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Eliette Dambès donne aux corps qu'elle dessine des positions qui révèlent l'animal en eux ; et elle prolonge ces corps, les transforme, jusqu'à la représentation de ce qu'ils évoquent : aigle, rhinocéros, crocodile... Puis viennent les corps de Briaud, ceux d'un peuple d'innocents, d'individus paraissant ébahis, ébahis d'exister, comme sortis du fond des âges, le traité laisse imaginer une pilosité couvrant ces nudités perdues, touchantes, on penserait au chaînon manquant tant les gestes, les postures sont à mi-chemin entre l'hominidé et l'homo sapiens et recèlent quelques restes d'animalité.
Jean-David Moreau quant à lui explore les contrastes et les traces, lumière et temps donnent à ses modèles des topologies de contrées mystérieuses et par moments on reconnaît les postures que Dambès dessina qui devinrent fauves et qui ici sont territoires, et on comprend alors la vocation orogénique de l'exposition conjointe commémorée en ces pages. Le texte s'insère entre ces représentations comme une quatrième manifestation du langage corporel, Marcel Moreau y dévoile son rapport à la chair, la sienne, celle des femmes, le rapport du physique aux mots, l'influence de ceux-ci sur celui-là, les plissements, les déformations, les insurrections ; Moreau, géant habité par les mots, corps possédé à l'écoute de sa propre biophonie, entend " les hordes sémantiques piétiner nos algèbres et nos a priori ", c'est un grondement intérieur, une rage du corps et " Du coup, des vérités surgissent, bondissantes, du ventre verbal, le même que le charnel ". Ce que ce livre montre et démontre, avec une belle cohérence, c'est ce que nous assène Moreau : " Ce serait plutôt enivrant, salubre et fondateur, la tectonique des corps ".
2003 Editions Verdier
Langue française | 45 pages
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