[Eau douce - Janvier 2024] - Parlons du roman

  • angelebb

    Les doigts collés au papier

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    #21 21 Janvier 2024 13:18:50

    Pour ma part, cette lecture me laisse un sentiment partagé....

    J'ai aimé :
    * la narration qui imisce au cœur de l'intrigue la culture et les mythes igbo.
    Cette particularité en a fait un roman intriguant car ma non connaissance créé une réelle curiosité pour ma part.
    C'est en  prenant la parole et en se dévoilant que les esprits /entités qui règnent sur le corps de Ada "justifient" ses faits et gestes et abordent ses multiples troubles.

    Ce qui m'a parfois choqué :
    * le style du récit sans filtre, souvent cru
    * l'enchaînement des troubles de la personnalité et le fait que Ada subisse son existence

    Ce que je n'ai pas aimé :
    Mon insensibilité par rapport aux personnages.
    J'ai lu ce roman sans émotions, sans attachement pour Ada.
  • Tintaglia31

    Tourneur de pages compulsif

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    #22 21 Janvier 2024 14:51:24

    Un roman clivant en effet, c’est très intéressant de lire vos retours

    Comme Citrouille, ça ne me dérange pas d’être malmenée par un auteur si son roman m’amène à réfléchir au final. Et le parallèle avec Vita Nostra est bien vu  :)
    Je rejoins petite utopie sur la mythologie igbo. Je n’ai vu les ọgbanjes que comme un support au récit, un moyen de décrire ce que ressent Ada. Je n’ai pas été déçue de ne pas en apprendre plus.


    Et bon anniversaire @iletaitdeslivres   :birthday4:
  • LaGeekosophe

    Espoir de la lecture

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    #23 21 Janvier 2024 16:56:00

    Hello tout le monde :heart:


    Je savais que le livre allait faire débat quand j'ai vu la spécificité de la narration ! Sans être un aussi gros coup de cœur de certains d'entre vous, j'ai beaucoup apprécié ma lecture que j'ai trouvée très unique dans sa construction et son déroulé.

    Qu'ai-je pensé des personnages ?

    C'est toujours le genre de roman dans lequel il est difficile de se faire un avis dessus, car ils ne font pas faits pour être appréciés ou sympathiques.
    Pour Ada, j'ai trouvé que le fait de la voir surtout à travers les yeux d'esprit était bien trouvé. Ils s'appellent par ailleurs souvent l'ada au début du récit. Pour moi, ça montre que la jeune femme est surtout un vaisseau pour eux au début, même s'ils ont pour rôle de la protéger. Le fait d'avoir peu le point de vue d'Ada a été aussi un moyen de montrer qu'elle est surtout contrôlée par sa maladie, on voit bien que même lorsqu'Asughara apparaît, elle est assez peu elle-même. Et les quelques passages où elle parle, souvent par poèmes, on a l'impressino qu'elle est une plaie ouverte en continu.

    Pour les esprits, je n'ai pas d'avis particulier sur eux, parque je les trouve trop éloignés des humains pour les trouver attachants. Asughara prend plus de place et joue bien son rôle d'"alter" protectrice. J'ai bien aimé le fait qu'elle évoluait comme un personnage humain.

    Pour Saint Vincent, c'est pour moi la manifestation de la part masculine d'Ada qui prend plus de place et est notamment à l'origine de sa transition. Le fait qu'il est un lien la religion catholique comme Yshwa, qui est une personnification de Jésus, vient pour souligner la fluidité culturelle d'Ada. Elle est partagée entre traditions igbos, culture catholique et l'Amérique. Je pense cependant que la quatrième de couverture fait une erreur en appuyant sur l'aspect des mythologies igbos, qui n'est pas très présent dans le roman.

    Pour la narration et le rythme ?


    J'ai tendance à chercher des romans qui ont des constructions et des narrations atypiques. Bien que peu accessible au début, j'ai trouvé que la narration était intelligente et permettait de servir le propos de l'autrice, notamment dans la construction fragmentée de la personnalité d'Ada et son instabilité constante. Cependant, même si le roman est court, j'ai trouvé que certains passage du roman manquaient de rythme, avec la sensation qu'Ada n'évoluait que peu et restait coincée dans son marasme psychologique.

    La plume est très crue et très poétique en même temps, je trouve que cela rend très à propos la souffrance d'Ada, sa tendance à la souffrance et le jeu entre la vie et la mort qu'elle joue constamment. Le roman est assez dur, mais ça lui donne une forme de puissance.

    Pour les thématiques ?

    Le roman m'intéressait pour sa description de la maladie mentale. J'ai été très heureusement surprise par l'exactitude des symptômes du trouble dissociatif de l'identité. Il se manifeste très jeune suite à un traumatisme grave et une nouvelle identité, un nouvel alter, apparaîtra à chaque nouveau traumatisme, comme pour Asughara. Les alters vivent dans un système spécifique, chaque alter a son rôle et ils se manifestent pour protéger la personne originelle, notamment dans des situations traumatiques originelles. Ce qui est intéressant, c'est que dans d'autres cultures, le TDI est en effet considéré comme une manifestation divine et non comme un trouble psychiatrique, ce qui est bien décrit à travers des personnages comme Malena. Je pense que cette page résume bien différents aspects du TDI qui permettent d'avoir un aperçu des caractéristiques du trouble et donne des clés de lecture supplémentaires.

