[Suivi lecture] Errant

Oh non ! Moi j'ai aimé ce livre où elle décrit si bien les attentes terribles que peut cacher une passion.
Et elle mentionne des discussions aussi, même si ce n'est pas le coeur du roman, on sent qu'il y a une connivence entre eux.
Bon, heureusement que nous ne pensons pas tous pareil !
C'est intéressant de lire ton avis pour avoir un autre son de cloche que le mien.

L’amour harcelant de Elena Ferrante

Il y a de ces livres qui provoquent un malaise sans trop savoir pourquoi. C’est l’impression que celui-ci m’a fait tout au long de sa lecture. Pourtant, il n’y a rien de particulièrement glauque, si ce n’est du vieil obsédé qui colle la jeune fille dans le funiculaire, encore que son goût pour les vieux vêtements, surtout les sous-vêtements sales, n’est pas tellement ragoûtant… Il y a aussi cette narratrice à la quête floue suite au décès de sa mère ; que cherche-t-elle à trouver au juste ? Des souvenirs douteux, une réconciliation posthume, et, à la fin, une fusion irréaliste, tout cela est malaisant, déplaisant. Je me suis entêté à le finir puisque c’était dans le cadre d’un club de lecture, sinon je n’aurais jamais terminé tellement la sensation globale était repoussante. C’est la première fois qu’un livre me fait cette impression et j’espère bien que ce sera la dernière !

L’été où tout a fondu de Tiffany McDaniel

Quelle folle idée d’inviter le diable dans un petit village de l’Ohio ! Et bien malin qui a pu prévoir sous quelle forme il arriverait, et encore plus, quelles seraient les nombreuses conséquences de sa présence. Ce livre m’a surpris à divers titres, d’abord, ce n’est absolument pas une histoire de démons à laquelle on peut s’attendre d’après le récapitulatif. Oui il y a une sorte d’horreur, mais elle ne vient pas d’où on aurait pu penser… Ensuite quelles belles réflexions parsèment l’histoire sur des thèmes aussi diversifiés et sérieux que la notion du pardon, les conflits raciaux, la solidarité familiale, les sectes fanatiques, la mort, le suicide, etc. Finalement il y a ce ton, très particulier, où finesse et sérénité permettent d’aborder le pire sans être envahi par le dégoût ou la révolte, mais au contraire de chercher à comprendre les causes de l’inadmissible.

L’originalité de ce livre est renversante. Les images qui y sont invoquées sont à la fois extrêmement parlantes et d’une beauté intrinsèque admirable. J’ai rarement des coups de cœur sans restriction pour mes lectures, mais celle-ci en est un. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est criant de fraîcheur tout en recelant une profondeur inattendue. Toute une découverte et certainement une écrivaine que je compte bien revisiter.

La décrue de Robin Hobb

Après l’inondation monstre du tome précédent, les choses ne seront plus jamais comme avant. C’est à un nouveau contexte que devront s’habituer, et faire face, autant dragons, gardiens et équipage du Matalf. Ces conditions précaires feront ressortir la vraie nature de tout un chacun, en bien ou en pire selon le cas. Chose certaine, rien n’est vraiment stable et les efforts d’adaptation dépassent parfois l’imaginable. Et avec les révélations chocs du dernier chapitre, on a vraiment hâte de voir quels nouveaux tournants nous réserve madame Hobb.

J’ai grandement apprécié cet épisode où tous les acteurs évoluent rapidement, où les enjeux majeurs éclatent au grand jour. L’écrivaine fait évoluer ses personnages humains qui deviennent de plus en plus attachants, la plupart du moins. Quant aux dragons, leur caractère s’affirme et on en apprend de plus en plus sur leur passé, sur leurs étonnantes capacités et sur leur férocité jusqu’ici bien camouflée. Nous en sommes à l’exacte moitié de cette saga et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on en est aussi à un tournant majeur de l’histoire. Quel régal !

Funky Guns de George Pelecanos

Ce titre clôt la tétralogie « DC Quartet » qui, selon Pierre Lemaitre dans son « Dictionnaire amoureux du polar », « a propulsé Pelecanos parmi les incontournables du polar américain contemporain, faisant presque jeu égal avec Dennis Lehane ». La barre est haute , mais je suis d’accord. Aussi captivant que les opus précédents, celui-ci termine en beauté une série qui, en plus des présenter des intrigues de qualité, dépeint avec justesse et, de façon très vivante, la sous-culture marginale des immigrés grecs et de Noirs dans les quartiers populaires de Washington. C’est une fresque marquante avec des personnages attachants, une ambiance musicale élaborée, où la rudesse omniprésente est enrobée d’un art de vivre qui lui confère une certaine poésie.

Le côté policier existe bien qu’il laisse la place prépondérante au côté social et sombre ; ces deux aspects sont parfaitement intégrés, coulent de source, captivent autant qu’ils ravissent. Les amateurs de thrillers haletants n’y trouveront possiblement pas leur compte, mais pour qui le contexte social d’un polar est important, qui veulent se plonger dans une époque pleine d’odeurs et de musique, dans une atmosphère très particulière, cette tétralogie est particulièrement indiquée. J’en garderai longtemps un excellent souvenir.