finir sur une telle entourloupette ! Misère.