Synopsis
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Rimbaud voulait, lui, fixer des vertiges, Moreau tente (plus modestement?) de mettre des mots sur les paroxysmes, «de m'autoriser à vivre dans ma chair, en accord avec mes instincts», même si cela ne se peut sans un certain «désordre transgressif». Pour osée qu'elle soit, cette quête – qu'au passage on lui sera reconnaissant de mener sans emphase – ne s'avère pas moins, d'un livre à l'autre, un peu répétitive. J'ai beau considérer que la vie est essentiellement faite d'événements qui reviennent – au mieux, se renouvellent – ou apprécier le style flamboyant, je ne peux m'empêcher de penser que Moreau mène une course, perdue d'avance, des mots à la poursuite d'émotions irréductibles au langage, ni m'irriter à l'idée que ces femmes, célébrées et glorifiées pour le désir qu'elles suscitent, demeurent chair anonyme – dont l'auteur dit la platitude lorsque le goût lui en passe (je ne voudrais, à aucun moment, être l'une d'elles).
Il n'en reste pas moins que Moreau laisse filtrer, à travers sa prose, une expérience qui donne le désir d'exacerber le contenu de chaque instant, d'aller vérifier, non pas la contradiction, mais une existence exprimée par oxymoron – ce côté solaire de la nuit – qui, soit qu'elle nous hante soit qu'elle nous habite, nous ressemble peu ou prou. Ce que Moreau clame réveille ce que nous cherchons trop souvent à taire, ou à étouffer. Et puis, on retiendra de ce livre qu'il tente de proposer le bilan d'une vie – qui brille rarement par son équilibre» – ou, pour mieux dire à ce qui a donné élan à cette carrière. Il revient sur son enfance boraine et sa cancreté», ses études interrompues à 15 ans, son père, couvreur, décédé suite à une chute, qu'il considère comme un «antihéros» – lui, ce prolétaire, tellement opposé aux personnages chevaleresques des nombreuses lectures dans lesquelles le jeune Moreau s'isolait. Et puis sa mère, qui veilla à ce qu'il ait un avenir de «col blanc»; elle fut la première aimée, la première quittée, et celle à l'aune de qui il mesure désormais toute gestation créatrice. Quand Moreau se confie ainsi, il touche.
par Jack Keguenne
1 édition pour ce livre
2007 Editions Librairie Pierre d'Alun
Langue française | 80 pages | ISBN : 9782874290726
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