Bonjour tout le monde !
J'arrive avec une mise à jour assez conséquent :D
Iran -
Parisa Reza, Les jardins de la consolation, Gallimard, 215, 320 pages.Très beau texte d’une Iranienne immigrée en France, qui porte un regard poétique sur l’évolution de son pays .
Ce roman se dévore, tant de pages qu’on voit à peine passer, dues en partie à une langue belle et percutante mais surtout grâce aux chapitres très courts. Courts et donc très rythmés.
Le livre entier est empreint de ce rythme, de cette volonté d’aller droit au but, de ne pas s’encombrer, de trouver la beauté dans la simplicité. Cela est très réussi dans la maîtrise de l’écriture, mais cette poétique est également aussi très présente dans le fond même de l’ouvrage.
Ce que le livre nous fait découvrir, c’est l’évolution d’un pays. Sous nos yeux, s’émancipent des femmes et des hommes, à la recherche de la réussite, celle en adéquation avec leurs convictions et avec le monde qui change. On suit les bouleversements d’un pays illustrés en deux générations. C’est vraiment un beau roman qui ne caricature jamais et remet les choses dans leur contexte de manière sobre, et comme je le disais, droit au but mais sans jamais oublié la sensibilité des personnages. On commence par suivre un très jeune couple, lancé dans un nomadisme temporaire, premier déracinement, le temps d’amasser l’argent, le temps de trouver ses marques. Puis c’est leur fils qu’on suit, avec sa furieuse envie de faire partie de l’histoire, de vivre la politique.
République du Congo -
Henri Lopes, Tribaliques, Coéditions Clé & Nena, 2013 pour l’édition numérique, 109 pages.Recueil de courtes nouvelles intéressantes dans lesquelles se mêlent des réflexions sur le communisme, le féminisme et le colonialisme.
Entre coutumes ancrées et arrangement avec le colonialisme déjà bien installé, c’est une merveilleuse fresque – pourtant glaçante dans ces nouvelles caniculaires – que nous livre Henri Lopes qui devint ministre quelques années après avoir reçu le prix qui m’a incité à lire cet ouvrage.
Sénégal -
Mariama Bâ, Une si longue lettre, Le serpent à plumes, 2001, 164 pages.Ce livre est donc un ouvrage sur l’évolution du statut de la femme sénégalaise. Le statut de la femme, en effet, représente beaucoup la société. Quand on regarde ce qu’il advient des femmes, la place qu’on leur accorde, la manière dont on la leur accorde, on regarde un peuple. Le statut de la femme raconte beaucoup d’une société quelle qu’elle soit car toutes les femmes de ce monde devraient être les légales des hommes. Et justement, le fait que ce soit souvent un cheminement si ardu pour arriver à cette égalité montre bien qu’il y a un des maux dans les sociétés, cela met le doigts sur de nombreux symptômes. Et c’est pour ça que ce livre a été primée : l’autrice, en faisant parler une femme nous montre sa société.
Inde -
Joydeep Roy-Bhattacharya, Une Antigone à Kandahar, Gallimard, 2012, 248 pages.Déjà, la biographie de l’auteur donne le vertige. Réel génie, cet homme d’origine indienne qui a été dans de grandes universités américaines pour, entre autres, étudier la géopolitique, utilise tout cela dans son fabuleux roman. Il utilise tout son bagage universitaire pour faire vivre le livre au travers de sa connaissance des guerres, de leurs déroulements sur le terrain, de ses connaissances anthropologiques et aussi littéraires. Tout ce mêle dans ce roman incroyable.
L’œuvre s’ouvre alors qu’Antigone, dont la famille a été massacrée (et ses jambes avec) par une bombe américaine, vient demander le corps de son frère pour pouvoir l’enterrer selon les rites afghans. Elle patiente des jours sous le cagnard devant le fort américain. À travers ses yeux on voit les soldats s’agiter et on assiste, impuissants, à l’incompréhension entre les peuples. Pourtant tous sont humains, sont déracinés, leurs familles à des milliards de kilomètres et/où détruites. Mais ils ne se comprennent pas, les rites et les coutumes semblent hermétiques.
Ghana -
Yaa Gyasi, No Home, Le Livre de Poche, 2018, 480 pages.J’ai, en effet, était surprise par la manière dont se présente et se déroule le roman. Nous avons bien là une fresque familiale sur une dizaine de générations mais chaque chapitre présente un descendant. C’est à dire que deux sœurs sont séparées : le chapitre un est la voix de l’une, le chapitre deux est la voix de l’autre. Le chapitre trois est la voix de la descendance de la première, le chapitre quatre celle de la seconde… Ainsi de suite, et cela du XVIIIème siècle jusqu’à nos jours.
J’ai dévoré ce très beau roman, bien écrit, rythmé par de courts chapitres, on a le temps pourtant de s’attacher aux personnages et de palpiter à leurs côtés. C’est réellement très beau et on frémit dans les tristes aventures qui empêchent ces hommes et ces femmes noir.e.s de s’épanouir
Voici une totalité de 42 pays visités ! :) C'était, globalement, de très belles lectures, je vous les recommande chaudement ! Je crois que mon plus gros coup de cœur va à Antigone, mais ce n'est pas certain !