#803 16 Septembre 2024 12:10:45
La version qui n'intéresse personne de Emmanuelle Pierrot
Au Québec, ce livre a gagné le prix des libraires 2024 catégorie «roman, nouvelles, récit» et je me demande bien pourquoi. Certes, le sujet est particulier, inhabituel, mais il n’y a rien de remarquable quant à l’écriture qui m’a semblé correcte, sans plus. En gros, la narratrice va s’établir à Dawson, vit quelques années au sein d’une clique de marginaux dont elle finit par se faire exclure suite aux manigances d’un copain d’enfance à qui elle a refusé ses faveurs.
Ce récit pourrait être poignant, mais l’autrice n’a pas réussi à m’émouvoir sauf lorsque la clique maltraite son chien; c’est dire le peu d’empathie que j’ai eu pour son héroïne. Car celle-ci s’éclate, s’étourdit dans l’alcool, la drogue et le sexe, s’insère dans un groupe de personnes peu recommandables pour poser ensuite comme victime lorsque les choses ne vont plus à son goût. Chacun est bien libre de vivre sa vie comme il l’entend, mais il faut assumer les conséquences de ses choix. Vrai que la narratrice fait mal paraître, à raison, ses ex-amis, surtout le harceleur à la fin du livre, mais un peu d’introspection de sa part équilibrerait sans doute les parts de responsabilité de tout un chacun dans cette rupture dramatique. Bref, livre qui n’a m’a pas convaincu bien qu’il ne soit pas inintéressant.
Dernier appel pour les vivants de Peter Farris
Après dix ans de taule, un type braque une banque et s’enfuit avec un otage. Mais le hic c’est qu’il devait faire le coup avec deux complices qui, floués et en colère, partent à ses trousses. Cela donne un récit enlevant, plein de rebondissements, d’une violence extrême et continue. Mais, au-delà de l’action pure, l’auteur nous fait entrer avec brio dans la tête de ses personnages, pour le meilleur et pour le pire. Car si on compatit à la terreur de l’otage, on peut avoir plus de mal à partager les perversions de l’accro à la meth et encore plus au cynisme et à l’absence totale d’humanité des taulards membres du gang de la Fraternité aryenne.
C’est dans un univers glauque que nous convie Farris, il nous y plonge dedans sans merci. Tout y passe : les gangs qui contrôlent les prisons, les fous de Dieu aux étranges cérémonies, les drogués irrécupérables, le sadisme des malfrats, le désabusement des forces de l’ordre, tout un monde sans grand espoir. Tout cela crée une atmosphère sordide et envoûtante à la fois tellement c’est bien balancé, intrigant et désespérant à la fois. C’est un livre dur, qui vaut la peine, même si, d’une certaine façon, il est déprimant.