[TW violences physiques et psychologiques sur enfant, viol, suicide, alcool]Bonsoir !
Je viens de terminer
L'enfant qui ne pleurait pas, de Torey L. Hayden, que m'avait conseillé
Biblio87 dans le cadre du challenge
Livra'deux pour PAL'addict. Je l'en remercie très sincèrement, parce que sans elle, je crois que je n'aurai jamais osé sortir ce livre de ma PAL (je l'avais reçu dans une box) dont le résumé me faisait peur. J'appréhendais un récit très "sensationnel", avec une mise en avant quasi obscène des violences connues par l'enfant dont il est question. Le genre de récit qui donne envie de vomir à chaque mot, et qui fout en l'air son état psychologique pour quelques jours, parce que le malaise est prégnant (bien que je ne l'ai jamais lu, j'ai en tête les oeuvres de Mathieu Ménegaux, comme
Un fils parfait, parce que c'est l'effet que me font les résumés de ses oeuvres) . MAIS fort heureusement, il n'en est rien.
Cela dit, ce n'est pas un récit youplaboum pour autant. C'est une lecture difficile pour les thèmes qu'elle soulève, et notre petit coeur est souvent malmené, souvent ému aussi. Le récit est fait par Torey : elle relate donc une expérience qu'elle a vécu, en tant qu'institutrice dans une classe spécialisée dans l'accueil d'enfants très difficiles (violents, souffrant de troubles neuropsychologiques), ceux qui ne peuvent aller dans le système traditionnel car ils ont besoin d'attention, d'encadrement, du moins pour les familiariser avec les institutions scolaires. Ce sont aussi les enfants qu'on rejette, catalogués comme étant "fous", et donc irrécupérables pour eux-mêmes et pour la société. Quelques mois après le début de l'année scolaire, on lui annonce que sa classe (pourtant déjà complète avec 7 enfants) accueillera une nouvelle élève temporairement, le temps qu'une place en hôpital psychiatrique se libère. Cette élève, c'est Sheila, 6 ans, une enfant terriblement violente, malmenée par la vie (abandonnée par sa mère sur une aire d'autoroute, battue par son père, souffrant d'affection, ne faisant confiance à rien ni personne), coupable d'avoir attaché un bébé à un arbre et d'y avoir mis le feu (ce qui lui vaut son placement en HP).
L'enfant qui ne pleurait pas, c'est la rencontre entre Torey et Sheila. C'est leur découverte mutuelle, leur apprivoisement. C'est beaucoup de découragement aussi face à des situations très difficiles, des enfants instables qui n'ont souvent pas d'autres moyens pour s'exprimer que la violence contre les autres et contre eux-mêmes. J'ai beaucoup apprécié le fait qu'on ait les analyses et les réflexions de Torey sur la démarche éducative et humaine qu'elle applique dans son quotidien avec ces enfants. Elle ne cache rien, ses hésitations, ses erreurs, ses épreuves, ses réussites. Exercer ce métier, c'est faire un numéro d'équilibriste en aveugle à chaque instant de présence devant les enfants. J'ai trouvé intéressantes ses méthodes de travail pour amener les enfants à s'exprimer et pour créer un climat de confiance et une sorte de "safe zone" dans l'enceinte de la classe.
Je me suis beaucoup attachée aux personnes qui sont présentes dans le livre : les enfants, touchants par leur courage, leur lucidité sur le monde qui les entoure, leurs douleurs profondes aussi ; le personnel éducatif, dont on sent qu'ils sont à la fois démunis face à ces enfants, et qu'ils ont envie de les accompagner. J'ai aussi été profondément désabusée par certaines situations très froides, où la logique des adultes se heurte à une souffrance manifeste enfantine et ne cherche pas à la comprendre.
Dans l'ensemble, c'est un très beau témoignage d'amour, d'humanité, de naïve lucidité.
C'est un livre qui est à lire, par contre, il contient des TW assez importants (listés ci-dessus).
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Après une lecture comme ça, je ressens le besoin de la .. "digérer". Je ne lirai rien ce soir, mais demain, j'aurai besoin de quelque chose de léger je pense. J'espère que vous avez fait de belles lectures de votre côté ?!