#908 21 Janvier 2025 12:36:08
Neige noire de Hubert Aquin
C’était ma première rencontre avec cet auteur et, malgré certains aspects que j’ai bien appréciés, ce sera ma dernière, car il a le don de m’agacer au plus haut point. D’abord, les fleurs. Alors que l’auteur défile son roman, un couple de nouveaux mariés en croisière dans le nord, dont seul le mari reviendra et poursuivra son projet de film, il nous présente en parallèle le scénario dudit film, incluant les mouvements de caméra, en plus de commenter ses intentions de cinéaste et de parfois philosopher sur les différences entre littérature et cinéma. Il faut donc être attentif à ces différents niveaux, mais cette structure expérimentale n’est pas pour me déplaire et il est même amusant de suivre ces méandres sans perdre le fil ni de l’un ni de l’autre. Le récit, comme tel évolue d’une façon inattendue sur certains points, réserve de belles surprises. J’ai trouvé aussi que Aquin a trouvé une belle finale.
Par contre, les irritants pullulent. D’abord l’auteur abuse à plus ou moins bon escient de mots soit hyper rares, soit il invente des néologismes discutables ; le texte en étant truffé, la saturation arrive vite. Ensuite, il décrète sans aucune hésitation ce que les spectateurs de son éventuel film vont ressentir face à telle ou telle scènes comme s’il faisait fi des sensibilités individuelles ; à tort ou à raison, cela heurte mon libre arbitre de consommateur ! Il y a aussi un aspect guide de voyage très lourd, comme si l’accumulation de références topographiques donnait une valeur ajoutée à l’histoire ; hé bien non, au contraire. Que penser aussi de la multitude de scènes de nudités, comme si le seul intérêt de ses personnages féminins était de les déshabiller au plus tôt, et ce, sans rapport direct au propos, contrairement à ce qu’il prétend dans une de ses envolées réflexives ? J’y vois plutôt un voyeurisme obsessionnel. Finalement ces savants apartés m’ont paru quelque peu alambiqués, surtout lorsqu’elles concernent le temps.
En somme ce livre demande un sain effort au lecteur, a un aspect novateur et dépaysant. Par ailleurs il me laisse une impression de pédanterie, d’élitisme et de suffisance qui m’a fait décrocher. Au moins on peut dire qu’il ne m’a pas laissé indifférent !