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Qui dit hiver, dit ambiance de Noël. La période pour lire ce style de roman est parfaite, on s’immerge facilement dans ce type d’histoire. Avec cette romance de 600 pages, j’ai eu peur de me retrouver devant un méli-mélo de clichés ; finalement, ce n’est absolument pas le cas. Déjà, on ne tombe pas dans les généralités de Noël, son atmosphère est d’ailleurs plutôt lointaine. Il y a en effet quelques passages en rapport avec cette fête, mais très peu compte tenu du nombre de page. Cela m’a d’ailleurs fait penser à une chose en rapport avec le titre, « Les oubliés de Noël », sincèrement, c’est plutôt « Le Noël oublié ». Sauf que je comprends aussi l’intitulé de cette œuvre, puisque, le récit parle des sans-abris, qu’on considère donc comme les « oubliés » ; et d’une certaine manière, c’est véridique tout en étant cruel – le message de ce roman est bien plus important que l’ambiance de Noël. On découvre plusieurs personnages, dont Elliott, le héros principal et surtout le narrateur – il se trouve que dans une romance, généralement, on n’est pas plongé dans les pensées de l’homme ; donc cette option rare est un choix très agréable, je suis ravie de cet aspect. J’ai beaucoup apprécié ce protagoniste, un peu grognon sur les bords, pas toujours intelligent dans sa façon de se comporter, imprévisible dans ses réactions, solitaire et très secret sur ses émotions. Il fait la rencontre improbable de Cassiopée, une star de cinéma qui se pointe sur son chemin et bouscule sa vie entière. Cette fille n’est pas une diva, elle ne se prends pas pour quelqu’un de supérieure aux autres ; au contraire, elle saisit sa chance pour faire le bien et changer son existence. Elle est généreuse et d’un caractère impressionnant, la tête sur les épaules, je l’ai réellement admiré tout au long de ma lecture. Deux âmes similaires avec une vie et un univers bien différent, ils se révèlent très complémentaire quand ils sont ensemble. La romance prends du temps à venir, on est clairement dans un « ennemy to lover » avec ce récit ; Elliott et Cassiopée ne s’entendent pas toujours et vont faire quelques étincelles autour d’eux. Pour la première fois, je découvre l’écriture de Manon Kaljar, et tout est très bien équilibré. Son style est franc, ses mots sont porteurs et sa plume est fluide ; effectivement, les pages se tournent naturellement et avec un plaisir certain.
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« Les oubliés de Noël » n’est pas forcément une lecture pour la période hivernale, malgré quelques scènes autour de Noël, cela est plus proche d’une romance classique. Si vous recherchez exactement et absolument cette ambiance de fin d’année, vous risquez fortement d’être déçu. Pour ma part, au début, je me suis sentie frustrée et finalement ; j’ai pu comprendre et apprécier l’histoire et le manque de remue-ménage envers les traditions. Déjà, le personnage principal, Elliott, n’est pas un fervent de Noël, et du fait qu’il est le narrateur ; on retrouve une certaine cohérence à l’ensemble. Mis à part son antipathie envers cette fête, ce héros est d’une grande générosité, il veut rendre sa nièce heureuse, la protéger ; jusqu’à ne plus penser à sa propre vie. C’est quelqu’un de touchant, malgré son caractère subtilement revêche ; sa tendance solitaire ne m’a pas déplu, je me suis retrouvée dans sa sensibilité, dans ses failles et son évolution dans le récit nous guide vers une question « comment gérer et libérer nos émotions ? ». Elliott rencontre une jeune femme par hasard, durant sa tournée pour offrir les repas aux sans-abris ; sur le moment, il ne sait pas qui elle est et pourquoi elle se cache dans une ruelle en pleine nuit au mois de Novembre. Cassie est une actrice reconnue, toutefois, son mode de vie ne lui convient plus ; fuir les paparazzis, accepter les critiques de sa mère et courir après la gloire sans la vouloir, devient insupportable pour cette fille qui se révèle être douce et généreuse. J’ai admiré sincèrement cette héroïne, pleine de force et d’esprit – on mérite tous d’être respecté et d’avoir la vie qu’on souhaite, pour ça, il faut saisir certaine opportunité et elle partage ce propos avec ses choix et ses actions. La romance se base fortement sur un « ennemy to lover », tout en gardant du réalisme et de la simplicité. Elliott et Cassiopée ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde, pourtant, l’attirance entre eux est révélatrice ; les deux ne l’assument pas et résistent. Il ne veut pas retourner dans cet univers de paillettes qu’il ne connaît que trop bien, elle, ne sait plus qui elle est et ce qu’elle veut. Les secrets vont éclater, les évènements les rapprochent de plus en plus, entre agacement, désir, amitié et amour, ils vont devoir apprendre à se faire confiance et à communiquer. Une relation qui se fait désirer, prenant son temps, et merveilleusement composée, dans la sagesse et la sensualité. Une découverte avec une vraie pointe d’originalité, j’ai expérimenté quelques surprises ; honnêtement, l’histoire en générale est inattendue. Les sentiments se concentrent particulièrement sur l’espoir, avec des messages qui heurtent le cœur ; je me suis sentie enveloppée par ce roman, traversée par une joie intense et une amertume ardente. Manon Kaljar possède une écriture « musicale », les mots s’accordent parfaitement avec le récit, et le plus intéressant dans son style se présente avec le point de vue masculin. Une auteure pleine de valeur détenant une plume énergique et équilibrée. Ce titre exprime divers sujets, qui peut nous apporter une conscience et nous faire réfléchir, une romance moderne évoquant Noël par des flocons minimes dans laquelle on se balade au fil des éléments et des dialogues.