    Mais à mes yeux, le thème principal du roman est la notion fluidité. La fluidité dans son identité (dans ses cultures notamment), dans son corps (question du genre etc...).

    Pour la fin


    J'ai trouvé la fin cryptique et les lecteurs l’interprètent complètement différemment.

    Spoiler (Cliquez pour afficher)

    Pour moi, Ada et ses alters apprennent à collaborer de manière plus fluide, d'où l'image de l'eau très présente. Le système semble avoir des relations apaisées et Ada accepte sa spécificité



    Un roman que j'ai globalement très apprécié et qui a le mérite de ne laisser personne indifférent.
  • Chaminou333

    Commis de lecture

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    #24 21 Janvier 2024 19:43:51

    Bonsoir,

    Je fais partie de la Team « j’ai bien aimé ».

    J’ai pas tout a fait fini ma lecture. Je viendrai peut-être compléter mon commentaire si la fin m’inspire quelque chose de particulier.

    Le style est surprenant et les mots sont différents en fonction du narrateur. Ce changement constant de points de vue m’a paru intéressant, symbole du combat quotidien d’Ada.

    J’ai eu une grande facilité à rentrer dans le monde des esprits, de voir le trouble de la personnalité comme une multiple possession. L’accent vaudou pouvant parfois apparaître avec cette apaisement par le sang.

    Je ne lirai pas d’autres livres de cet auteur car je préfère garder une bonne impression (peur qu’une autre lecture gâche le charme opéré par celui ci).
    J’ai par contre rajouté dans ma wishlist Vita Nostra évoqué par plusieurs d’entre vous.

    Belle soirée à vous
  • Citrouille Papote

    Grand chef libraire

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    #25 22 Janvier 2024 09:18:51

    Julie moi aussi j'étais persuadée que ça finirait en S...

      Vos analyses sont très intéressantes .
    Je visiterai la page indiquée au dessus sur le TDI.
    Peut être que l'évocation de Jésus montre aussi le dédoublement d'Ada ? ( Et +)

    Quelques uns ont évoqué la youtubeuse Olympe, aux dernières nouvelles elle avait annoncé qu'elle voulait se faire euthanasier en Suisse prochainement. J'espère qu'elle a changé d'avis .

    Je vous partage le lien de ma chronique , <image> si ça vous intéresse :)

    PS :Mais ouiiii , il faut lire Vita Nostra !!! :D
  • LaGeekosophe

    Espoir de la lecture

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    #26 24 Janvier 2024 13:33:52

    Hello :D

    Je me lance dans le compte-rendu ce weekend, pour laisser le temps s'il y a des retardataires.

    Est-ce que je dois suivre un plan particulier ? Je le poste quand c'est fait ou je te l'envoie @julie27 ?
  • Julie27

    Administratrice

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    #27 24 Janvier 2024 14:21:16

    petite utopie (Lyzmod) a écrit

    Peut-être qu'avoir quelques infos sur le parcours de l'autrice ou au moins sur le TDI, en préface, aurait permis de rendre le récit plus compréhensible. Et en même temps c'est peut-être une volonté de Akwaeke Emezi que les choses restent nébuleuses. C'est difficile de comprendre vraiment sa démarche et ce que représentent les mythes Igbo pour elle :grat:


    C'est un peu ce que je me dis.
    En tout cas, je l'ai perçu différemment après m'être renseignée un peu.

    En tout cas, ce livre ne laisse pas indifférent(e) =D (je trouve que c'est fréquemment le cas des pépites méconnues en BC :heart:)
    C'est vraiment chouette de lire tous vos retours !

    Et bon anniversaire en retard à iletaitdeslivres :pompom:

    Tinta : je vois qu'on a eu le même début et le même intérêt accru lors de l'arrivée d'Asughara... j'avoue que ça a été un petit tournant pour moi (j'ai aussi apprécié le changement de narration et de rythme).
    Et j'aime beaucoup LaGeekosophe ton analyse sur la fluidité.
    D'ailleurs, j'ai cherché pendant les trois quarts du livre quel pouvait être le lien avec le titre :goutte:

    LaGeekosophe a écrit

    Je me lance dans le compte-rendu ce weekend, pour laisser le temps s'il y a des retardataires.

    Est-ce que je dois suivre un plan particulier ? Je le poste quand c'est fait ou je te l'envoie @julie27 ?


    Encore merci !
    Il n'y a pas de plan imposé ;)
    Si besoin d'inspiration, tu peux voir ce qui a été fait pour les précédents book clubs sur le blog.

    Et tu peux me l'envoyer sans souci. Si c'est sur un fichier, tu peux l'envoyer par mail à l'adresse livraddict@yahoo.fr

  • Livresovore

    Pèlerin des mots

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    #28 29 Janvier 2024 12:14:58

    Bonjour tout le monde,

    2024 commencera avec un gros retard sur le BC pour moi : je l'ai terminé samedi 20 mais me suis complètement fait dépasser par le temps et nous voici le 29 !

    Je n'apporterai pas beaucoup plus d'eau au moulin que ce qui a déjà été dit, de mon côté j'ai aimé cette lecture très surprenante : si j'ai été déstabilisée au départ par la narration et le.a narrateur.ice, j'ai finalement beaucoup accroché. Il était intéressant de se placer sur le point de vue de "l'occupant" et non de l'occupé comme c'est souvent le cas dans les romans qui aborde la thématique des personnalités multiple (je ne connaissais pas du tout l'autrice donc j'irais creuser, en revanche le TDI me parle plus).