Je ne vais pas parler de suite de Aki Shimazaki. Je pense que je donnerai un avis sur toute la pentalogie une fois le tome 5 terminé. ^^
En attendant…
La sagesse des anciens
Les vieillards étaient -littéralement- épris du sol et ne s ‘asseyaient ni ne se reposaient à même la terre sans le sentiment de s’approcher des forces maternelles. La terre était douce sous la peau et ils aimaient à ôter leurs mocassins et à marcher pieds nus sur la terre sacrée.
<image>Voici ce qui est, pour moi, une lecture improbable. En effet, j’ai déjà lu quelques livres de cette collections qui ce sont révélés tous bien mais un peu décevants. Et puis, et surtout, je ne suis absolument pas amateur de cet « univers », de cet « part de l’Histoire » qu’est le « Far West ». Alors lire Pieds nus sur la terre sacrée de Teresa Carolyn McLuhan oui ça a un peu quelque chose d’improbable au premier abord. Mais Mille femmes blanches de Jim Fergus m’a tellement surpris que dans l’élan de cette lecture, j’ai acquis ce livre…
Mais abrégeons, de quoi est-il question ici :
Pieds nus sur la terre sacrée rassemble des textes appartenant au patrimoine oral ou écrit des Indiens d'Amérique du Nord. Cette sélection se propose d'apporter des éclaircissements sur l'histoire des Indiens et de montrer la pérennité de leur civilisation. Le ton de ces écrits, classés par ordre chronologique, est tour à tour celui de la sagesse, du lyrisme, de l'éloquence ou de l'émotion profonde. Portrait de la nature et de la destinée indienne, ils sont avant tout la preuve de la renaissance d'une civilisation authentiquement indienne.
Je n’aurais jamais cru vivre une telle expérience avec un livre aussi petit… (Non je ne m'énerve pas à nouveau sur Tesson mais) Ceci est une véritable ode à la nature (notamment)! Ce livre est, à mon sens, emplit de sagesse! C'est bien simple si la sagesse était un livre ce serait probablement celui-ci! Et je ne le dis pas à demi. Ce livre est, pour moi, d'une sagesse ahurissante.
Ces propos illustrent tant de choses : le respect et l'amour profonds que les Amérindiens avaient pour la Nature, leur souci du bien-être des leurs, leur spiritualité et leur ouverture, leur lucidité sur l'homme blanc ainsi que leur courage fasse à ces situations où on les a abusé et enfin la fourberie de l'homme blanc.
Il faudrait être un cœur de pierre pour rester de marbre face à ces élans d'amour et de sagesse, pour ne pas être ému face à ces discours lucides et amères, pour ne pas se sentir soi-même blessé de tant de fourberie subie surtout lorsqu'on pense au destin qui les attendra, pour ne pas rester méditatif et silencieux face à certains constats, pour ne pas ressentir une certaine tristesse face à tout ce gâchis.
J'ai moi-même le poil qui s’hérisse encore en écrivant ces mots, rien qu'en repensant à toutes ces émotions, ces sensations ressenties durant cette lecture : douceur, amour, respect, gratitude, émerveillement, envie, étonnement... mais aussi tristesse, amertume, frustration, écœurement, désespérance et j'irai jusqu'à la colère.
Car si je loue et me souviendrai longtemps de ces propos qui louent le Grand-Esprit, la Nature et la terre sacrée, il y a aussi des propos qui on été écrits ou prononcés il y a bien plus d'un siècle qui s'appliquent à la lettre (oui à la lettre) aujourd'hui encore... Montrant que l'homme blanc (l'Européen moderne ou ancien) n'a décidément rien compris en plus de 100 ans...
Un livre qui va devenir un livre de chevet.
Qu'est ce que la vie ? C'est l'éclat d'une luciole dans la nuit. C'est le souffle d'un bison en hiver. C'est la petite ombre qui court dans l'herbe et se perd au couchant.
Je tiens à ce que tous sachent que je n'ai pas l'intention de vendre une seule parcelle de nos terres; je ne veux pas non plus que les Blancs coupent nos arbres le long des rivières; je tiens beaucoup aux chênes dont les fruit me plaisent tout spécialement. J'aime à observer les glands parce qu'ils endurent les tempêtes hivernales et la chaleur de l’été, et - comme nous-mêmes - semblent s'épanouir par elles.
Les Blancs se moquent de la terre, du daim ou de l'ours. Lorsque nous, Indiens, cherchons les racines, nous faisons de petits trous. Lorsque nous édifions nos tipis, nous faisons de petits trous. Nous n'utilisons que le bois mort.
L'homme blanc, lui, retourne le sol, abat les arbres, détruit tout. L'arbre dit « Arrête, je suis blessé, ne me fais pas mal ». Mais il l'abat et le débite. L'esprit de la terre le hait. Il arrache les arbres et les ébranle jusqu'à leurs racines. Il scie les arbres. Cela leur fait mal. Les Indiens ne font jamais de mal, alors que l'homme blanc démolit tout. Il fait exploser les rochers et les laisse épars sur le sol. La roche dit « Arrête, tu me fais mal ». Mais l'homme blanc n'y fait pas attention. Quand les Indiens utilisent les pierres, ils les prennent petites et rondes pour y faire leur feu... Comment l'esprit de la terre pourrait-il aimer l'homme blanc?... Partout où il la touche, il y laisse une plaie.